Singapour Festivarts : 881 de Royston Tan

Posté le 9 novembre 2010 par

Un conte tragique peut-il cohabiter sans désordre avec une comédie musicale délirante ?
Peut-être, mais pas cette fois…

Synopsis

Deux jeunes chanteuses Singapouriennes s’unissent pour former les Sœurs Papaye, un groupe utilisant le traditionnel répertoire Hokkien. Elles espèrent plus que tout devenir célèbre au Getai (divertissement populaire de la scène locale mélangeant chant et chorégraphie) car Petite Papaye est atteinte d’un cancer et voit en la compétition une chance d’être immortalisée.
Avec l’aide de Tante Ling, ex-étoile Getai, elles connaissent progressivement la renommée jusqu’au dernier match du championnat. Les Sœurs Durian, leurs meilleurs ennemis, s’opposent à elles dans un duel sans merci. Les perdantes se verront retirés du jeu à jamais, les gagnantes marqueront l’histoire nationale. Mais la maladie de Petite Papaye s’immisce dans la partie et l’enjeu du combat n’est plus totalement le même…

Les chiffres

Pour son troisième long métrage, le jeune cinéaste dit s’être inspiré de Moulin Rouge, bien qu’il l’ait écrit en seulement deux semaines et produit en vingt-deux jours. Quant à la création des tuniques, elle lui a coûté 100 000 dollars, ce qui lui a valu une nomination pour le meilleur maquillage et les costumes les plus chiadés à la 44ème cérémonie des Golden Horses. Largement diffusé au Japon, en Corée du Sud, en Thaïlande, et proposé aux Oscars, le film a rapporté plus de 3 millions de dollars.

La critique au vitriol

Au commencement, on s’interroge d’emblée sur la véritable démarche de Royston Tan. Souhaitait-il rendre hommage au septième mois lunaire de son pays et à ses festivités, où projetait-il seulement de s’attaquer à la comédie musicale d’une façon atypique, quel qu’en soit le sujet ?

Assez rapidement, ces questions nous survolent et leur importance est dissoute face à l’ampleur du désastre. C’est de prime abord un déluge de froufrous et beaucoup de regards pailletés bridés par les plaisanteries. Puis c’est un certain folklore aux prises avec le surnaturel, où se côtoient de loufoques individus capables de magie. C’est enfin, noyé dans les eaux troubles du surréalisme, une querelle familiale et l’agonie cancéreuse d’une héroïne.
Trop tard. Dans nos esprits circonspects le trouble a germé. Et voilà que la souffrance de cette Petite Papaye et celle de ses proches nous est montrée avec acharnement, sous tous les angles, durant vingt minutes, jusqu’à devenir la nôtre.

881

 

La fin du script se caractérise alors comme suit : des dialogues affligeant de nullité entrecoupés de pleurnicheries lourdes entrecoupées du ronflement de mon voisin de droite entrecoupé des soupirs de mon voisin de gauche entrecoupés…
Évidemment, alterner les styles de narration (de l’ésotérisme de fête foraine au « méli-mélodrame » de série Z) crée une bizarrerie ennuyeuse qui nous confronte à l’auteur. Les spectateurs excédés ramassent un à un leurs espoirs et s’enfuient par grappes sans plus se soucier du qu’en dira-t-on. Et ni les millions de dollars ni le marketing tape-à-l’œil ne sont plus en Asie qu’ici, gages de qualité ou signes de talent.

En définitive, le réalisateur aura autant fabriqué de brique et de broque que de paf et de boum, une Battle de mauvais Animé autour de la culture Getai. Non rebuté par ce maladroit mélange des genres, il a filmé la mort et les sentiments mièvres comme s’il s’agissait d’une blague, avant d’avouer son désir contraire d’être pris au sérieux. Consternant !

Dorian Sa.

Verdict :

Sayonara

 

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