Il n’y a pas qu’en France où l’été cinématographique s’avère être un immense désert où les blockbusters et pépites font office d’oasis qui dessèchent la gorge du cinéphile obligé de voir ses salles submergées par les navets en tout genre. Par Maitre Shifu.
En effet, ici en Chine continentale et à Hong Kong, l’été, c’est la disette sur les écrans.
Une famine encore plus criante en Chine, où les sorties américaines sont sans cesse décalées à cause du passage au bureau de la censure ou pour faire de la place aux films financés par le parti communiste. Ainsi, afin de hisser The Beginning of the Great Revival, la fresque grandiloquente et bavarde sur les 100 ans du PCC sur la plus haute marche du box office, les autorités, en plus d’un obscure traficotage dans la billetterie du film Wu Xia , ont reporté d’un gros mois la sortie de Transformer 3.
Mais cessons les jérémiades car, avouons le, c’est souvent par l’odeur du nanar alléché que le vrai passionné se rue dans les salles. Même si je n’ai pas pu tout voir à cause de l’absence de sous titres anglais (mon niveau de chinois est encore balbutiant), voici donc un panorama des sorties sur nos écrans d’extrême orient !
Deux Wong Jing pour le prix d’un.
A tout seigneur tout honneur, démarrons par Wong Jing, l’inénarrable producteur d’Hong Kong qui n’a pas failli à sa réputation de recycleur puisqu’il n’a pas hésité à utiliser le thème de la chasse au trésor pour deux films différents tout en changeant subtilement les titres. Ainsi si vous êtes amateur de Wu xia pian, prière de voir Treasure Inn et pour la sortie familiale, c’est Treasure Hunt !
N’ayant vu pour le moment aucun des deux car la version chinoise n’avait pas les sous titres en anglais, je vous laisse regarder les bandes annonces pour avoir une idée du spectacle ! Notez que ces deux films calibrés pour la chine continentale, ont fait des cartons au box office.
Treasure Hunt :
Treasure Inn :
Y a du soleil et des nanas dadadirladada
Si vous pensiez que les films de plage n’étaient plus à la mode depuis des perles comme On boit frais à Saint Tropez, ils furent la tendance de cet été surtout pour le pire.
Passons rapidement sur Summer Love Love tourné sur l’ile de Hainan (notre Tahiti à nous) qui narre les gaudrioles de trois touristes, pour nous attarder plus longuement sur Beach Spikes réalisé par Tony Tang.
Conjuguant un casting qui aligne des actrices plus connues pour leurs photos de charmes, un zeste de Kung fu et du volley ball, on pouvait légitimement s’ attendre à un film lorgnant sur la série des jeux vidéos Dead or Alive. Arrêtez de regarder et de vous pourléchez les babines sur cette affiche, elle n’est là que pour vous attraper comme un piège à souris !
Je ne m’attendais pas à ce que le scénario soit un chef d’œuvre mais il y a des limites à l’indécence tant l’histoire est une avalanche d’idées stupides et de ficelles usées jusqu’à la corde.
Sharon et Rachel vivent d’amour et d’eau fraiche sur une plage d’Hong kong. Entre deux marivaudages et autres beach party, elles servent au restaurant de mister Tao et sont championnes de Beach Volley. Cette ambiance « vacances à vie» auraient pu continuer longtemps avec Lam Suet en marchand de boissons et trousseur de naïades, mais voilà que des méchants promoteurs immobiliers veulent raser la plage.
Jusqu’ici le film assume correctement son cahier des charges, c’est très léger, les scènes de volley ball sont très dynamiques et il y a quelques rares bonnes idées quand par exemple Sharon et Rachel rangent le restaurant en mode Kung Fu.
Malheureusement la suite vire au grand n’importe quoi lorsque les très très méchants promoteurs arrivent.
Bien sûr, personne n’est enchanté que la plage disparaisse et les manifestations commencent. Le hasard faisant bien les choses, il se trouve que les riches héritières de l’entreprise de BTP sont elles aussi des joueuses émérites de volley Ball. Mais attention, pas des gentilles joueuses, de vraies « bitch » violentes, s’entrainant comme des commandos pour détruire l’adversaire. Ainsi après tractation, il est décidé que le projet immobilier serait arrêté si Sharon et Rachel gagnent la prochaine coupe contre l’équipe de Natacha et Natalie.
Oui vous avez bien lu ! Une entreprise de BTP s’apprêtant à empocher des millions de dollars joue son avenir économique sur un match de volley ! Très crédible, non ?
Il s’ensuit une structure à la Rocky qui enchaine tous les poncifs : entrainements, blessures, perte de confiance, victoire. Mais le clou du spectacle est l’histoire d’amour entre le fils de la riche famille et Rachel digne d’un roman Harlequin sur fond de lutte des classes avec le fils pourri-gâté qui découvre les simplicités de la vie avec les « vrais gens ».
Je vous fais grâce du dénouement archi-prévisible grâce à une botte secrète très mal numérisée et des plus ridicule à l’image du métrage en quelque sorte.
Comme le scénario est à coucher dehors, rabattons-nous sur ce qui devrait être le point fort du film : les scènes de Beach Volley.
Là encore c’est la déception car si quelques matchs sont très rapides et assez biens filmés au début, les matchs pour sauver la plage, qui normalement, devraient être de vraies batailles, sont filmés à une allure d’escargot. La faute au réalisateur qui, pour souligner les moments dramatiques, abuse de ralentis matrixiens. Si bien que l’on a l’impression de regarder Olive et Tom avec des passes et des balles de match qui durent une éternité.
Scénario raté, Beach Volley à la ramasse, il nous reste plus qu’à nous rincer l’œil sur Chrissie Chau, Thérésa Fu, Jessica C et Phoenix Phou car finalement le seul talent de Tony Tang est d’avoir la caméra baladeuse : des décolletés au kilo, gros plans sur les fesses à foison, entrejambes à gogo. On lui souhaite une excellente reconversion dans les AV.
Au final, Beach Spikes aurait put être un agréable film d’été mais il est tellement plombé par sa stupidité pour que finalement une envie s’impose : sortir de la salle
Le polar pour sauver les meubles ?
En fait la grosse sortie de cet été fut la vraie -fausse suite du film Overheard, très honnête polar financier scénarisé et réalisé par la paire Félix Chong–Alan Mak. Fausse suite car le film n’a aucun rapport avec le précédent. En effet, le film ne fait que reprendre le monde de la finance et le même casting que le premier à savoir le trio Louis Koo, Lau Ching Wan, Daniel Wu. D’après les critiques, le film serait meilleur que le précédent car le duo Chong–Mak aurait corrigé tous les défauts du précédent opus pour offrir un polar au scénario ciselé et aux scènes d’action très efficaces. Pour ma part, j’attends la sortie DVD pour avoir les sous titres avant de vous en faire la critique et de revenir sur cette série qui est, selon moi, injustement oubliée des distributeurs français.
Ainsi s’achève ce bref aperçu des sorties estivales dans nos contrées orientales. Ces sorties ne sont certes pas des chefs d’œuvre mais elles démontrent bien l’extrême diversité du cinéma asiatique et l’on constate que c’est une infime proportion de la production qui arrive devant nos yeux européens. Mais bonnes nouvelles, c’est sur tous ces films qui n’auront pas la chance de quitter l’Asie que votre serviteur se focalisera dans ses prochains articles.
Bonnes lectures et bonnes découvertes !
Maitre Shifu.