Premier Insert Coin de l’année, notre rubrique fait un gros bond dans le passé et revient sur un jeu de 1986, qui sonnera comme un véritable acte de haine pour le média. par Tony F.
Kitano Takeshi est un grand homme. Bon, peut être pas physiquement, pas plus qu’un autre en tout cas. Mais à l’origine de grandes choses dans le domaine qui nous concerne, tant en terme d’interprétation que de réalisation. Mais Kitano est également un sadique. Ou du moins, un homme qui aime voir les autres souffrir. J’en veux pour preuve son émission, certes déjà datée, et pourtant largement rediffusée encore aujourd’hui, Takeshi’s Castle.
C’est à peu près à la même époque que le studio Taito (Space Invaders, Puzzle Bobble, ou plus récemment Exit) contacta l’homme, afin de lui proposer de participer au développement d’un jeu vidéo. Mais « l’homme » en question déteste les jeux vidéo. Il le clamera même haut et fort à travers le jeu lui-même, puisque le joueur pourra lire à l’écran titre : « Ce jeu a été crée par un homme qui n’aime pas les jeux. »
Takeshi no Chousenjou (Takeshi’s Challenge) fait partie de ces jeux trop « japonais » pour être exportés (nous reviendrons sur le sujet dans un prochain focus) et sort donc sur Famicom (NES) en 1986. Pensé à l’origine (du moins lorsque Taito contacta Kitano) comme une adaptation de l’émission télévisée, Il s’agira finalement d’un concept bien différent : contrôler un personnage à priori violent (on peut frapper à peu près qui l’on veut) à travers un environnement libre (que l’on peut voir comme un très lointain ancêtre des actuels Yakuza, rapport avec la pègre compris), parsemé de plusieurs épreuves volontairement absurdes et vides d’intérêts dont le seul but est de vous balancer un game over en pleine face. On vous demandera, par exemple, d’attendre quatre heures face à votre console, en restant appuyé sur le bouton select pour bien prouver que vous ne bougez pas, faute de quoi ce sera un game over pur et simple. Ailleurs, il s’agira d’une phase de shoot’em up en scrolling horizontal durant laquelle il sera impossible de remonter, rendant du coup le gameplay presque injouable. Encore plus loin dans le jeu, on vous demandera de frapper un ennemi « quelques » milliers de fois…
Profondément inintéressant, parfois horripilant d’absurdité ou de difficulté, Takeshi no Chousenjou est parfois cité comme cas de référence à la problématique « quel est l’intérêt d’avoir un bon gameplay ? ». Le soft en étant totalement dénué, on comprend aisément l’exemple à peine les mains posées dessus. Tout dans ce jeu, de A à Z, est fait pour écœurer, jusqu’au message final. En effet, le joueur (masochiste ?) qui parviendrait à terminer l’aventure se verrait congratuler, en lieu et place des crédits de fin, par le visage du créateur accompagné de la phrase : « Pourquoi avoir pris ce jeu au sérieux ? »
C’est vrai ça, pourquoi?
Régulièrement cité dans les listes de jeux japonais les plus cultes, le soft n’en reste pas moins une profonde leçon de game/level design, qui nous rappelle qu’un jeu mal conçu (même volontairement), est une véritable plaie, et que c’est bel et bien le gameplay et l’expérience qui prévaut dans l’univers vidéoludique. Quand à Monsieur Kitano, eh bien vous connaîssez probablement la suite de l’histoire, via ses différents et souvent très bons films. Il dira, à postériori : « Je crois que j’ai crée le pire jeu-vidéo de toute l’Histoire. » Au moins, lui, l’aura fait sciemment…
News/Actus
– Rumeur : un Pokémon « grey » serait dans les starting block. Je dirais bien qu’il faut prendre l’info avec des pincettes, mais ça semble tellement évident au regard de la saga, que je ne m’en donnerais pas la peine.
Toute la subtilité de Namco Bandai résumée en une image : leur publicité japonaise pour Soul Calibur V.
Pour un peu, on dirait du Tecmo (Dead or Alive).
Pas de sorties JV cette semaine, nulle part dans le monde. Même les distributeurs ont le droit à une pause…
Nous nous quittons sur une vidéo de gameplay commentée (et visiblement sur 360) du prochain jeu de Suda51, Lollipop Chainsaw. A dimanche prochain donc, pour une actualité qui, après la convalescence post-fêtes, devrait se relancer!
Tony F.