COMING OF AGE 2025 – Première séance

Posté le 15 octobre 2025 par

Nouvelle édition du programme de courts-métrages de jeunes auteurs sinophones Coming of Age ! La première séance sur les quatre qui ont eu lieu à Paris et à Lyon, donnait à découvrir de curieux projets pour la plupart réalisés par des cinéastes internationaux. Entre rêveries sentimentales, impressions documentaires et déclinaisons féministes, il semblerait que les équipes du Festival Allers-Retours aient chapoté une cuvée 2025 de premier choix !

Nervous Energy d’Eve Liu

La sélection commence fort avec un court-métrage réalisé par la sino-australienne Eve Liu, produit par Spike Lee et programmé à la Quinzaine des cinéastes. Autre surprise : la présence à l’écran de la française Lucie Zhang, l’inoubliable Emilie des Olympiades de Jacques Audiard qui endosse ici le rôle de Jay, une artiste en crise à New York. Jay, et son amie Kiki, se persuadent un jour de résoudre l’équation de leur vie en prenant des décisions risquées. Le court est franchement drôle et flirte avec les registres humoristiques offbeat typiques de la scène new-yorkaise. Les deux protagonistes de la sororité sont à la fois classes et agaçantes mais surtout en roue libre totale. Derrière son arrogance assumée, Eve Liu prend le « let them cook » de la nouvelle génération pour mantra avec beaucoup d’ingéniosité.

Kill the Horse de Guo Xiaoruo

Basé à Hangzhou, le jeune Guo Xiaoruo inaugure le premier film d’animation de cette sélection. Après avoir entendu les murmures dans sa tribu, le héros de Kill the Horse s’engage dans une course frénétique pour trouver le cheval que l’on s’apprête à tuer. Le voyage introspectif qui s’ensuit est abstrait mais porte une réelle volonté d’adresser un message universel. La naissance de la civilisation, le Déluge, la guerre, les religions apparaissent furtivement dans les traits marqués de ce conte apocalyptique (ou du commencement ?). Aucun dialogue, mais des lignes de sous-titres écrites dans toutes les langues qui défilent à toute vitesse pour accompagner cette traversée dans les entrailles de la nature humaine. Ce court est produit par la même école que le film Art College 1994 de Liu Jian, projeté à l’Allers-Retours en 2024.

Everything de Lu Helai

À la recherche d’un emploi, Keda est chargé de veiller sur Liu Yang, une jeune fille qui se métamorphose inopinément en toute sorte de formes de vie (arbre, plante, animal… Même glaçon !). Dans une atmosphère baignée de réalisme magique, le court-métrage compose une fable écologique entre humour et comédie romantique. En se rapprochant de cette jeune fille au pouvoir surprenant, Keda réalise que chaque chose de la vie pourrait être Liu Yang et que son amour naissant envers elle se superpose à celui de la nature. C’est une histoire touchante qui choisit d’alarmer mais de le faire paisiblement, à l’image de ces personnages un peu trop rêveurs refaisant le monde depuis leur costume symbolique d’ours polaire.

Notes of a Crocodile de Daphne Xu

Difficile de catégoriser ce court documentaire. Notes of a Crocodile reprend le titre éponyme du roman queer de l’écrivaine taïwanaise Qiu Miaojin. Si le livre prend l’image du crocodile comme métaphore du sentiment d’être « sexuellement déviant » au sein de la société, le film de Daphne Xu suit la quête de la narratrice à travers Phnom Penh, qu’elle filme avec son téléphone, à la recherche d’une mystérieuse femme. Projet étrange semblant documentaire du côté des sujets et fictionnel du côté de la narratrice. La rencontre de deux mondes qui ne se comprennent pas encore tout à fait et qui se découvrent à travers l’objectif encrassé d’un téléphone.

WAShhh de Mickey Lai

En Malaisie, un groupe de pensionnaires d’un camp du service national est convoqué au beau milieu de la nuit par l’instructrice. Elles sont accusées d’avoir jeté des serviettes hygiéniques sales dans les toilettes et doivent tout nettoyer immédiatement. Le noir et blanc profond utilisé par la jeune cinéaste Mickey Lai confinerait presque WAShhh dans les répertoires du film d’horreur. Les filles parlent de fantôme et de la peur d’être maudite en s’approchant des toilettes si du sang n’a pas été correctement nettoyé des serviettes hygiéniques. De nationalités et de confessions différentes, les jeunes pensionnaires se confrontent à une réalité sociale écrasante prenant la forme symbolique d’une malédiction.

Richard Guerry.

Première séance du Coming of Age 2025