It’s Okay! (littéralement « ça va, ça va, ça va ! » en coréen), présenté au public français lors de cette 19e édition du Festival du Film Coréen de Paris (FFCP), est le premier film de Kim Hye-young, jusqu’ici réalisatrice de séries télévisées, récompensé d’un Ours de cristal au Festival international du film de Berlin. Il sort ce mercredi en salles en sortie nationale via Wayna Pitch.
Le film présente l’histoire d’une jeune fille, In-young (Lee Ri, présente sur les écrans depuis ses 6 ans, souvent dans des séries mais aussi au cinéma dans des films comme Peninsula), élève d’une prestigieuse école de danse traditionnelle. Au bout de quelques minutes de film, sa mère meurt brutalement dans un accident de voiture. Quelques instants après, on découvre que ses camarades lui en veulent parce qu’en tant qu’enfant de famille monoparentale, elle ne payait pas les frais de scolarité. Très vite on découvre que, comme elle n’avait que sa mère, elle va se retrouver expulsée de son appartement parce qu’elle ne peut plus payer le loyer. Et pourtant elle continue de sourire et de danser.
On comprend vite que l’enjeu du film va être de placer le personnage dans des situations difficiles et de la voir se battre pour continuer à sourire. La situation initiale pourrait laisser croire un basculement dans un film de jeune coréenne en révolte comme About Kim Sohee, The Girl on a Bulldozer, ou encore Hail to Hell, qu’on avait pu découvrir au cours des derniers FFCP, mais on se rend vite compte que la réalisatrice entreprend plutôt un feel good movie, en reprenant les codes des séries télévisées coréennes (ce qui est logique, vues les précédentes expériences professionnelles de l’autrice). Le film est souvent drôle, en jouant à passer pendant quelques minutes dans d’autres registres, avec un court passage par le fantastique, un autre par la stylisation de la réalité en conte de fée, ou même une ludique scène de bagarre dans une aire de jeu.
On peut aussi noter que, malgré son côté léger, le film assume certaines thématiques plus sombres comme le rapport au deuil et au déni et la pression de réussite sociale qui est imposée aux femmes (avec les personnages de l’enseignante, de la mère qui vit par procuration dans les succès de sa fille, et en creux de la mère morte, toutes les trois anciennes élèves de cette école et proposant comme modèle l’isolement dans la réussite professionnelle, le renoncement à toute réussite personnelle dans le mariage, ou la soumission aux réalités économiques qui empêchent de poursuivre ses rêves). Cette pression est d’ailleurs ce qui définit les personnages secondaires du film, de l’enseignante « sorcière » qui s’est perdue et isolée dans la quête de perfection à la rivale atteinte de troubles de l’alimentation, qui reproduit la violence symbolique qu’elle subit en permanence. Ce verni social reste toujours subordonné au parcours de l’héroïne solaire qui, par sa joie, fait naturellement fondre tous les cœurs gelés autour d’elle. On peut également remarquer la faible présence masculine dans le film, principalement un jeune homme adorable pour récompenser l’héroïne et un brave pharmacien pour gentiment jouer avec des codes de comédie romantique pour le retour de la « sorcière » à l’humanité.
Avec ses personnages attachants, ses chorégraphies qui assurent le spectacle et son sens de la mise en scène de la comédie, ce film remplit exactement son contrat, c’est avant tout un film pour adolescents mais très bien construit et fort sympathique. Il a d’ailleurs trouvé un distributeur français et devrait arriver sur nos écrans en février 2025.
Florent Dichy.
It’s Okay! de Kim Hye-young. Corée du Sud. 2023. En salles via Wayna Pitch le 19/02/2025.