Entretien avec Roxane Mesquida, membre du jury au Festival du film asiatique de Deauville 2014
On a lu que vous étiez une grande cinéphile avec près de 400 films vus par an. Parmi ceux-ci, quelles sont vos films asiatiques de prédilection ?
Il y en a tellement ! J’ai adoré Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures Apichatpong Weerasethakul. C’est drôle parce que je suis allé le voir à Cannes à 9h du matin en projection presse. La salle était plutôt vide et ceux qui y étaient sont partis et le reste dormait vraiment. Quand le film s’est terminé, j’ai trouvé cela tellement beau. C’est comme Les Chiens errants de Tsai Ming-liang, tellement magique. C’est des images qui resterons gravées à vie dans ma mémoire. J’aime être divertie mais également nourrie par le cinéma. Cela ne doit pas rester du divertissement même si j’aime les films popcorns comme le récent La grande Aventure Lego. J’ai vu des petits films comme Tampopo de Juzo Itami sur la nourriture. Park Chan-wook, Kim Ki-duk, Kurosawa, il y en a trop.
Si on vous proposait de jouer dans un film asiatique, vous seriez prête à accepter quel type de rôle ?
J’ai vraiment envie de travailler avec Tsai Ming-liang, même un petit rôle. C’est comme Greg Araki quand il m’a proposé Kaboom. J’ai reçu le scénario et j’aurai voului lui dire oui avant même de l’avoir lui. Je suis plus attirée par l’expérience de travailler avec un artiste qu’u rôle en réalité.
Est-ce qu’on pourrait avoir votre ressenti sur les films en compétition de cette édition ?
La sélection était très variée et toute l’Asie était représentée. Le Grand Prix (Nagima) m’a beaucoup marqué et je suis contente que la décision à l’unanimité du jury ait été si facile à prendre pendant les délibérations.
Nous demandons à chaque réalisateur que nous rencontrons de nous parler d’une scène d’un film qui les a particulièrement touchés, fascinés, marqués et de nous la décrire en nous expliquant pourquoi.
Pouvez-vous nous parler de ce qui serait votre moment de cinéma ?
Je vais parler des Chiens errants car c’est le dernier film qui m’a vraiment marqué. La scène avec le chou. C’est une scène d’une puissance ! Elle explique tellement de choses, sa relation avec sa femme qui est partie et qu’il a sûrement détruite. Les images parlent d’elles mêmes et j’aime quand il n’y a pas besoin de beaucoup de paroles pour exprimer de l’émotion. Je n’aime pas qu’on m’explique un film. On peut interpréter comme on veut cette scène. C’est comme un tableau, l’artiste n’est pas à côté pour expliquer ce qu’il a voulu dire. Cela nous touche personnellement.
Interview réalisée par Victor Lopez le 08/03 à l’occasion du Festival du film asiatique de Deauville 2014.
Retranscription : Julien Thialon.
Merci au Public Système pour l’organisation de l’entretien.