China blue de Micha X. Peled (DVD)

Posté le 4 janvier 2011 par

En chine, premier producteur mondial de biens de consommation, le client est roi et l’ouvrier un esclave ! Malgré toutes les tentatives de censure, China Blue révèle ce qui se cache derrière l’appellation Made In China…

A propos de Micha X. Peled :

Micha X. Peled est fondateur de Teddy Bears Films, organisation à but non lucratif produisant des documentaires à caractère revendicatif. Avant China Blue (2005), il a réalisé Will my mother go back to Berlin? (1993), Inside God’s bunker (1994), You, me, Jérusalem (1995) et Store wars : when Wal-Mart comes to town (2001).

China Blue a reçu dix-sept récompenses dans des festivals à travers le monde. Engagé comme La stratégie du choc de Naomi Klein (2009) ou Solutions locales pour un désordre global de Coline Serreau (2010), China Blue fait parti de ces projets essentiels pour lutter contre une forme d’hypocrisie mondiale extrêmement dangereuse.

Note du réalisateur :

« J’ai fait ce film parce que je crois que la mondialisation est l’enjeu le plus important de notre époque. Ce qui me lève le matin, c’est mon indignation. Les sociétés multinationales ne prennent soin de rien… Je voulais aussi explorer notre complicité en tant que consommateurs dans les ravages, non seulement pour notre vie, mais pour l’autre côté de la planète. »

 

Le sujet


L’Entreprise Lifeng (textiles jeans), localisée à Shaxi dans la banlieue de Canton, a été choisie au hasard parmi d’autres entreprise par Micha X. Peled pour tourner son film. M. Lam, ex chef de la police du district, a monté la compagnie tout seul et négocie avec des patrons de grandes firmes françaises, australiennes, anglaises ou nord-américaines.
Trois ouvrières de Lifeng, Li Ping (couturière), Ah Lan (à la pose de fermetures à glissière) et Jasmin (à l’atelier finitions), sont filmées et interrogées sur leur vie personnelle et professionnelle.
Tournée comme un documentaire télévisuel sans prétention esthétique, China Blue témoigne de l’ambition de Micha X. Peled de mettre en relation la mondialisation et le fonctionnement interne des entreprises d’exportation chinoises. La chine détient la main d’œuvre la moins coûteuse qui soit, China Blue explique comment et à quel prix elle est devenue si compétitive !

China Blue

 

La critique

Jasmin est une chinoise âgée de 16 ans, ayant quitté sa campagne natale pour connaître la vie moderne des grandes villes et aider financièrement sa famille. Elle se fait engager à Shaxi, dans une fabrique de jeans, et loge avec douze autres colocataires dans un réduit inconfortable. Elle doit être méticuleuse, acharnée, rapide, résistante et infatigable. Elle perçoit ½ Yuan de l’heure (5 cents d’euros) en échanges de ses loyaux services. Son droit incompressible d’aller aux toilettes est restreint. Elle travaille sept jours sur sept pendant des mois suivant un rythme frénétique, tout en étant continuellement épiée et contrôlée par les caméras de surveillance. Elle est constamment sous pression, on la lobotomise pour mieux l’asservir… Ses maigres repas sont retenus sur sa paie. Elle fera tout ce qu’on lui ordonne pourvu que les délais de livraison soient respectés, afin de ne pas perdre les clients intraitables, avec qui la chine doit pourtant traiter. Car sinon l’usine risque de fermer et tout le monde serait privé d’emploi.

china_blue-01

 

Sa besogne continue très tard la nuit, on ne lui laisse pas le choix. Pas de sécurité dans le métier, pas de couverture sociale, pas de droit de grève pour salaire payé en retard, pas d’heures supplémentaires rétribuées, pas le droit de rire pendant la corvée…

Les PDG masquent la vérité aux occidentaux en constituant de faux contrats à leurs subordonnés et leur dictant les réponses aux questions des contrôleurs. Car les multinationales qui les exploitent sont des requins qui ne se préoccupent que de leur profit.

De son côté, La chine veut conquérir le monde et surpasser la domination économique des Etats-Unis (lire Planète Chinoise de François Hauter, paru en 2008 aux éditions Carnets nord).

China Blue

Par delà les chiffres et la dénonciation, Micha X. Peled dévoile un récit profondément humain sur la détermination de ses interlocuteurs à résister tant bien que mal à l’odieuse arnaque dont ils sont victimes. Le touchant témoignage des ouvrières trimant en moyenne 16 heures par jour, nous fait relativiser nos propres griefs.

Dans un état de fatigue proche de l’évanouissement permanent, l’innocence poétique de la jeune Jasmin est saisissante à pleurer. Elle espère secrètement glisser un message dans la poche d’un pantalon comme dans une bouteille jetée à la mer. De cette façon, elle attendrait patiemment une réponse, ou ne serait-ce qu’un sentiment à son égard. Peut-être même un peu de compassion, sait-on jamais… Son regard se perd à l’horizon dans ce questionnement sans écho. Et la curiosité demeure au bord de ses lèvres. Comment la perçoivent donc ces gens qui portent les jeans qu’elle confectionne à l’autre bout de la terre ?

En France comme ailleurs, le combat s’organise dès aujourd’hui. Il est désormais primordial de réfléchir avant d’acquérir un produit étiqueté Made in China, car vous savez maintenant ce qui se cache derrière…

Dorian Sa.

Verdict :

China Blue, disponible en DVD depuis le 4 janvier aux Editions Montparnasse.

Imprimer


Laissez un commentaire


*