Okinawa International Movie Festival 2018 – Entretien avec Sonny Chiba

Posté le 26 mai 2018 par

C’est à Okinawa que nous avons rencontré la légende du cinéma d’action Sonny Chiba, très affable et visiblement très content d’être là !

C’est dans un hôtel que nous attendons Sonny Chiba, la légende, le « Streetfighter ». Il arrive à l’heure, l’air détendu, petite chemise manche courte, pull vissé sur les épaules, lunettes de soleil accrochées à sa poche, le charisme de l’acteur de 79 ans fait son effet. Il s’assoit sur le canapé, nous salue. Il nous demande si nous voulons un café. Lui, prend le temps de servir son café latté pendant que la Julie, la traductrice, nous présente en japonais. « Oh ! de France ! Je suis allé, il n’y a pas si longtemps, dans un salon en France, je ne me souviens plus du nom, c’était à Paris me semble-t-il… ». Son air un peu détaché, son bagout rendent l’homme tout de suite assez attachant.

On essaie de lui parler masculinité, de ses rôles à contre-courant. Il nous raconte qu’il choisit plutôt ses rôles en fonction des demandes. « J’ai joué dans Golgo 13 parce que le manga était un gros succès au Japon ». Pas très loquace sur le choix de ses rôles, il ne l’est pas beaucoup plus quand on lui demande dans quelle mesure il participait à l’élaboration des scènes d’action : « C’était un travail d’équipe, chacun posait sa pierre à l’édifice ».

L’acteur ne semble pas toujours comprendre nos questions, mais quand nous lui parlons de Fukasaku Kinji, ses yeux se mettent à briller d’émotion : « c’est la rencontre la plus importante de ma vie. C’est grâce à Fukasaku Kinji que j’ai pu devenir acteur, que ma carrière est ce qu’elle est aujourd’hui. Il m’a tout appris. C’était un cinéma engagé, enragé qui n’avait peur de rien. Aujourd’hui, il est pratiquement impossible de faire des films comme ça au Japon et gagner de l’argent. » Quand on lui demande si le Japon a trouvé un successeur à Fukasaku, il rit fortement « NON ! il n’y a qu’un Fukasaku, personne n’a pris sa suite. Il m’a dit un jour que je serais un bon rival pour lui. Quand je lui ai montré Remains, une de mes réalisations, il m’a dit que mon cinéma ressemblait beaucoup au sien. D’ailleurs je n’ai pas abandonné le rêve de réaliser à nouveau (il n’a pas réalisé de film depuis Oyaji en 2007 NDLR). C’est un projet qui est toujours là en moi. »

Puis, nous parlons de ce qu’il a apporté au cinéma d’action, ses techniques… mais Chiba préfère nous raconter… le mode de vie ninja… et discuter de Fukushima « Les Ninjas suivent un entraînement spécifique, ont un mode de vie bien à eux, avec le respect et l’honneur comme précepte de base. Ils travaillent sans relâche pour acquérir le savoir qui est le leur. J’aime cette philosophie. D’ailleurs on retrouve un peu de cette philosophie dans chacun des Japonais. Il y a qu’à voir la réaction des gens après Fukushima et le tsunami. Les gens étaient solidaires, s’entraidaient pour le meilleur. Le monde entier avait les yeux rivés sur le Japon et nous avons donné une belle image de pays malgré la catastrophe. Le monde a vu des gens qui n’hésitaient pas donner pour son prochain, et agir avec droiture. Je me souviens d’ailleurs d’un ancien ambassadeur en France qui répondait « le Japon » quand on lui demandait quel pays il ne voulait pas voir disparaître ! D’ailleurs c’est bien pour ça que le Japon devient un des pays les plus importants en terme de tourisme ! ».

Parler de son pays lui a sûrement fait penser au futur, et c’est le regard fier qu’il évoque la carrière de son fils Mackenyu. « Je suis content, mes deux fils travaillent comme acteur. Mon dernier né commence depuis quelques années une belle carrière, je n’ai pas regardé en entier son dernier film mais il s’appelle Over Drive et c’est un des films les plus masculins que j’ai vu depuis des années ! » (Il a aussi tourné dans Pacific Rim : Uprising et Jojo’s Bizarre Adventure NDLR).

Propos recueillis à Naha par Justin Kwedi et Jeremy Coifman le 19/04/2018

Traduction : Julia Aimi.

Remerciements à Aki Kihara, Shizuka Murakami et Momoko Nakamura ainsi qu’à toute l’équipe du festival d’Okinawa.

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