VIDEO – The Roundup de Lee Sang-yong

Posté le 10 décembre 2022 par

Dans sa collection HK Video, Metropolitan Filmexport édite en DVD et Blu-Ray la suite du film sud-coréen The Outlaws (2017), The Roundup (2022). Inédit en salles en France, malgré son immense succès en Corée du Sud à l’ère de la pandémie (+ de 100 millions $ de recettes et 4,5 millions de spectateurs), l’édition vidéo de cette comédie d’action permet de prendre le pouls actuel du cinéma sud-coréen populaire. Résultat : l’imaginaire hollywoodien prédomine, sans compter la fierté nationale, incarnée par la massif Ma Dong-seok (états-unien de nationalité).

Ce succès populaire offre une nouvelle aventure du flic batailleur Ma Seok-do (interprété par Ma Dong-seok), projetant le personnage et ses acolytes non plus dans une guerre de gangs entre Coréens et Chinois (comme c’était le cas pour The Outlaws) mais dans une enquête au Vietnam, contre un tueur en séries de riches ressortissants sud-coréens. La recette reste à peu près la même : déployer un macguffin d’enquête policière pour alterner scènes de violences crues (entre le Fincher de Se7en et le Kim Jee-woon de J’ai rencontré le diable) et burlesque sympathique concentré autour de la bonhomie musclée de l’interprète principal. À la différence, coutumière pour les suites, qu’il y a cette fois-ci deux fois plus de crimes sanglants (le film étant à juste titre interdit aux moins de 12 ans) et deux fois plus de comédie.

Tiré d’une véritable enquête policière, ce polar réalisé par Lee Sang-yong (qui signe là son 2ème long) et produit par Ma Dong-seok, s’ouvre en 2008 à Ho Chi Minh City, au Vietnam. On y retrouve des investisseurs immobiliers sud-coréens sur le point d’être (très) brutalement kidnappés. Séquence qui laisse ensuite place à une intervention, dans les carrefours en pente raide de Séoul, du policier Ma Seok-do. Toute la rythmique du film repose sur cette valse des genres et des tons, éminemment sud-coréennes : balançant du morbide au burlesque, du violent et gore au dérisoire. À force de répétition, cette alternance produit un sentiment d’énergie qui donne de la vitesse au récit. Si bien que 1h40 passe aussi rapidement qu’une course poursuite à la Na Hong-jin.

Bien que tourné par un jeune premier (en post-production, pour l’heure, du 3ème volet de la série), la réalisation se démarque par sa « propreté ». Le sens du cadrage, le rythme du montage au cordeau, qui résonne moins comme un couperet que comme une lame de barbier, se donne à voir comme un exemple presque pédagogique de l’artisanat à la coréenne. Ce que The Roundup propose, comme succédané de la transparence hollywoodienne contemporaine, est l’équivalent des films d’actions français de Jimenez ou de Cavayé (avec ce supplément iconique essentiel qu’apporte Ma Dong-seok). Aux jeux des équivalences, le spectre du Transporteur n’est pas loin non plus.

Toutefois, une fois de plus, le film prouve que la mise en scène fait tout : lors d’une séquence, le tueur en série fou, recherché au Vietnam par l’équipe de policiers sud-coréens, sort d’une pièce tandis que l’attend dans un couloir plusieurs hommes prêts à l’abattre. Aux amateurs de thrillers sud-coréens, ça évoquera forcément la grande scène devenue classique d’Old Boy (2003). Sauf qu’ici, filmé caméra à l’épaule, dans un montage haché, l’intérêt est moins de saisir la difficulté de l’enjeu, et donc de nous mettre dans la posture du protagoniste qui tâche de s’échapper, que d’exprimer pour le spectateur seul l’intensité de la violence, dans une démarche de spectacle pur.

Ce qui surprend (à moitié…) à l’issue du film, devant les frasques comiques et brutales, c’est ce sentiment d’avoir moins à faire à de la kung fu comedy sauce coréenne qu’à de l’action movie 80s où le Stallone de Tango et Cash aurait changé d’apparence. Bien que la nervosité du montage, le piqué de l’image doublé par le raffinement de la photographie tiennent de ce que la technologie peut offrir de mieux, l’imaginaire semble ressuscité d’une autre époque. C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs confitures, direz-vous. Et cet « anachronisme » n’empêche pas l’apparition proprement badass, en terme d’action et d’enjeux émotionnels, comme la lutte finale dans un bus où (spoiler !) Ma Dong-seok atomise son adversaire.

Bonus

Les bonii sont très maigres : un making of en VOSTF très rapide et beaucoup plus promotionnel que véritablement instructif. On y entend un peu tous les poncifs des acteurs en promo pour une suite (« il y a plus d’action et de défis pour nous, acteurs, que dans le premier volet », « c’est du grand spectacle ! »…). Maigre making of auquel s’ajoutent deux messages promotionnels des acteurs Ma Dong-seok et Kang Hae-sang. Messages qui, malgré leur très courte durée (1 min à peine), offrent une archive pour ce que c’était, en tant que stars sud-coréennes, de lutter contre la pandémie afin de donner envie aux spectateurs de se rendre dans les salles de cinéma. Engagement qui a porté ses fruits faisant, pour rappel, de ce Roundup le plus gros succès du cinéma sud-coréen en période de pandémie.

Flavien Poncet

The Roundup de Lee Sang-yong. Corée du Sud. 2022. Disponible en DVD et Blu-Ray chez HK Video/Metropolitan Filmexport le 09/12/2022