Soyez prévenus : pas de Will Smith ni de Tommy Lee Jones dans ce film-dispositif de Wang Bing. Tourné au Théâtre des Bouffes du Nord en 2022, photographié par l'impériale chef opératrice Caroline Champetier et diffusé en Sélection officielle au Festival de Cannes 2023, le cinéaste dissident chinois recueille la parole du compositeur Wang Xilin, auteur d'une soixante d'opus musicaux depuis 1961. Cernant l'homme dans sa nudité (littéralement) pour mieux témoigner de sa traversée des affres maoïstes, Man in Black se donne à voir comme une installation vidéo (par sa durée, 1h) et comme un appendice aux 8h des Âmes mortes (où Wang faisaient se succéder les témoignages des camps de rééducation communistes chinois). Troublant et fascinant !
1964. Shindo Kaneto, doyen des auteurs de films taiyozoku (de "la troupe du soleil") des années 50, qui donneront naissance à la Nouvelle Vague japonaise, réalise son 19ème film (des 46 qui composeront son Œuvre). Oshima a alors déjà réalisé sa Trilogie de la jeunesse (Une Ville d'amour et d'espoir, Contes cruels de la jeunesse et L'Enterrement du soleil) et Shindo signé son chef-d'œuvre (L'Île nue). Au mitan des années 60, comme la française, la Nouvelle Vague japonaise atteint à la fois son apogée et son plafond de verre. C'est ce dont Onibaba s'est vu reproché, en France, à sa sortie. Cette redistribution en salles, le 25 octobre 2023, en version restaurée, permet de voir ce qu'il en est, près de 60 ans après.
Love Life , dernier film en date Fukada Koji à être sorti en France, en juin 2023, bénéficie désormais d'une édition vidéo, en DVD et Blu-Ray, chez Hanabi. Le réalisateur y confirme son penchant psycho-médical pour l’intimité du couple et les troubles amoureux d’individus perdus dans l’incertitude du présent, tentés par le refuge dans un passé jugé plus confortable.
En queue de comète de la "Deuxième Nouvelle Vague" thaïlandaise, apparue après la crise économique en Asie à la fin des années 90, le jeune cinéaste Aditya Assarat, alors 35 ans, réalise son premier long-métrage, signé seul : Wonderful Town. Après un passage aux festivals de Busan et de Taipei, le film était sorti, dans une relative discrétion, dans les salles françaises en mai 2008. MUBI offre, ces jours-ci, l'occasion de rattraper ce film indispensable du cinéma d'auteur thaïlandais des années 2000.
Comment s’aventurer dans un nouvel (énième ?) film de Hong Sang-soo quand, après avoir vu tous ses films (du Jour où le cochon est tombé dans le puits en 1996 à Introduction en 2021), on a ce sentiment d’avoir cerné l’auteur, d’en avoir même un peu fait le tour ? Les films du cinéaste coréen mettent le spectateur cinéphile face à deux postures : celui d’un ami, attaché à visiter souvent une connaissance pour en prendre des nouvelles ; ou celui d’un critique, passant chaque film au tamis du jugement. La Romancière, le film et le heureux hasard est disponible le 7 juin en DVD chez Arizona Distribution.
Pour son 5ème long-métrage, La Femme est l'avenir de l'homme, Hong Sang-soo orchestre, en musique de chambre, une histoire croisée de trois désirs. À Séoul, Munho, professeur d'arts plastiques, et Hunjoon, apprenti cinéaste, reprennent contact avec Sunhwa, une femme qu'ils ont aimé tous deux lors de leurs années étudiantes. Le film est actuellement disponible sur MUBI !