Grand succès de l’année 2012 avec près de 4,7 millions d’entrées en Corée du Sud, ce film de Yun Jong-bin a été qualifié par un journaliste du Time comme « le film de gangster coréen dont serait fier Martin Scorsese ». Nameless Gangster est-il le Goodfellas du pays du matin calme ? Par Marc L’Helgoualc’h.
Résumé : Le film raconte l’ascension de Choi Ik-hyun dans le monde de la pègre de Busan dans les années 80. Douanier corrompu menacé d’être licencié, Ik-hyun découvre un jour un sac rempli d’héroïne. Pour revendre la drogue au Japon, il s’associe à Choi Hyung-bae, un gangster local. Les deux hommes s’apprécient et décident de poursuivre leur collaboration. L’argent coule à flot et l’ancien douanier devient peu à peu un malfrat respecté riche d’un réseau étendu dans le monde politique, policier et judiciaire. En 1990, le gouvernement décide de s’attaquer réellement au crime organisé et à la corruption. Les relations entre Ik-hyun et Hyung-bae vont peu à peu se tendre.
La fresque mafieuse que promettait le film avait tout pour être alléchante. La première demi-heure pose bien les bases du film : l’arrestation de Choi Ik-hyun en 1990, sa mise en prison et un premier flashback sur la genèse de sa carrière criminelle : la vie familiale médiocre, les petites magouilles de douanier et l’adrénaline du premier gros coup avec le trafic d’héroïne. Et effectivement, on se croit bien dans un univers à la Scorsese. Mais cette première bonne demi-heure fait ensuite place à une mise en scène trop plate et sans relief. Les allers et retours entre le présent (1990) et le passé sont même parfois confus. Le film manque de mordant. On est loin de la qualité des films de mafieux de Martin Scorsese, Fukasaku Kinji ou Miike Takashi. On y trouve de-ci de-là quelques bonnes scènes (Ik-hyun ivre qui dérouille son ancien patron dans un bar karaoké ou la rixe entre gangsters à coups de batte de baseball) mais cela ne suffit pas à faire un film solide.
Si la mise en scène est ratée et l’intrigue peu stimulante, les deux acteurs principaux sont en revanche très convaincants. Choi Min-sik (le mangeur de poulpe vivant dans Oldboy de Park Chan-wook) joue le rôle du douanier devenu criminel. À la fois arrogant et maladroit, Ik-hyun se prend pour un véritable caïd alors qu’il n’est pas grand-chose sans son armada d’hommes armés. Ha Jung-woo joue le rôle du mafieux local Choi Hyung-bae. Froid et silencieux, il peut en quelques instants péter les plombs et éclater des bouteilles de bière sur la tête d’un malotru. Il correspond à l’image classique du mafieux dangereux et respecté. Le duo Choi Min-sik/Ha Jung-woo est le point fort du film. Le premier a même reçu le Buil Film Award du « meilleur acteur ». Autre bon côté du film à saluer : la musique plutôt sympathique et la reconstitution des années 1980 (surtout les costards).
Verdict :
Sans être mauvais, Nameless Gangster déçoit par sa mise en scène plate et son manque d’intrigue. Martin Scorsese serait-il vraiment fier d’un tel film ?
Marc L’Helgoualc’h.