Slice de Kongkiat Komesiri (DVD)

Posté le 2 février 2011 par

Quand Kongkiat Komesiri, réalisateur de Boxers, s’attaque au polar, cela donne Slice, curiosité sortie directement en DVD dans nos vertes contrées. Avec une affiche assez kitch, un postulat de départ assez convenu, que retenir de Slice ? Réponse imminente… Par Jérémy Coifman.

Tai est un homme brisé. Il est en prison pour avoir assassiné un policier, et sa fiancée Noi est désespérée de ne pas pouvoir être à ses côtés. Pendant ce temps, des meurtres sauvages sont perpétrés à Bangkok. Les corps sont mis dans de grosses malles rouges et les parties génitales des victimes sont enlevées au couteau (charmant non ?). Tai, semblant connaitre le tueur, sort de prison pour tenter d’arrêter le massacre, un jeu du chat et de la souris s’opère alors, entre passé et présent.

Slice est vraiment un drôle de film, qu’on se le dise. Pendant le visionnage, on passe par plusieurs états, plusieurs sentiments assez contradictoires. Le début du film nous fait ressentir la crainte. Le style assez outrancier nous fait vraiment craindre le pire. Kongkiat Komesiri commence son film en voulant s’inspirer fortement du Seven de David Fincher. Une ambiance glaciale, sale, malsaine, et un tueur. Mais au lieu de penser au grand film de Fincher, on croit retrouver l’ambiance boursouflée de Résurrection de Russell Mulcahy (oui je fais partie des 15 personnes qui se souviennent du film). Kongkiat Komesiri, en voulant instaurer un climat, fait trop dans l’esbroufe pour qu’on puisse totalement être convaincu. Les meurtres au ralenti, une symbolique un peu trop appuyée : tout est là pour faire de ce premier tiers un ersatz de Seven quelque peu maladroit.

Pourtant, ô surprise, le film bascule dans son deuxième tiers. C’est le vrai Twist du film. Slice aurait pu être un polar de plus, mais il bascule dans le drame. Les séquences de Flashback sont fantastiques. On quitte Bangok, pour la campagne. L’herbe verte a remplacé les néons. C’est beau. La photographie, déjà de qualité au début du film est ici sublimée par une simplicité retrouvée. Kongkiat Komesiri est doué et ça se voit. Le passé passionne. En plus d’aborder des thèmes vraiment forts (l’amitié, la pédophilie, le tourisme sexuel qui gangraine le pays), le réalisateur développe son personnage principal de bien belle manière. C’est bucolique, poignant, attachant. Les enfants sont formidables et s’en sortent beaucoup mieux que les acteurs adultes du présent. Ce choix de Komesiri rend Slice vraiment pas comme les autres. De l’air circonspect du début, on passe à un enchantement de tous les instants et à une envie très forte de voir le dénouement.

Slice arrive à son dernier tiers et là on ne sait vraiment pas à quoi s’attendre. On peut reprocher à l’intrigue son côté déjà-vu, mais on peut dire que la fin est vraiment imprévisible. La surprise est totale. Et pourtant ce rebondissement n’est pas loin d’anéantir tout ce qui faisait le sel du film. Cependant, ça fonctionne. C’est cohérent tout en étant d’une cruauté infinie. Le spectateur avide du moindre Twist se doit de regarder Slice. Argument marketing en soit, il donne au film une saveur particulière. On finit le film entre rire et émotion. Car oui, ce Twist est risible, un peu ridicule (ça donne envie de savoir n’es-ce pas ?). Mais il est très bien amené (le montage excellent). Finalement on se dit que c’est presque beau. Slice se conclut de fort belle manière.

Finalement, Kongkiat Komesiri réalise avec Slice un drôle de polar. Parti comme une bonne bouse boursouflée, il finit comme un drame poignant. Le réalisateur maitrise son sujet tout en délivrant un message intéressant et fort. Un film qui montre encore une fois qu’en Thaïlande, il n’y a pas qu’Apichatpong Weerasethakul.

Jérémy Coifman.

Verdict:

Slice de Kongkiat Komesiri, édité en DVD et Blu-Ray par Wild Side, disponible depuis le 02/02/2011.

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