BIFFF 2016 : The Tag-Along, de Cheng Wei-hao : Une légende taïwanaise au coeur d’un film d’horreur

Posté le 30 avril 2016 par

La 34ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival a su mettre en avant la diversité du cinéma de Taïwan, et entre autre montrer sa volonté d’œuvrer dans l’horreur, pure et totale. Avec The Tag-Along, Chen Wei-hao désirait mettre en exergue une légende de son pays.

Et la légende, autant le dire immédiatement, est aussi prometteuse que terrifiante. Il s’agit d’un esprit, apparaissant soit sous les traits d’un enfant, soit sous ceux d’un singe (ainsi que sous ceux d’une autre créature, que les spectateurs, comme les personnages de The Tag-Along, découvrent tardivement durant le film) et résidant dans la montagne. L’être s’intéresse aux personnes ressentant de la culpabilité, et les entraîne dans les forêts de montagnes, les plantant là (comme des graines) jusqu’à ce qu’ils révèlent le nom complet d’un de leurs proches. Là, la victime est libérée et la créature retourne s’en prendre à quelqu’un d’autre.

tag along

Dans The Tag-Along, l’être s’intéresse à une famille, dans un village ou une petite ville de Taïwan. Il y a un jeune homme, résidant avec sa grand-mère, et la petite amie du dit jeune homme, qui travaille dans une radio. Wei, notre héros, aimerait se marier, mais sa petite amie refuse d’en entendre parler. Il y a sans doute un traumatisme et une grande culpabilité derrière tout cela…

A part l’identité de la créature, le film se révèle relativement classique et s’inspire clairement de la J-horror. Une petite fille aux cheveux longs, un appartement hanté, une maison abandonnée à explorer, une forêt dans laquelle s’enfoncer au milieu de la nuit… Les ingrédients sont là, et sont plutôt bien intégrés, même si le spectateur habitué sera peu surpris. Ainsi, quand l’enfant/monstre apparaît du coin de l’œil, ou passe rapidement devant la caméra, derrière le héros, difficile de ne pas se laisser emporter dans une ambiance délicieusement angoissante. A cela s’ajoute quelques moments franchement anxiogènes (l’exploration de la maison abandonnée d’une précédente victime de la créature) et d’autres particulièrement malsains. En effet, l’être prend les traits de sa victime après l’avoir enlevée et, quand la jeune femme rentre avec son petit ami, et le découvre installé à table pour manger tranquillement insectes vivants et produits pourris au dernier degré, la caméra ne nous épargnant rien, l’effet voulu est là.

The Tag-Along

Hélas, Chen Wei-hao oublie que la subtilité est essentielle dans ce type de films, et qu’on ne fera jamais autant peur qu’en n’en montrant le moins possible. Ainsi, The Tag-Along est aussi un festival de portes qui claquent (s’ouvrant ou se fermant violemment), ce qui provoque parfois un jump-scare pour le spectateur, mais qui s’avère surtout vu et revu pour l’amateur, en 2016. Mais surtout, en milieu de ce film assez court, les techniciens se lâchent et nous montrent dans toute sa splendeur la créature (et parfois les, quand ils s’enfoncent dans les bois peuplés par ce peuple étrange). Tout en image de synthèse, elle est bien faite et bien animée, mais la voir courir sur les murs, bondir comme un singe, ou ouvrir une bouche démesurée annule tout effet de frayeur face à ce qui s’offre au spectateur.

A partir de ce moment, toute subtilité est oubliée, et s’il y a quelques bonnes idées (l’héroïne se réveillant dans un appartement lumineux, alors que le spectateur sent un malaise très bien mis en scène) ou le final, le film ne sait pas quel moment s’arrêter (la scène de l’appartement se conclut avec un festival d’effets digitaux, et le plan final du film est inutile, ne faisant qu’enfoncer une porte ouverte).

The Tag-Along se révèle relativement prometteur sur ce que pourrait devenir le cinéma d’horreur taïwanais, en utilisant un vivier de légendes terrifiant, et en montrant un certain savoir-faire. Très imparfait, il donne envie de suivre l’évolution de ce que pourrait donner ce type de cinéma.

Yannik Vanesse.

The Tag-Along, de Chen Wei-hao (2015). Diffusé lors de la 34ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival.