Love and Treachery de Yazaki Hitoshi (Kinotayo)

Posté le 19 novembre 2011 par

Kinotayo se dévergonde en proposant Love and Treachery de Yazaki Hitoshi, un thriller sexuel qui se situe quelque part entre Inju de Barbet Schroder et un Pinku Eiga des années 90. Intriguant ! Par Victor Lopez.

Il semblerait que l’excellent Tsuda Kanji compte quelques admirateurs (trices ?) au sein du comité de sélection de Kinotayo, puisqu’après son excellente prestation en mari romancier dans Guilty of romance de Sono Sion, c’est carrément en tête d’affiche que nous le retrouvons dans Love and Treachery. Et l’on ne va pas s’en plaindre, tant sa présence est, dans les deux cas, accompagnée d’une odeur de soufre et de transgression, généralement prohibée au sage festival du cinéma japonais contemporain. Ici, la surprise vient moins de la thématique classique de l’adultère dans le cadre d’une chronique plongeant un éditeur lambda dans le monde fictionnel d’un écrivain pervers, que d’une scène de sexe, dont la crudité surprend et enthousiasme dans un cinéma souvent trop formaté.

 

Comme nous l’expliquait Bastian Meiresonne lors de sa couverture des nuits Pinku Eiga à Udine : « Il est curieux que les scènes de sexe se ressemblent autant dans les œuvres récentes de pinku : un baiser fougueux, suivi par plusieurs minutes de suçage de seins, qui mettent la femme en extase avant le bouffage de culotte et quelques secondes de parties de jambes en l’air, qui suffisent généralement à ce que les femmes remercient (!!!) leur partenaire (avachi et endormi) pour la nuit d’amour inoubliable« . Et pour être honnête, c’est à peu prêt tout ce que l’on attendait des scènes érotiques de Love and Treachery, surtout avec une première demi-heure très sage, durant laquelle les formes féminines de la belle Yoko Kamon sont à peine suggérées. Et pourtant, de manière inattendue, arrive une belle et très réussie scène de sexe, qui vient transpercer le métrage pendant dix longues minutes. Filmé en plan séquence lors des préliminaires fougueux, elle continue de montrer les personnages pendant l’acte, collant au plus près de leurs corps en mouvement. On ne peut alors que saluer l’absence de chichi et d’artifice, ce dont le reste du métrage, souvent d’une symbolique assez poseuse dans sa mise en scène, n’est malheureusement pas exempt.

Si l’on insiste sur cette scène, ce n’est pas par sensationnalisme déplacé, mais bel et bien car elle constitue le cœur du film, ou, du moins, c’est elle qui en fait son originalité, tant le reste du métrage ne sort pas des sentiers battus d’un drame intimiste sur l’adultère. Jugez plutôt : Kyôsuke reçoit chez lui le nouveau manuscrit de Oka Seiji, célèbre écrivain. Ses premières pages, décrivant le morne quotidien d’un couple, dont la monotonie d’une relation de 15 ans a tari le désir, l’intrigue et lui rappelle sa propre vie. Et quand, partant à la recherche du romancier, il croise Kawashima Reika, l’incarnation de l’héroïne de l’écrivain, il devrait se méfier, tant le titre du dernier opus du maître, Rose blanche, Rose jaune, en jouant sur la symbolique de la pureté (le blanc) et de l’adultère (le jaune), devrait le mettre sur la piste de ce qui l’attend.

Nous sommes alors en plein dans un dispositif classique plongeant un personnage sans réel relief dans l’œuvre torturée d’un romancier, au point qu’il ne distingue plus le réel de la fiction, et que Barbet Schroder, en s’inspirant de Edogawa Rampo, avait par exemple déjà utilisé pour nous faire visiter Kyoto dans Inju, la bête dans l’ombre. La mise en place est plutôt intelligente et intrigante et le début du métrage arrive à séduire malgré, ou peut être à cause de, sa narration ritualisée et sa mise en scène sophistiquée. Viens alors la fameuse scène de sexe, libératrice pour les personnages qui assouvissent enfin leurs désirs, comme pour le spectateur qui sort du confort du film. Malheureusement, ces qualités ne sont pas vraiment actualisées par la suite, faute d’un scénario un peu paresseux et trop rationaliste. Dommage… Mais restent tout de même ce début prometteur, des acteurs irréprochables (Tsuda Kanji en tête) et une mise en boîte soignée de Yazaki Hitoshi

Victor Lopez.

Verdict :

Love and Treachery de Yazaki Hitoshi est présenté, du 8 au 29 novembre 2011 dans le cadre du festival Kinotayo. Séances et horaires ici !

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