Critique : Le Festin Chinois de Tsui Hark (Vesoul)

Posté le 10 février 2013 par

Hommage à Leslie Cheung cette année à Vesoul. L’occasion est trop belle : se replonger dans Le Festin Chinois de Tsui Hark est un plaisir de tous les instants. Par Jérémy Coifman.

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Chiu (Leslie Cheung, irrésistible) est un petit malfrat sans envergure. Pas très doué pour le crime, et pour pas grand-chose d’ailleurs, il tombe sans vraiment le vouloir sur sa vocation : la cuisine. D’abord arrivé là pour se sortir de ses ennuis, il apprendra à aimer cette discipline grâce au chef du restaurant qui l’accueille et à sa fille excentrique et qui tombe immédiatement sous le charme du malfrat au grand cœur.

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Si on osait le parallèle, on dirait que Le Festin Chinois est la parenthèse manga de Tsui Hark.  C’est un peu son Shônen à lui. Une Success Story, un combat pour savoir qui est le meilleur, la mise en exergue de la discipline, l’exaltation de soi.

L’excès est partout dans Le Festin Chinois : dans le jeu outré des acteurs (typique de la comédie honkongaise), dans les enjeux (un tournoi gargantuesque qui décidera du sort des personnages) et surtout dans la mise en scène de Tsui Hark qui s’amuse comme un fou à filmer ces joutes culinaires et verbales.

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Tsui Hark suit la structure du manga pour garçons à la lettre. Il y a le personnage extérieur auquel le spectateur va immédiatement s’identifier (Leslie Cheung) et par lequel on va découvrir l’univers déployé, le mentor qui va apprendre au héros toutes les ficelles du métier et va le rendre plus fort et plus mature, le ou les ennemis, beaucoup plus forts que le héros mais qui finiront tout de même par céder. On pense au film de Kung-fu, à Michael Hui, beaucoup, pour cette propension au gag à la minute, à l’abondance.

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Tous les ingrédients du Shônen et de la Kung-Fu Comedy sont réunis pour former un tout sans réelle cohérence, mais qui fait du bien. Le Festin Chinois est un feel good movie génial. La cuisine, on le sait, a une place très importante dans la culture chinoise, et Tsui Hark, en plus de s’amuser en faisant fi de toute cohérence, filme avec amour cette cuisine, ces aliments, et ces hommes qui sont totalement dévoués à leur passion.

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Le climax du film est ce grand tournoi de cuisine qui décidera du sort de tout un restaurant. Tsui Hark nous fait anticiper cet évènement, créant une attente énorme durant les 2/3 du film. L’excitation et l’émerveillement est constant. Le réalisateur joue avec l’enfant qui sommeille en nous. Il y a les méchants très méchants, les coups bas que l’on voit venir mais qui sont tellement délectables. Tout cela est orchestré avec talent, sans temps mort, et avec une telle énergie folle qu’il est difficile de résister au charme du Festin Chinois.

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Une bien belle aventure que ce film de Tsui Hark. Mineur, anecdotique diront certains, Le Festin Chinois est avant une tout un plaisir des sens, et une comédie « kung-food » ultra attachante. Tsui Hark ne renie pas son côté esthète et fiévreux, il l’adapte juste merveilleusement dans ce film imparfait, peut-être un peu trop débordant d’enthousiasme. On oublie un peu trop souvent le long-métrage, coincé entre le déchirant The Lovers et le sauvage The Blade, mais la parenthèse comique de Tsui Hark est définitivement à (re)découvrir.

Jérémy Coifman.

Verdict : 

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Le Festin Chinois à voir au FICA 2013 du 05 au 12 février 2013. Le programme ici

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