Monad-isme, exposition du 12 octobre au 3 novembre 2011 à la Cité Internationale des Arts

Posté le 21 octobre 2011 par

Du 12 octobre au 3 novembre, se tient à la Cité Internationale des Arts l’exposition « Monad-isme ». Des artistes des quatre coins du monde dessinent un univers entre poésie, science et politique autour du concept de Leibniz. L’œuvre de l’artiste taïwanais Chen Chieh-jen surtout impressionne. Visite guidée par Sonia Recasens.

C’est le 12 octobre dernier que s’est ouverte l’exposition « Monad-isme » à la Cité internationale des arts. Proposée par le Centre Culturel de Taïwan à Paris, cette exposition, dans la lignée de « Distances-Regards croisés entre la France et l’Asie » en 2010, s’inscrit dans une volonté de renforcer les échanges culturels et artistiques entre artistes européens et asiatiques ou de la diaspora.

Réunis sous le concept leibnizien de « Monade« , les artistes venus d’Angleterre, d’Allemagne, de Corée, du Japon et de Taïwan, s’interrogent sur l’espace et le temps. A l’heure de la mondialisation et quand les nouvelles technologies tantôt dilatent tantôt contractent la réalité, les œuvres des artistes invités proposent de nouveaux espaces de rencontres, des réalités alternatives, de nouvelles façon d’appréhender notre monde ou au contraire le mettent en branle…

Les œuvres se font tour à tour scientifiques, comme l’installation Sens de l’équilibre du japonais Takita Jun qui œuvre à sculpter la Terre à l’échelle 1 en perçant le mystère de son centre de gravité, ou informatiques comme Off-Sense du japonais Fujihata Masaki, qui invite le spectateur dans un univers virtuel à engager une conversation avec des Avatars, mais aussi sociologiques avec l’installation vidéo Well+being de la coréenne Kim Hee-Seon. Grosse déception pour cette œuvre sur le bien être et dont j’attendais beaucoup. Grosse déception parce que l’artiste entend intégrer le spectateur au bonheur partagé autour d’un repas réalisé pour ses amis. Pour témoigner de ce bonheur, l’artiste projette sur une table les vidéos en formes d’assiettes des bouches de ses convives d’où n’émanent finalement que des brouhahas. Nous sommes donc loin de la sensation de bien être que l’artiste se proposait de nous faire partager. Dommage, car le propos est intéressant, la démarche pertinente, mais le résultat décevant car confus et inaudible.

La poésie est aussi au rendez-vous de cette exposition, à travers l’œuvre très onirique d’Aiyonug Yun intitulée Rêve. Dans cette vidéo, une jeune femme répète à l’infini sa plongée dans l’eau comme si à force de flotter et de pénétrer dans l’élément eau, elle tentait d’accéder à une autre réalité, un monde parallèle. Nous sommes face à un espace temps hybride, où plusieurs espaces se côtoient : terre, ciel, eau, mais aussi rêve, réalité, fantasme… plongeant le spectateur dans un univers poétique et onirique.
Avec Empire’s Borders I, l’artiste taïwanais Chen Chieh-jen donne un accent plus politique à cette exposition mais aussi un rapport plus réel et direct avec la problématique des espaces en questionnant celle de la frontière et du statut de l’immigré. Cette vidéo, à la croisée du documentaire et de la fiction, met en scène des femmes de la campagne chinoise coincées dans un no man’s land : à savoir le point de contrôle de l’immigration. Dans une esthétique noir et blanc très soignée, les femmes lisent un texte qui raconte au fond la même histoire :  elles ont épousé un taïwanais, se sont installées à Taïwan où elles ont eu leurs enfants, où elles ont travaillé et construit leurs vies… Mais à la suite de leurs divorces, elles ont été reconduites à la frontière. Leurs identités taïwanaises ne sont plus valides,comme si leurs vies à Taïwan n’avaient jamais existé. Ces femmes interpellent le spectateur face à l’absurdité de leurs situations. C’est ainsi un thème universel, d’actualité et ô combien politique qu’aborde l’artiste avec pertinence : celui de l’identité déterminée par une carte délivrée par des administrations politiques, symbolisées dans la vidéo par le point de contrôle. Mais celui-ci est entièrement vide, car vide d’humanité et vide de sens….

Ainsi l’exposition Monad-isme invite le spectateur à franchir des espaces délimités, à créer des liens dans un cyber espace, à flotter dans une réalité alternative mais surtout à réfléchir sur la notion de frontière qu’elle soit réelle ou virtuelle.

Sonia Recasens.
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