Cela fait quelques années que la sélection Shortcuts est un des temps forts du Festival du Film Coréen à Paris (FFCP). Cette 16ème édition ne l'a pas démenti en proposant une excellente fournée de courts-métrages inventifs et réjouissants.
Grâce au travail généreux de Spectrum Films, sort enfin en Blu-Ray pour la première fois la grande œuvre de laquelle Kim Ki-duk est né cinéaste aux yeux du monde. Incluant à la fois la version restaurée à merveille de L'Île (2000) et Rough Cut (1998), polar méta scénarisé et produit par le cinéaste, cette édition copieuse permet de revenir aux linéaments de l'auteur sulfureux sud-coréen et de se rappeler, non sans violence, que l'art "n'est pas un dîner de gala".
Déjà réputée et récompensée pour son travail d’actrice en Inde, la jeune Konkona Sen Sharma s’essaie en 2016 à la réalisation avec A Death in the Gunj, un drame familial fébrile et sensible. Mélange prometteur d’influences bengalis et de références hollywoodiennes, le long-métrage est à découvrir sur Amazon Prime Video.
Comme pour son inauguration avec Escape From Mogadishu, le Festival du Film Coréen à Paris (FFCP) a décidé de faire appel un autre habitué du festival pour conclure en beauté cette 16e édition : Lee Joon-ik avec son nouveau film The Book of Fish. On peut dire qu'on l'attendait de pied ferme depuis la déception que fut Sunset in My Hometown.
Inédit en salle en France, Derniers Chrysanthèmes trouve pour la première fois le chemin des écrans grâce au distributeur Les Acacias, dans une apparence numérique qui par bonheur, de-ci de-là, conserve quelques traces de ses origines argentiques. 54ème des 74 longs-métrages de Naruse Mikio, réalisés entre Le Grondement de la montagne (1954) et Nuages flottants (1955), ce portrait multiple de geishas aux beauté fanées se tresse au fil d'un rythme faussement nonchalant pour élaborer la tapisserie d'un monde en plein crépuscule. Le tout composé par un orchestre de grandes comédiennes.
Conjointement à la sortie de Derniers Chrysanthèmes, le distributeur Les Acacias rend visible, pour la première fois en salles, un autre film de Mikio Naruse, l'inédit À l'approche de l'automne. Alors que, à l'orée des années 60, la figure de l'enfance devient un motif chéri dans le monde entier (La Nuit du chasseur, Bonjour, Les 400 coups, L'Enfance d'Ivan...), Naruse lui-même s'attèle au sujet pour faire de ses protagonistes, Hideo et Junko, des témoins privilégiés de la mutation culturelle et urbaine de la capitale. Comme presque tous les films sur la solitude subie des enfants, celui-ci file une émotion croissante pour se clore, avec subtilité, sur l'édification désarmante devant le sort de certains enfants abandonnés à la cruauté des adultes.