FFCP 2021- Sinkhole de Kim Ji-hoon

Posté le 5 novembre 2021 par

Le cinéma coréen est non seulement un cinéma indépendant assez riche et une véritable pépinière de jeunes talents mais aussi du grand spectacle et son lot de stars. Parmi les genres très en vogues ces dernières années on trouve le film catastrophe, et Sinkhole est réalisé par l’un des spécialistes locaux. 

Kim Ji-hoon s’était fait remarquer il y a presque 10 avec son film catastrophe The Tower, véritable hommage au classique du genre La Tour Infernale de John Guillermin. Le cinéaste n’avait, semble-t-il, pas dit son dernier mot et a voulu retenter l’expérience mais en la prenant à revers. Si le film ne lésine pas sur le spectaculaire, Kim Ji-hoon a décidé cette fois-ci de l’aborder sur un ton plus léger, à la lisière de la comédie, et plutôt que de lancer les secours à la cime d’un gratte-ciel, il plonge littéralement ses victimes au fond d’une doline.  

Dong Won (Kim Sung-kyun) vient de réaliser son ambition de devenir propriétaire. A peine vient-il d’emménager avec sa petite famille dans l’appartement 501 que le rêve de toute une vie se transforme en cauchemar. Au lendemain d’une crémaillère arrosée, l’immeuble, suite à un défaut de construction et à l’érosion provoquée par des pluies diluviennes, s’effondre dans une immense cavité. 

Après une mise en place assez rythmée au cours de laquelle Dong-won fait la découverte de ses voisins et en particulier Man-soo (excellent Cha Seung-won), véritable homme à tout faire qui semble horripiler le père de famille à cause de son côté familier, le cinéaste construit avec une certaine malice la dynamique d’un duo improbable. C’est autour d’un petit groupe de personnages que va se construire le casting de cette espèce de Kho Lanta en sous-sol. Kim Ji-hoon ne cherche à aucun moment à rendre réaliste son film, bien au contraire, il assume totalement le côté improbable de son histoire et se sert de l’empilement de scènes plus rocambolesques les unes que les autres pour relancer son récit. Il ne veut pas trop s’appesantir sur l’apitoiement de ses personnages pris au piège dans leur propre habitat. Quel que soit le danger, le cinéaste parvient presque toujours à faire ressortir le comique de la situation. Et il arrive même à maintenir une forme d’équilibre lorsqu’il doit basculer dans une veine plus dramatique et cela, en gardant une forme de retenue, voire même de poésie.

Bien que le réalisateur ne creuse pas tant ses personnages ni son intrigue, elle se déroule à toute vitesse, si bien que les éléments s’enchaînent sans que le spectateur n’ait le temps de s’ennuyer, mais on ne peut s’empêcher de trouver tout cela abracadabrant. Qu’importe, Kim Ji-hoon a suffisamment de talent pour détourner l’attention du spectateur, consentant, et le conduit au sein d’une attraction généreuse et mouvementée en compagnie d’une bande de personnages tous aussi attachants. On pense bien sûr au film Exit qui avait fait l’ouverture du FFCP en 2019 en termes de divertissement, à savoir un film qui va jusqu’au bout de son concept sachant tirer parti de chacune de ses situations avec beaucoup d’inventivité et de rythme. On sent bien que le budget n’est pas aussi confortable qu’un blockbuster US, mais il jouit d’une plus grande liberté de ton, et parce que les personnages paraissent plus humains, le film conserve une forme de complicité avec le spectateur qui n’est pas dupe, même quand le film vire dans le cartoon. 

 On l’aura compris Sinkhole est un bon divertissement, mené à tambours battant et sans relâche et il serait dommage de se priver d’un tel plaisir. Du grand spectacle sans prétention si ce n’est celui de nous faire passer un bon moment.  

 Martin Debat.

Sinkhole de Kim Ji-hoon. Corée. 2021. Projeté au FFCP 2021