MUBI – Après la tempête de Kore-eda Hirokazu

Posté le 24 août 2024 par

Découvert à Cannes en 2016, Après la tempête de l’incontournable cinéaste japonais Kore-eda Hirokazu nous avait laissé un sourire sur le visage au sortir de la salle. Le film est désormais disponible sur MUBI.

 

Kore-eda Hirokazu poursuit ses chroniques familiales avec Après la tempête. Ryota, malgré un début de carrière d’écrivain prometteur, accumule les désillusions. Divorcé de Kyoko, il gaspille le peu d’argent que lui rapporte son travail de détective privé en jouant aux courses, jusqu’à ne plus pouvoir payer la pension alimentaire de son fils, Shingo. Malgré tout, il essaye de regagner la confiance des siens et de se rapprocher de son fils. Cette tentative, bien vaine, connaît une évolution lorsqu’un typhon contraint la famille à passer une nuit ensemble.

Nous l’avions déjà dit, lorsque nous avons découvert la première bande annonce, le scénario d’Après la tempête est simple. Simple comme un film de Kore-eda. Et c’est pour cela qu’on l’apprécie. Le cinéaste sait traiter des sujets de la vie quotidienne avec poésie sans que ses films ne deviennent pédants, bien au contraire.

Les personnages d’Après la tempête sont tous attachants. Ryota, interprété par Abe Hiroshi, déjà vu dans I Wish et Still Walking, est un écrivain raté en plus d’être un détective privé pour le moins peu scrupuleux. Son seul intérêt est de parier aux jeux et d’espionner son ex-femme, jouée par Maki Yoko (Tel père, tel fils) qui fréquente un nouvel homme. Un tel personnage pourrait être agaçant. Mais chez Kore-eda, il devient touchant car terriblement humain. Sa sœur, jouée par Kobayashi Satomi (Pale Moon), le considère comme le boulet de la famille. Sa mère, interprétée par la divine Kiki Kirin (Les délices de Tokyo), n’en pense pas mieux. Ce trio fonctionne à merveille, notamment grâce à Kiki Kirin, qui représente la mère et la grand-mère idéale. Hyperactive, drôle, avec un sens acéré de la répartie, le spectateur se prend d’amitié pour elle au bout de trois minutes de film. Il faut dire que Kore-eda a l’habitude de reprendre les acteurs d’un film sur l’autre, ce qui donne aux spectateurs l’impression qu’il tourne en famille. Cette famille, c’est aussi un peu la nôtre.

Kore-eda prend le temps d’installer ses personnages et sa non-intrigue avant l’événement fatidique : le typhon. Le climax n’intervient qu’en fin de film, ce qui pourrait surprendre. En réalité, cette tempête en elle-même n’a pas tellement d’importance. C’est pas elle que le cinéaste veut filmer mais l’effet qu’elle peut provoquer sur cette famille. Ryota et son ex-femme sont en froid et le fils est ballotté d’un côté à l’autre. La tempête n’est pas un deus ex machina et ne va pas régler tous les problèmes de cette famille mais elle a le pouvoir d’apaiser les tensions et les cœurs. Après une nuit de typhon, les émotions sont nettoyées de toute négativité, comme le sol est balayé de ses feuilles mortes.

Drôle et touchant, Après la tempête est un petit film doux, qui met du baume au cœur.

Elvire Rémand.

Après la tempête de Kore-eda Hirokazu. Japon. 2016. Disponible sur MUBI.

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