L’hommage à Hong Kong de Paris Cinéma permet de se focaliser sur un des plus beaux représentants du cinéma indépendant de HK avec la projection de Love Unto Waste, une pépite datant de 1985. Par Anel Dragic.
Love Unto Waste : La seconde vague
Seconde réalisation de Kwan, Love Unto Waste trouve un écho particulier en cette période. L’influence de la nouvelle vague taïwanaise se fait fortement ressentir, et plus particulièrement l’œuvre d’Edward Yang. L’histoire suit cinq personnages principaux. Trois femmes et deux hommes. Billie (Irene Wan) est un jeune mannequin de supermarché, Suk Ping (Elaine Kam) est une actrice de figuration qui aimerait devenir la nouvelle Brigitte Lin, quant à Su Ling (Tsai Chin), c’est une chanteuse de bar dont la carrière musicale n’aura jamais volé plus haut. Pleines de désillusions, ces trois jeunes femmes n’auront pas eu la carrière dont elles rêvaient. Billie entame une relation avec Tony Cheung (Tony Leung Chiu Wai), un jeune fils à papa qui ne sait pas vraiment quel sens donner à sa vie.
Il est difficile de parler du film sans en révéler l’histoire, donc si vous souhaitez garder le secret sur l’intrigue, passez directement au paragraphe concernant le film suivant. Le film se scinde en trois actes bien distincts. La première partie du film est assez mélancolique et met l’accent sur les relations entre les trois amies et la romance avec Tony. Au bout d’une demi-heure, un événement inattendu fait basculer le film dans autre chose. Su Ling est assassinée chez elle. L’histoire fait alors intervenir un personnage de flic incarné par Chow Yun-fat. Délaissant l’intrigue policière, le récit préfère montrer la volonté de l’agent à sympathiser avec les trois autres personnages. Tous dégagent une certaine tendresse et Kwan nous montre des personnages sous le choc de la mort d’un proche. La troisième partie vire quant à elle totalement au drame, et nous montre les personnages ramenant les cendres de Su Ling à sa famille à Taïwan, avant d’expliquer que Chow Yun-fat se meurt d’un cancer.
Très elliptique, le film fait fortement penser au travail d’Edward Yang et enchaîne les séquences déconnectées les unes des autres. Comment ne pas voir dans le voyage à Taïwan une référence assumée à la nouvelle vague de ce pays ? Kwan, à l’instar de Yang, sonde les changements de la société au travers de personnages qui s’inscrivent dans une époque. On notera à ce propos que le film est produit par la Pearl City Film, société de production issue de la nouvelle vague qui donnera plusieurs classiques auteuristes d’Alex Cheung (Cops and Robbers), Dennis Yu (The Beasts), Ronny Yu (The Saviour) ou Tony Au (The Last Affair et Dream Lovers) mais également de la D&B, la société de production de Sammo Hung. Pour appuyer ce côté auteuriste et contemporain, la photographie est confiée à Johnny Koo (Man of the Brink, The Club, Long Arm of the Law) et la direction artistique à William Chang, bien connu pour être le collaborateur de Wong Kar-wai.
Anel Dragic.
Verdict :
Love Unto Waste de Stanley Kwan à voir à Paris Cinéma le lundi 02/07 (21h45) et le mardi 10/07 (15h) au MK2 Bibliothèque.
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