Après une année 2021 bancale, puisque les cinémas n'avaient rouvert qu'en mai, l'année 2022 signe enfin le retour des spectateurs dans les salles obscures. Certes, la fréquentation des salles reste toujours en deçà de la période d'avant-Covid. Pourtant, les surprises ont été belles en 2022 et certains films, particulièrement intenses. Nos rédacteurs, une fois de plus, ont cité plus de 50 titres vus au cinéma, en festivals ou encore en vidéo, preuve que le cinéma asiatique s'est encore montré dynamique et visible. Parmi ces nombreux films cités, certains s'en dégagent toutefois : Decision to Leave, du tant plébiscité et reconnu cinéaste coréen Park Chan-wook, suivi du film iranien Leila et ses frères de Saeed Roustaee, particulièrement mal accueilli dans son pays d'origine mais récompensé à Cannes du Prix de la critique internationale. La 3e marche du podium est une surprise tollywodienne (de l'industrie telugu indienne), RRR, réalisé par S. S. Rajamouli. Surprise car le film est sorti dans de nombreuses salles françaises mais sans accompagnement médiatique ni publicitaire. Il a finalement été difficile de passer à côté de blockbuster inclassable compte tenu du buzz qu'il a engendré (et fort heureusement !). Les films japonais, bien que moins cités par nos collaborateurs, sont toutefois au nombre de quatre et mettent en avant la diversité du cinéma nippon, puisqu'on y retrouve la valeur sûre Hamaguchi Ryusuke et ses Contes du hasard et autres fantaisies, trois films d'animation aux styles radicalement différents, Inu-Oh de Yuasa Masaaki, La Chance sourit à madame Nikuko de Watanabe Ayumu et l'OVNI Junk Head de Hori Takahide. La suite du classement met en avant un habitué des Top d'East Asia, Hong Sang-soo avec son film Juste sous vos yeux, la pépite kazakhstanaise Poet de Darezhan Omirbayev et le film d'horreur thaïlandais The Medium de Banjong Pisanthanakun, déjà en 6e position en 2021 et qui reste un de nos chouchous grâce à son édition vidéo. Un top varié, éclectique, qui démontre non seulement la diversité des cinémas d'Asie mais aussi son dynamisme, alors qu'une petite voix nous rappelle sans cesse que les spectateurs désertent les cinémas.
Après avoir été présenté au Festival de Cannes (avec à la clé un prix d'interprétation féminine), et une sortie estivale sur les écrans français en juillet dernier, Les Nuits de Mashhad est disponible dès le 9 décembre en DVD et Blu-Ray chez Metropolitan Filmexport. Une bonne occasion de revenir sur un film fort, engagé mais dont le style peut vite s'avérer clivant.
Mettre au monde un premier long-métrage, c'est dans le meilleur des cas tisser son héritage, partager un regard inusité sur le monde, apporter sa pierre à un édifice électif et, surtout, ébaucher des lignes de fuite depuis soi jusqu'à des confins collectifs. Dans toute son apparente humilité et par-delà certains airs de "déjà-vu" iraniens, c'est ce que réussit le jeune Panah Panahi avec Hit The Road à travers cette comédie dramatique brillante, entre audaces et rituels. Ses éditions en DVD et Blu-Ray offrent l'occasion de rattraper l'un des meilleurs films de l'année, injustement manqué par le public lors de sa sortie en salles en avril 2022.
Quelle joie, pour un spectateur intéressé par les mouvements de plaques tectoniques au sein du cinéma mondial, de voir advenir de nouveaux cinéastes ! Grâce à sa double faculté à se situer dans la généalogie du cinéma iranien tout en ouvrant une nouvelle voie, le jeune Saeed Roustaee (32 ans au compteur) confirme après La Loi de Téhéran qu’une nouvelle génération d’auteurs persans voit le jour, prête à succéder aux grands pontes avec fracas, intelligence et émotions. En témoigne Leïla et ses frères, en salles aujourd'hui, drame kaléidoscopique aux ressorts tragiques et sociétaux.
Le Neuchâtel International Fantastic Film Festival (NIFFF) reviendra en Suisse du 1er au 9 juillet. Comme d'habitude, sa sélection asiatique est alléchante !
Quelle joie, pour un spectateur intéressé par les mouvements de plaques tectoniques au sein du cinéma mondial, de voir advenir de nouveaux cinéastes ! Grâce à sa double faculté à se situer dans la généalogie du cinéma iranien tout en ouvrant une nouvelle voie, le jeune Saeed Roustaee (32 ans au compteur) confirme après La Loi de Téhéran qu'une nouvelle génération d'auteurs persans voit le jour, prête à succéder aux grands pontes avec fracas, intelligence et émotions. En témoigne Leïla et ses frères, drame kaléidoscopique aux ressorts tragiques et sociétaux.