BLACK MOVIE 2022 – Boat People d’Ann Hui

Posté le 25 janvier 2022 par

Le festival Black Movie nous permet, cette année, de redécouvrir de grands films hongkongais. On se penche donc sur l’un des films emblématiques de la carrière d’Ann Hui, une des figures de proue de la Nouvelle Vague hongkongaise avec Boat People, qui fut présenté en film surprise au Festival de Cannes en 1983.

Akutagawa, photographe de guerre japonais, revient au Vietnam trois années après sa venue au moment de la chute de Saïgon. Il est reçu par le bureau des relations culturelles qui l’accompagne dans ses investigations pour son reportage sur les conditions de vie des enfants d’après guerre. Au cours de son périple, il va découvrir une réalité bien loin du discours officiel des autorités communistes.

TOU BUN NO HOI

Ann Hui, cinéaste reconnue sur le tard avec son sublime film A Simple Life, sorti en France en 2013, n’a pas eu la même exposition que ses confrères (Tsui Hark, Patrick Tam, Stanley Kwan ou Allen Fong) de la Nouvelle Vague hongkongaise. Groupe de cinéastes formés pour la plupart à l’étranger, ils font leurs premières armes à la télévision avant de bouleverser l’industrie cinématographique locale puis mondiale en y apportant un sang neuf salvateur.

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Boat people est le dernier volet de la trilogie de la réalisatrice Ann Hui consacrée à la guerre du Vietnam. Débutant alors à la télévision en tant que documentariste, elle est émue au cours de la réalisation d’un de ses reportages (The Bridge) par le sort des immigrés qui fuient leur pays en guerre. Elle réalisera par la suite les long métrages A Boy from Vietnam et The Story of Woo Viet, qui révéla sur grand écran l’immense vedette Chow Yun-fat.

Reconstitué entièrement en Chine populaire, ce qui fut une première pour une production venant de l’ex-colonie britannique, le Vietnam d’après guerre tel qu’il est décrit ici est criant de vérité, avec ses maisons coloniales bardées d’impacts de balles, ses bas fonds, et ses camps de redressements. Ann Hui s’appuie sur son expérience de documentariste et donne vie à cette réalité fictive dont le vernis à peine sec ne parvient pas à masquer la pauvreté et l’horreur d’un système répressif.

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Pourtant le film n’est pas un brûlot politique mais un drame humain. La cinéaste est bien plus intéressée par le sort de ses personnages, cherchant à comprendre les motivations de ces gens qui vont risquer leur vie pour quitter leur pays. Elle observe à juste distance ses acteurs reproduire avec un naturel déconcertant le quotidien de ses personnages qui vivent au jour le jour dans un environnement mortifère. On reconnaît bien là son talent de directrice d’acteurs, dont le travail avec les enfants est admirable de sensibilité. Elle prend soin de donner la parole à tous ses protagonistes afin de mieux cerner leurs expériences et leurs ressentiments, apportant ainsi une crédibilité certaine dans sa description d’une population meurtrie par des années de conflits.

Les amateurs de cinéma HK reconnaîtront très certainement un Andy Lau tout jeunot (Infernal Affairs, Yesterday Once More) dans sa première apparition plus que convaincante sur un écran de cinéma.

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Boat people fut maintes fois récompensé l’année de sa sortie et il est considéré par la presse spécialisée locale comme le deuxième film le plus important de l’industrie cinématographique hongkongaise.

Martin Debat

Boat People d’Ann Hui. Hong Kong. 1982. Sélectionné au festival Black Movie 2022.