Preview – Han Gong-ju de Lee Su-jin : A Cappella (FFCP)

Posté le 25 octobre 2014 par

Primé aux festivals de Busan, Marrakech, Rotterdam et Deauville, Han Gong-ju s’annonce comme l’une des dernières sensations du cinéma sud-coréen. Assurément un coup gagnant pour Lee Su-jin, dont c’est le premier long-métrage. Han Gong-ju sortira sur les écrans français le 19 novembre sous le titre A Cappella. Petit aperçu à l’occasion de son avant-première au FFCP. 

Le film commence dans un commissariat dans lequel une adolescente, Han Gong-ju, est interrogée par la police à propos d’une affaire tragique. Le spectateur comprend vite qu’une personne est morte et que la jeune fille cache quelque chose. Quel secret cache Han Gong-ju ? A-t-elle tué quelqu’un ? Est-elle complice d’un meurtre ? Autant de questions auxquelles le film répond séquence après séquence, en suivant le présent et le passé de Han Gong-ju. A sa vie actuelle (déménagement, inscription dans un autre lycée, son mutisme, ses crises de colère, ses problèmes relationnels) s’entremêlent des scènes du passé, créant à la fois une introspection pour Han Gong-ju et une reconstitution quasi-policière pour le spectateur.

Après une série de courts-métrages réalisés entre 2002 et 2007, Lee Su-jin a pris son temps pour écrire et réaliser son premier long-métrage. Bien lui en a pris puisque Han Gong-ju a été récompensé depuis octobre 2013 par de nombreux prix, dont L’Étoile d’or au Festival international du film de Marrakech, remise par Martin Scorsese lui-même ! Autre signe de ce succès, le film a reçu à la fois les louanges de la profession et du public. Au Festival asiatique du Deauville, le film a ainsi remporté le prix du jury, le prix de la critique internationale (à la composition plus qu’énigmatique, soit dit en passant) et le prix du public. Un succès qui était loin d’être prévisible pour un sujet aussi dur : viols, brimades, abandon, lâcheté, cruauté… bref, un portrait peu élogieux de la société sud-coréenne. Han Gong-ju est dans la lignée des films sud-coréens traitant des tourments de la vie lycéenne (par exemple Suneung de Shin Su-won).

Si le sujet du viol est récurrent dans le cinéma sud-coréen, Lee Su-jin le traite d’une manière un tant soit peu originale : alors que le spectateur s’attend, dans les premières minutes, à voir un rape and revenge, jalonné de scènes traumatiques et de meurtres à la chaîne, A Cappella s’attache à montrer le processus de reconstruction de la jeune Han Gong-ju. Le film est donc étonnament serein (du moins en surface), en dépit de quelques haut-le-cœur et de flashbacks sexuellement perturbants (les profondeurs et les bas instincts).

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Quelques points négatifs : si le montage du film est efficace, le procédé systématique du flashback devient assez pénible – et surtout peu original. Le choix de personnages archétypaux peut également laisser perplexe. A part la jeune Han Gong-ju (interprétée par Chun Woo-hee), mystérieuse et complexe, les personnages secondaires tombent dans le cliché et ont peu de relief : le père égoïste alcoolique, les nouvelles copines lycéennes de Han Gong-ju (tout juste sorties d’un drama), la bande de lycéens sans foi ni loi, l’adolescent pleutre et brimé par ses camarades, les policiers pourris et peu compréhensifs.

Malgré ces réserves, Han Gong-ju est un film correct, surtout pour un sujet aussi délicat. A la fin de l’année et après sa carrière en festival, le public français pourra partager (ou non) l’engouement pour ce premier long-métrage de Lee Su-jin.

Marc L’Helgoualc’h.

A Cappela, de Lee Su-jin. Corée. 2014. En salles le 19/11/2014.   

Avant-première au FFCP le 30/10 à 20h00 en présence du réalisateur au cinéma Publicis sur les Champs-Elysées. Pour en savoir plus, voir le site officiel.

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