NETFLIX – Wu Assassins de John Wirth et Tony Krantz

Posté le 19 février 2022 par

Wu Assassins, mélange de genre parfois improbable entre l’Amérique et l’Asie, le surnaturel et les chorégraphies martiales propres au cinéma chinois, est de prime abord le parfait exemple de projet ultra casse-gueule dont il faut se méfier. Créée par John Wirth et Tony Krantz, la série diffusée sur Netflix met en vedette Iko Uwais (le génial The Raid), Lewis Tan, Lawrence Kao, Celia Au, le magnifique Tommy Flanagan (Sons of Anarchy) et l’actrice la plus sublime de l’univers magnifiée dans Vikings, Katheryn Winnick. Plongée dans une première saison qui navigue entre deux eaux et toujours au bord de la noyade.

Kai Jin, un jeune chef du quartier chinois de l’actuel San Francisco, est empêtré dans la poursuite par la Triade chinoise de pouvoirs mortels anciens connus sous le nom de «WuXing». Après une rencontre avec un esprit mystique, Kai devient à contrecœur le Wu Assassin, utilisant ses compétences améliorées en arts martiaux pour récupérer les pouvoirs surnaturels de cinq criminels modernes menaçant de les utiliser pour détruire le monde. 

Le maître et l’assassin

Malgré une distribution sacrément sexy, la série a certes séduit par ce côté WTF et intriguant mais surtout déçu pas mal de monde par la faiblesse de son intrigue et sa direction artistique douteuse. Inutile donc ici de tergiverser, le scénario tient sur un papier OCB. Des courses poursuites, des tueurs à gage sexys en diable ou des bastons bien rodées à intervalle régulier et un côté fantastique inattendu n’empêchent jamais le spectateur de se questionner sur le propos. Nous y reviendrons. Parfait pour une binge session entre potes avec pizza et bières, le show est une proposition de divertissement oscillant entre la comédie, le film d’art martiaux et la série fantastique. Ni plus ni moins. Avec beaucoup d’humilité (et c’est tout à son honneur), la série en 10 épisodes pour le moment, ne se prend jamais pour ce qu’elle n’est pas. Un fast food audiovisuel, cool et fun. C’est vraiment agréable une fois de temps en temps mais indigeste au quotidien.

Wu assassins

Tout n’est évidemment pas à jeter dans cette proposition originale. Au delà du casting déjà évoqué, le rythme, les combats, l’humour ou des choix musicaux complètement barrés : ce melting pot d’influences est vraiment un délice. Bien que parfois à la limite de l’overdose, le show cite ainsi côté inspirations autant Zu, les guerriers de la montagne magique que John Wick ou Street Fighter. Au spectateur de se laisser emmener par le manège avec une naïveté complice. Complice oui car bizarrement, ces contrats d’assassinats et leurs affrontements aux ballets bien huilés (la séquence en cuisine, l’épisode 4) explosent dans la première partie pour devenir peau de chagrin dans la seconde. Comme un goût de ne jamais être rassasié pour rappeler la précédente analogie gastronomique. C’est dommage car certains plans sont mémorables comme les magnifiques cadavres de pierre, le combat du maître de la terre ou le très soigné épisode 7 (réalisé par Iko Uwais).

Parfois pertinent et intéressant lorsqu’il se prend un minimum au sérieux, le show jongle avec de très (trop) nombreuses thématiques. Le pardon, l’émancipation de sa famille, la ténacité face aux obstacles font ainsi de Wu Assassins une série qui ressemble parfois énormément aux propositions d’anime des années 80 comme Saint Seiya pour le plus évident. Qu’il s’agisse de personnages tous plus improbables les uns que les autres, une violence très graphique, les anciennes légendes ou le héros désigné qui se révèle au fil du temps, impossible de nier qu’on ne réinvente pas la roue… Mais une touche de modernité associée à un respect des classiques apportent ici une aventure convenue mais plaisante à suivre. Des trahisons au poids des traditions familiales, vous aurez toutefois droit à tous les poncifs du genre.

En terme de déception notable, il est impossible de nier que la proposition de Netflix a un côté ridicule parfois très embarrassant. Ne vous attendez donc pas à la direction artistique de Tigres et dragons ou Hero sauf peut-être dans ce monde « hors de l’espace et du temps ». Dommage. Beaucoup trop frileux dans son traitement (notamment son héros au cœur pur quelconque), la série est de plus très floue en termes d’enjeux scénaristiques. On n’y comprend en effet pas grand chose et les expositions sont beaucoup trop rapides et manquent cruellement de dramaturgie. Ajoutant à cela un doublage VF parfois très cheap et une nouvelle fois, un manque d’étalonnage oubliant de donner du grain à son image, ces 10 épisodes manquent tout simplement de grandiloquence ou de soin.

Parfois trop lent et ayant déçu pas mal de spectateurs avec sa fin bâclée, Wu Assassins est donc un mélange des genres osé (fantastique, kung-fu, comédie…) mais manque de jusqu’au-boutisme dans toutes ses tentatives, notamment de vrais moments de bravoure comme lors de l’épisode 9. Un plaisir coupable inoffensif mais bienveillant. On s’attendait à moins.

Jonathan Deladerrière

Wu Assassins de John Wirth et Tony Krantz. USA. 2019. Disponible sur Netflix

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