Aujourd’hui, exit les polars esthétisants aux scénarios parfaitement calibrés, les films de Kung- Fu chorégraphiés au millimètre près ou les grandes fresques historiques ! On va parler d’un genre qui est aussi très en vogue à Hong-Kong : le fourre-tout/nawak ! Tenez- vous bien, le film du jour, Scared Stiff (alias Hallucinations chez nous) de Lau Kar-wing et produit par Sammo Hung est une perle du genre ! Par Jérémy Coifman.
Miao (le beau gosse Michael Miu) et Halley (le toujours génial Eric Tsang) sont deux colocataires. On ne connait pas vraiment leur lien, mais ils sont comme deux frères. L’un est beau gosse et séduit toutes les femmes et l’autre est un petit binoclard rondouillet qui n’a jamais eu de relation sexuelle. Tout commence comme une comédie tout ce qu’il y a de plus basique, mais seulement voilà, ce cher Miao à le pouvoir de s’introduire dans le rêve d’autrui et de contrôler les gens par la pensée. Même dans ces rêves érotiques, ce pauvre Halley se fait piquer ses femmes par Miao !
D’une comédie banale, on baigne d’emblée dans la science fiction et le fantastique. Lau Kar-Wing (qui n’a jamais eu la même réussite et reconnaissance que son frère Liu Chia- Liang) essaye de piocher dans tout ce qu’il peut, et premier résultat : c’est vraiment nawak !
Mais comme on le sait, à Hong-Kong, le nawak est un art et on en retire souvent un plaisir incroyable. Ce qu’on ne pardonnerait jamais à une comédie Américaine, ici on sourit, par tant de n’importe quoi Kitsch et mal filmé.
La première partie du film se finit sur nos deux compères, pris en otage par des braqueurs dans leur voiture. Évidemment cela va mal se finir, puisque ce pauvre Miao va finir à l’hôpital, en état de mort clinique. Mais ces pouvoirs vont le sauver. Il va attirer la convoitise d’un docteur et de sa jolie assistante (Emily Chu). Il sera le cobaye de toutes leurs expérimentations.
C’est alors qu’on atteint le sommet du kitch made in HK, des scènes sorties de nulle part se succèdent devant nos yeux ébahis : une chasse aux Vampires avec Wu Ma (oui oui je vous assure !), avec musique eighties et costumes sortant tout droit des productions de la Hammer ! Lau Kar-Wing tente de mettre un peu d’horreur dans sa comédie, pour un résultat totalement grotesque ! Mais le ridicule HK attaque sans prévenir et on se prend à sourire devant un tel spectacle. Cette séquence totalement hors du film s’étire, c’est que le scénario ne pèse pas bien lourd, et qu’il faut bien remplir les 1h36 de métrage ! En bonus, on aura également le droit à la petite scène érotique, qu’on croirait être une pub des années 80 pour du panaché (en même temps on sent le film bien dans son époque !).
Mais la première règle dans un film de ce genre est qu’il faut s’attendre à tout, et c’est dans sa deuxième partie que le film part encore dans une direction totalement inattendue. On a vu Chow Yun Fat sur la jaquette et on se demande s’il apparaitra vraiment, si Metropolitan n’a pas fait une erreur quelque part. Mais non ! Chow Yun Fat est bel et bien là ! Il arrive au bout d’une heure.
Dans sa seconde partie, le film bascule dans le polar et le thriller. Oui c’est incroyable, mais Lau Kar-Wing l’a fait ! Halley est témoin du meurtre du collègue de Chow Yun Fat. Oui, le pauvre homme ! Toujours là où il ne faut pas. .. D’ailleurs ce n’est pas le seul témoin, Anita Mui passait par là (toujours un plaisir de la voir). Chow Yun Fat incarne un flic corrompu avec un entrain qui fait vraiment plaisir. Il est sadique, machiavélique et comme à son habitude très charismatique. S’en suivent des séquences assez efficaces, dont une scène très « Slasher » assez jouissive. La dernière séquence versant dans le grand guignol achèvera d’emporter l’adhésion des plus indulgents d’entre nous.
Décidément, Scared Stiff est un fourre-tout HK qui surprend de bout en bout. Comme on à l’habitude dans ce cinéma, le scénario famélique, la direction d’acteur médiocre et le brassage des genres incessants (par soucis d’attirer le chaland), nous donne le sourire. Un bon moment en somme.
Jérémy Coifman.
Verdict :
Hallucinations de Lau Kar-Wing, disponible en DVD, édité par Metropolitan depuis le 01/06/2011.