Le Festival du Film Coréen à Paris (FFCP) a lancé les festivités de sa 20e édition avec My Daughter is a Zombie de Pil Gam-sung, une comédie familiale attachante qui avance au rythme des cœurs battants – ou pas – de ses personnages.
Jung-hwan élève seul sa fille, Soo-ah, passionnée de danse. Quand une épidémie de zombies éclate et que l’adolescente est mordue, Jung-hwan fuit la ville pour se réfugier chez sa mère, dans un petit village côtier. Alors que les autorités traquent les derniers infectés, Jung-hwan doit absolument cacher l’état de sa fille zombie. Et en tant que dresseur animalier, il a plus d’un tour dans son sac…

C’est un retour au festival pour Pil Gam-sung dont on avait pu découvrir Hostage: Missing Celebrity il y a quelques années. Après un passage par la série, le réalisateur revient au cinéma avec My Daughter is a Zombie qui fut le succès estival d’un box-office coréen morose.
Alors qu’ Hostage… était un film d’action saupoudré de comédie, My Daughter is a Zombie penche franchement vers la comédie malgré une prémisse dont raffolent plutôt le genre et le drame. De là à dire que My Daughter is a Zombie est un film de zombie lumineux, il n’y a qu’un pas que l’on franchira bien volontiers, tant Pil Gam-sung confirme son habileté à dépasser un concept quelque peu « gadget » pour creuser un récit plus intime et complexe avec une générosité qui ne faiblit jamais. Ainsi, la figure – désormais, éculée – du zombie n’est qu’un malin prétexte à explorer les rapports familiaux et, tout particulièrement, l’amour inconditionnel d’un père pour sa fille adolescente qui va devoir tout ré-apprendre.

Le film contient tous les ingrédients qui font la recette du divertissement familial à la coréenne, du décor bucolique, à la galerie de personnages déjantés et attachants, des situations incongrues qui activent les zygomatiques aux retournements dramatiques attendus qui viennent chatouiller les lacrymales en bout de course. My Daughter is a Zombie mélange tout cela mais n’oublie pas de proposer quelques très bonnes idées visuelles : le chat de la famille, hilarant commentateur silencieux des événements, une chorégraphie de kpop ré-adaptée à la condition de zombie ; et de faire preuve d’ingénuité dans le comique de situation, la scène de fuite d’un Séoul infesté de zombies étant un exemple parmi d’autres des nombreuses situations qui se succèdent pour Jung-hwan, Soo-ah et leurs comparses. Surtout, le film tire tous les avantages du talent de son irrésistible troupe de comédiens au capital sympathie immédiat. Jo Jung-seok en tête, déployant une énergie redoutable à nous faire rire – beaucoup – et pleurer – parfois.

Le film n’est d’ailleurs jamais aussi efficace que dans la chronique des péripéties quotidiennes de cette famille, contrainte d’inventer une nouvelle dynamique dans l’espoir de faire revenir l’adolescente infectée. Il a plus de peine lorsqu’il s’aventure vers les enjeux plus larges de l’infection et ses implications, à renfort de rebondissements plus spectaculaires, et somme toute plus artificiels. Aussi, My Daughter is a Zombie s’étire plus longtemps qu’il ne le devrait. En multipliant les conclusions, il prend le risque de déséquilibrer un dosage jusqu’ici plutôt bien trouvé, entre la comédie et le mélodrame, malgré un final émouvant. Néanmoins, ce que My Daughter is a Zombie manque en subtilité, il le compense très largement en sincérité. Assumant pleinement ses bons sentiments, le film pose un regard d’une infinie tendresse sur ses personnages et, à l’image de son protagoniste, une foi inébranlable dans la capacité humaine à se souvenir et à aimer.
Pour démarrer les 20 ans d’un festival de passionnés, ce n’est pas un mauvais programme.
Claire Lalaut
My Daughter is a zombie de Pil Gam-sung. 2024. Corée du Sud. Projeté au FFCP 2025




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