VIDEO – Vanishing de Denis Dercourt

Posté le 6 décembre 2022 par

L’étonnante coproduction franco-coréenne de Denis Dercourt, Vanishing, débarque en combo Blu-Ray/DVD chez Spectrum Films après une incursion sur Canal +. Film par Rohan Geslouin, Bonus par Maxime Bauer.

L’histoire qui nous est racontée est assez classique et ne vient en aucun cas chambouler les codes d’un genre déjà largement arpenté par le cinéma français et coréen. On y suit Alice Launay, une médecin légiste française en voyage à Séoul pour présenter une méthode révolutionnaire permettant de mettre en évidence les empreintes digitales sur des cadavres en très mauvais état. Elle est approchée par Jin-ho, un inspecteur de police coréen qui enquête sur une affaire de meurtre liée à un réseau de trafic d’organes. Un film classique aussi du côté de la relation amoureuse qui va se tisser entre la médecin légiste et l’inspecteur de police, allant jusqu’à frôler les grand clichés sur « l’amour en Corée » du type : « Les coréens, très réservés sur ces questions, ne se déclarent que lorsqu’ils sont sûrs que c’est la bonne personne. Pour eux, l’amour serait une question très sérieuse, qu’il ne faut pas prendre à la légère ». Néanmoins, la plupart du temps, mis à part l’espace de quelques lignes de dialogues, le film ne tombe pas dans l’orientalisme. Le regard européen de Denis Dercourt n’est jamais bêtement ethnocentré. On sent qu’il a essayé de rendre sa vision de la Corée la plus en prise avec le réel possible. Même si la neutralité n’est qu’utopie, cet effort est louable et se ressent.

 

Ce film a reçu en France un accueil critique vraiment mitigé, voire complètement négatif, ce qui peut se comprendre. En effet, le film pèche parfois par son écriture et sa mise en scène. Cependant, s’appesantir sur ces critiques serait enfoncer des portes ouvertes, et ne serait pas constructif. Car oui, on peut tirer des choses plutôt intéressantes de ce visionnage.

La rencontre entre cinéma à la française et cinéma à la coréenne est certainement l’élément le plus intriguant de ce film. Lorsque l’on ressort du visionnage, on a un peu cette impression que l’on aurait fusionné un téléfilm policier produit par France 2 avec un blockbuster policier coréen comme Deliver Us From Evil.  Tout au long de Vanishing, on alterne entre les codes de ces deux formes de cinéma, aussi bien dans la façon de traiter le drame, les rythmes (variables) de l’enquête, ou la caractérisation des personnages.

Cela tient beaucoup au fait que Denis Dercourt a dû se plier aux façons coréennes de faire un film. Il a réalisé comme en Corée du Sud, c’est-à-dire en menant de front le tournage avec le montage. De même, ne parlant pas le coréen, il a laissé beaucoup de liberté à ses acteurs qu’il a dû diriger bien différemment qu’Albert Dupontel quelques années plus tôt. En somme, on ressent vraiment que le film de Denis Dercourt s’est laissé imprégner de « cinéma coréen », pas seulement dans ses références, mais surtout par la manière dont a été conçu et fabriqué le long-métrage. En cela, on peut considérer Vanishing comme un véritable ovni. Il mérite d’être vu pour sa nature. C’est un film hybride et ça se voit.

Bonus de Spectrum Films

Interview de Denis Dercourt (25 min). Le réalisateur français évoque toutes les particularités de cette coproduction atypique entre la France et la Corée. On y apprend notamment qu’il a travaillé sans aucun storyboard, à l’inverse des habitudes des productions coréennes, qui est l’une des rares concessions qu’il a demandées à la production. Pour le reste, il a eu toute confiance en l’équipe coréenne, qu’il qualifie de professionnelle au plus haut niveau. Il décrit l’étonnement de la partie coréenne lorsqu’il annonce que le tournage devrait durer moins d’un mois, là où les cinéastes coréens et leurs équipes ont d’ordinaire besoin de beaucoup plus de temps pour achever un tournage. D’une manière générale, cette interview de Dercourt, cinéaste protéiforme (il a tourné en Allemagne, au Japon également) vaut le détour pour saisir ce que c’est que de réaliser un film en France et en Corée, et comment faire se rencontrer deux mondes aussi éloignés.

Interview d’Olga Kurylenko (15 min). En-deçà de l’interview de Dercourt, l’actrice principale du film donne ses impressions sur le tournage, elle qui a l’habitude des productions de pays différents, mais ses anecdotes et ses dires restent plutôt en surface du sujet du film.

Vanishing de Denis Dercourt. France-Corée du Sud. 2021. Disponible en combo Blu-ray/DVD chez Spectrum Films le 06/10/2022.

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2 commentaires pour “VIDEO – Vanishing de Denis Dercourt”

  1. Petite erreur d’édition : vous avez mis trois paragraphes deux fois (autour de l’affiche du film). 😉
    Sinon, assez d’accord avec la critique. J’ai aussi trouvé que Yoo Yeon Seok apportait quelque chose de chaleureux dans ce film dont le sujet est très noir.

  2. Oups, on modifie ! Merci !

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