Projeté en avant-première au Festival du Film Coréen de Paris (FFCP), A Girl At My Door avait déjà été remarqué au Festival de Cannes 2014. Et il sort en salles le 05 novembre 2014 ! Alors, pour vous mettre l’eau à la bouche, revenons sur la projection du FFCP qui a été suivie d’une rencontre entre la réalisatrice Jung July et le public, qui semblait conquis !
C’est un petit brin de femme qui débarque sur scène après la projection. Née en 1980, Jung July signe son premier long métrage avec A Girl At My Door, remarqué à Cannes dans la sélection Un Certain Regard. Produit par Lee Chang-dong, A Girl At My Door a tout pour plaire au public occidental : des acteurs reconnus internationalement (Bae Doona), un scénario intense et une émotion à fleur de peau.
Quelle est la genèse de ce premier film qui a été produit par Lee Chang-dong ?
Alors que j’étudiais le cinéma, un concours a été monté entre mon école et CJ Entertainment : 5 projets devaient être choisis. Malheureusement, je n’ai pas été sélectionnée. Mais Lee Chang-dong, qui était présent lors de la sélection des projets, m’a proposé de produire mon film, qui ne demandait pas un gros budget. C’est comme ça que j’ai commencé à travailler avec lui.
Vous avez travaillé avec Bae Doona, qui est une actrice reconnue. Comment s’est passé votre collaboration, sachant que votre film a un petit budget ?
Quand je préparais ce film, je n’imaginais pas du tout que Bae Doona pourrait interpréter ce rôle. Mais plus le temps passait, plus je me rendais compte qu’elle pouvait avoir rôle. Je me suis dit que je n’avais rien à perdre et lui ai envoyé le scénario par email. A ce moment-là, Bae Doona était en tournage à Londres pour Jupiter Ascending. Trois heures après avoir reçu mon email, elle a répondu positivement, contre toute attente ! Quand je l’ai rencontrée, je lui ai demandé pourquoi elle avait accepté mon offre si rapidement. Elle m’a répondu qu’elle ressentait une grande solitude en vivant à l’étranger et qu’elle s’était retrouvée dans le rôle de Young-nam qui se retrouve perdue dans une ville où elle ne connaît personne.
Le film traite avant tout de la relation entre la petite fille, son père adoptif et la policière. Pourquoi avoir choisi d’inclure autant de sujet différents (l’immigration, le travail clandestin, l’immigration, la vie à la campagne, etc.) ?
Mon but n’était pas d’interpeller les gens sur tous ces thèmes, même s’ils sont présents dans le film. Je voulais mettre en avant l’histoire de cette petite fille qui vit la solitude au quotidien, ce qui l’enferme dans son monde à elle. Un jour, elle croise le chemin de la policière, Young-nam, qui souffre, elle aussi, d’une grande solitude. Je voulais tourner autour de ça.Je voulais mettre en avant la solitude humaine, surtout dans la relation entre ces deux femmes. A cette époque, j’étais aussi, quelque part, dans une grande solitude. Et c’est peut-être ça qui m’a poussé à écrire ce scénario.
Mais quand je suis allée écrire mon scénario dans ce petit village au bord de la mer, j’ai été confrontée à toutes les problématiques que j’ai inclus dans le film : les travailleurs clandestins, l’immigration, la désertification des villages…
Quelles ont été les réactions des critiques en Corée ?
Je ne connais pas les réactions de tous les critiques cinéma coréens. Mais j’ai retenu que les médias avaient jugé ce film novateur et frais. Je suis allée voir sur internet (blogs, Twitter) les réactions du public coréen. Et j’ai été assez surprise de voir que les messages que je voulais véhiculer avaient été compris par le public.
La prestation de la jeune actrice Kim Sae-ron est époustouflante. Comment s’est passé le tournage et comment s’est réalisé le tournage ?
Kim Sae-ron, malgré son jeune âge, est très connue en Corée. J’ai tout de suite pensé à elle pour le rôle de Do-hee. Je lui ai donc envoyé le scénario mais elle a décliné mon offre, même si son entourage a essayé de la convaincre de jouer dans mon film. Du coup, j’ai organisé des auditions et ai vu plus de 500 jeunes filles. Malheureusement, je n’ai pas trouvé la personne adéquat pour ce rôle-là. J’ai donc recontacté une dernière fois Kim Sae-ron, qui a finalement accepté d’interpréter Do-hee. Je pense qu’elle savait à quoi s’attendre et c’est peut-être pour cela qu’elle a mis autant de temps à accepter. Certaines scènes difficiles ont été délicates à jouer. Mais elle a su préparer ces scènes de son côté et l’équipe a mis à sa disposition un psychologue pour chaque scène. Il fallait qu’elle puisse ressortir sereinement de ces journées de tournage. Grâce à tout cela, elle a pu faire naître le rôle de Do-hee, exactement comme je l’avais imaginé, et je la remercie.
Propos retranscris par Elvire Rémand.
A Girl At My Door de Jung July. Corée du Sud. En salles le 05/11/2014
Crédit photo : FFCP