Wild 7, l’adaptation live du manga culte de Mochizuki Mikiya, arrive sur les écrans japonais le 21 décembre 2011. East Asia l’a vu en avant-première et vous livre ses premières impressions à chaud ! Par Victor Lopez.
Le concept de Wild 7 nait dans l’esprit du mangaka Mochizuki Mikiya en 1969. Ce n’est pas un hasard si c’est aussi l’année de La Horde sauvage (aka The Wild Bunch en V.O.) de Peckinpah, qui met aussi en scène une bande d’irrécupérables bandits qui vont en découdre une dernière fois pour l’honneur et la gloire (et aussi par folie) avec plus méchants qu’eux… Mais c’est surtout du côté des 12 Salopards que l’artiste tire son inspiration, en resituant l’action du film de Robert Aldrich dans le Japon moderne. Exit les nazis et la seconde guerre mondiale : les ex-condamnés à mort qui forment Wild 7, un commando de choc sous les ordres du gouvernement, ont maintenant pour mission d’exécuter (et pas d’arrêter – voir la scène du manga ci-dessous !) les hors-la-loi qui ont échappé aux forces de l’ordre traditionnels, et notamment les groupes terroristes extrémistes. Bref, ils sont l’ultime recourt en cas de situations ingérables (en plus violent que l’Agence tout risque tout de même).
A cela s’ajoute des courses à moto qui ont valu à la série d’être comparée à Speed Racer, et un aspect Mission : Impossible, avec ses sept personnages ayant chacun sa spécialité (les explosifs, l’infiltration, les connexions dans le milieu Yakuza, etc.). Le cocktail remporte un énorme succès : le manga se poursuit durant près de dix ans, connait une adaptation en drama à l’orée des années 70, et une déclinaison anime tardive, avec une série d’OAV (2×50 minutes) suivit d’une série de 13 épisodes, assez médiocre et sans grand rapport avec le manga original en 2002.
C’est donc avec une grande curiosité que l’on attendait le grand reboot de la série sous la forme d’un film live, en craignant néanmoins le résultat quand on considère les semi-échecs que constituent les récent manga-live, de Death Note à Gantz. la première bonne idée est de ne pas jouer la carte de la fidélité rétro : l’action se conjugue au présent, dans un univers high-tech tout à fait moderne. On retrouve tout de même une ambiance rock de motards (avec un ending moyen mais au refrain punchy de L’Arc en Ciel), qui ne passe pas à côté du kitch ringard dans les costume de notre bande de rebelles à moto, tout en cuir avec leur foulard rouge. On frôle ici le ridicule, mais on évite le pire dans le reste du métrage : d’un point de vu visuel, le film a vraiment du style. La production, assurée par Abe Shiji (Space Battleship Yamato) a mis le paquet sur la photographie et l’argent se voit à l’écran. Pour une fois, devant un manga-live, nous avons l’impression de regarder un film de cinéma et non une production télévisuelle.
Le soin apporté à l’image et à l’atmosphère est à peine tempérée par la story-arc pénible d’un journaliste casse-pied et de sa secrétaire bête à manger du foin, qui semble sortir du pire des dramas. Non, ce qui sidère et plombe le métrage est son incapacité totale à actualiser son potentiel, notamment en terme d’action. les mises en places sont efficaces, la tension monte, on nous annonce quelque chose de spectaculaire, et… rien !
Wild 7, en terme d’action, c’est une succession de plans sur des flingues que l’on charge, et que l’on vide, immobile, (et à découvert !) sur une bande-son tonitruante. Quand aux poursuites, elles font de la peine, surtout quand on les compare à l’inventivité et la folie d’un Speed Racer des Wachowski : là, c’est plutôt Slow Motion Racer, tant celles-ci semblent litéralement avoir été tournée au ralenti. Aucun entrain, aucune fougue, aucune inventivité : la mise en scène de Hasumi Eiichiro est d’une redoutable platitude, que rien n’arrive à dynamiser…
Reste un casting soigné, porté par Eita que l’on a pu apprécier dans le rôle de Motome dans le Hara-Kiri de Miike. Dommage alors qu’aucun des sept personnages ne dépasse le cadre de la silhouette stéréotypée, et ne puisse prétendre être un véritable personnage. Même refrain au niveau du scénario, aussi prévisible que vain. Si, dans les années 70, la lutte contre le terrorisme que décrivait le manga s’inscrivait parfaitement dans la société japonaise de l’époque, le fait de ne jamais contextualiser de manière réaliste les enjeux crée des incohérences assez difficiles à avaler dans le film de 2011. Que veulent les méchants ? Quelles sont leurs motivations ? Gagner de l’argent, certes, mais pourquoi alors tuer autant de monde ? Sans doute parce qu’ils sont… méchants… Mouais…
Dans le dernier tiers, le film sort un vilain plus charismatique, aux motivations à peu prêt intéressantes, mais saborde tout cela dans un final anti-climaxique et franchement ridicule. Vous savez, dans les dans les nanars, quand, au lieu de s’entre- tuer comme le bon sens le voudrait, les personnages commencent de longues tirades exposant leurs plans dans de tonitruants éclats de rire, mettant ainsi en péril leur maléfique ouvrage ? Et bien, on est en plein dans ce travers !
Verdict :
Wild 7 fait un temps rêver avec ses allures de blockbuster d’action soigné. Mais on déchante vite : le scénario accumule les clichés et la réalisation, molle du genoux, finit par terrasser son spectateur d’ennui. Bref, un pur film de gonflette, qui fait pchitt au bout de quelques scènes…
Victor Lopez.