EN SALLES – Dragon Ball Super : Super Hero de Kodama Tetsuro

Posté le 5 octobre 2022 par

Quelques années après le succès retentissant de Dragon Ball Super : Broly (2019), la Toei revient en force avec une nouvelle histoire indépendante plus modeste et plus légère que les précédents films de la licence, mais non moins savoureuse pour les fans de la première heure : Dragon Ball Super : Super Hero, réalisé par Kodama Tetsuro.

L’armée du Ruban Rouge avait été détruite par Son Goku, mais de mystérieux individus ont décidé de la faire renaître. Ils ont ainsi créé des cyborgs ultimes, Gamma 1 et Gamma 2. Autoproclamés les Supers Héros, ils lancent une attaque contre Piccolo et Son Gohan. Quel est le but de cette nouvelle organisation du Ruban Rouge ? Face à ce danger qui se rapproche, il est temps pour les vrais héros de se réveiller.

Tandis que l’univers de Dragon Ball Super ne fait que gagner en ampleur au fil des événements, avec des enjeux et des antagonistes repoussant toujours plus loin les limites des héros de la série, l’heure est à la nostalgie dans Dragon Ball Super : Super Hero. Il n’est ici plus question de combattants issus des coins les plus féroces de la galaxie auxquels Goku et Vegeta ont dû faire face, mais d’une aventure qui se présente en quelque sorte comme un retour au source pour les personnages restés sur Terre. Occupés à s’entraîner auprès de Whis, Beerus et Broly, Goku et Vegeta ne sont, pour une fois, pas de la partie (à leur grand regret, très certainement).

Gohan et Piccolo sont tour à tour propulsés sur le devant de la scène pour affronter les nouveaux ennemis tout droit sortis des laboratoires de l’Armée du Ruban Rouge, revitalisant aussitôt leur complicité légendaire de l’époque du manga de Toriyama Akira. Le film signe enfin le retour promis de ces deux personnages. D’autres comme Bulma, Pan ou Krilin occupent une place plus ou moins importante pour le plus grand plaisir des lecteurs et spectateurs de la série. De ce fait, le récit paraît plus humble et moins riche en enjeux dramatiques que ne pouvait par exemple l’être la saga Survie de l’Univers. Mais Dragon Ball Super : Super Hero sait tirer la légèreté de son intrigue à son propre avantage, en étant conscient des registres et des trajectoires scénaristiques qu’il emprunte à ses prédécesseurs.

Difficile d’égaler la stimulation visuelle et les envolées épiques de Dragon Ball Super : Broly pour un film qui n’en a jamais eu les ambitions (artistiques comme commerciales). Kodama Tetsuro, avec le soutien de Toriyama Akira lui-même au scénario, choisissent plutôt de parer les évènements d’atours effectivement plus comiques et moins orientés sur l’action, offrant une multitude de situations potaches et rocambolesques – caricaturalement – représentatives de l’esprit de la série, quitte à s’encombrer de quelques lourdeurs par moment. Jamais Gamma 1 et Gamma 2 ne sont pris au sérieux dans leur premier degré, et c’est bien ce qui fait toute la force de ces nouveaux personnages au chara-design aussi efficace que ridicule. Quelques ingéniosités graphiques ici et là encouragent les intentions comiques du métrage, comme lorsque des onomatopées apparaissent et brisent la concentration de Piccolo en même temps que le quatrième mur.

Toutefois, certaines scènes ont de quoi ravir les plus avides de sensations fortes. Un coup généreusement porté, des transformations inédites, le grand retour d’une illustre technique ou l’espace-temps qui se distord en un festival de couleurs et d’effets, les dernières minutes rappellent au fond que l’énergie communicative, le power-up et l’entrain des combats forment l’ADN de Dragon Ball. Tout ne suffit pas à combler les faiblesses d’écriture, ni le manque d’attention porté aux différents traits de caractère des personnages. L’esthétique reste parfois approximative et semble héritée des cinématiques de Budokai, quand bien même la CGI dévoile de beaux horizons pour la licence et permet une liberté créative augmentée concernant les mouvements et les décors. De préférence, il convient d’aborder Dragon Ball Super : Super Hero comme un spectacle souvent maladroit, assez peu mature dans son propos, mais généreux, enthousiaste et galvanisant au possible, dont tous les curseurs sont poussés au maximum par la phénoménale OST de Sato Naoki.

Richard Guerry.

Dragon Ball Super : Super Hero de Kodama Tetsuro. 2022. Japon. En salles le 05/10/2022.