Fini de ronronner et de regarder votre chat mielleusement, cette petite boule de poils tant adorable. Désormais, les félins deviennent vos ennemis. Alors qu’ils sont dans vos foyers, dans le cœur de vos proches, dans vos rues sombres la nuit, ils prennent leur vengeance sur l’homme. Que l’horreur commence… ou pas ! Par Kit Silencer.
Les films d’horreur coréens ont rarement eu de succès. Les quelques titres sortis en France reflètent parfaitement ce genre maîtrisé techniquement, mais si faible au niveau du scénario, malgré quelques exceptions comme l’éprouvant 2 Sœurs ou encore Memento Mori et Phone (tous datant entre 2002 ou 2003). Alors que le cinéma japonais et thaïlandais sont bien mieux implantés dans nos dvdthèques avec des films plus marquants, l’épouvante coréenne stagne et nous sort son lots de films sans âmes malgré leurs bonnes idées et The Cat en fait malheureusement partie…
So-hee est une jeune employée dans une animalerie. Petit à petit, d’étranges visions viennent perturber son quotidien et de nombreuses personnes de son entourage meurent dans d’étranges circonstances.
On ne va pas vous mentir, il s’agit bien d’un énième fantôme vengeur, qui fera des apparitions surprenantes et laissera d’angoissantes expressions sur le visage de ses victimes, bref du vu et du revu, c’est bien dommage car il y avait de la matière…
Utiliser les chats comme moteur de terreur est excellente idée en elle-même. Le procédé a été déjà vu dans de nombreux bis américains comme Cat’s : Les tueurs d’hommes ou Le Clandestin, ainsi que dans le cinéma asiatique avec le psychédélique et non moins culte Hausu de Ohbayashi Nobuhiko. Tous ces films jouent un certain décalage sans provoquer de grandes terreurs, alors qu’ici, certaines scènes où les chats sont présents angoissent. En effet, ces rôdeurs nyctalopes ont su s’implanter dans nos appartements, et, par l’abandon des humains, dans nos rues et squares. Le chat est devenu, d’un côté, le gardien des lieux abandonnés et des décharges, traqué par la SPA ou d’autres organismes pour s’en débarrasser et nous laisser vivre tranquillement, et, d’un autre côté, un compagnon de luxe, un objet de culte, et ce depuis des millénaires. Et maintenant, dans notre nonchalance contemporaine, il est une sorte d’accessoire, que l’on grime et maquille pour l’assortir à notre identité factice et visuelle. Et le chat dans l’histoire ? Comme tous les animaux, il n’a pas vraiment son mot à dire et il subit. Dans The Cat, tous ces aspects sont abordés : le grimage, l’abandon, l’errance ou encore l’animal-objet. Mais au lieu d’utiliser la subtilité de l’animal, le réalisateur se contenter d’actionner toutes les grosses ficelles du fantôme asiatique traditionnel. Vraiment dommage…
Comme on le disait plus haut, les cinéastes coréens sont très bons techniciens et ce film n’échappe pas à la règle. Mais de belles images ne font pas tout. Le fantôme apparaît dès les premières minutes, ne laissant aucun suspense se mettre en place. Puis, dans une minutie sans failles, alternent scènes choc et scènes plates. La bande-son se montre complètement inutile, utilisée lourdement pour appuyer des scènes convenues à l’avance. Reste une fin touchante qui rappellera à beaucoup l’excellent Dark Water de Nakata Hideo. D’ailleurs, dommage que Byeon Seung-wook ne se serve pas de cette référence pour essayer de donner de la consistance aux chats comme Nakata l’a fait avec l’eau. On pense surtout à Into the Mirror qui avait exactement les mêmes défauts alors qu’il avait lui aussi un grand potentiel. De plus, le film est mené par un personnage atteint de claustrophobie, alors que l’on s’attend justement, à un jeu sur cette maladie, ces moments semblent très vains, tout comme l’aménagement de l’appartement de l’héroïne sans aucune porte… Beaucoup d’idées et une déception aussi grande.
Il s’agit du second film de Byeon Seung-wook, 5 ans après le très moyen Solace. Ce scénariste / réalisateur rencontre les mêmes problèmes que dans son précédent longs-métrage : un scénario convenu malgré une idée intéressante, une belle image pour mise en scène boiteuse… Bref, des œuvres intéressantes sur le papier mais très communes au final.
Niveau casting, il s’agit du premier rôle au cinéma pour Park Min-yeong, plus habituée au drama dont elle garde une certaine sensibilité. Premier rôle réussi car malgré sa présence légère, elle arrive à ne pas surjouer, à garder une certaine retenue sur son rôle menant habituellement à l’hystérique stupide de base. Accompagné par Kim Dong-wuk, vu dernièrement dans Happy Killers, pour un second rôle moyen, un jeune flic coréen typique, un peu paumé, un peu nonchalant avec la réactivité d’une huître. Coup de cœur pour Kim Ye-ron, cette toute jeune actrice dans le rôle du ghost revanchard, nous confirmant que les enfants coréens sont terrifiants (rappelez-vous The Phone ou encore The Red Shoes).
Un film qui plaira aux amateurs de frissons faciles, mais pour ceux qui sont à la recherche de l’angoisse ultime qui vous compresse le cœur, passez votre chemin, ce film vous ennuiera probablement…
Kit Silencer.
Verdict :
Sortie dans les salles coréennes : le 7 Juillet 2011.
Le film sera édité prochainement en France en vidéo par Elephant Films
Note : 2 sur 5