Sexe et nourriture au menu de Sexual Drive, nouvelle comédie érotique du Japonais Yoshida Kota, présentée dans la catégorie Big Screen du Festival International du Film de Rotterdam 2021.
Sexual Drive se compose de trois sketches au cours desquels un couple est confronté à ses frustrations sexuelles par l’intermédiaire d’un tiers qui agit comme un Cupidon (excellent Serizawa Tateto et sa gueule de gentil satyre) pour ranimer leur « appétit » sexuel. À chaque couple son plat aphrodisiaque. Dans le premier sketch, c’est le natto (du soja fermenté) qui joue le rôle déclencheur ; dans le deuxième, c’est le mapo tofu (une soupe très épicée du Sichuan) ; dans le troisième, les ramen (une soupe de nouilles).
Sexe et nourriture, en voilà un sujet sur lequel il y a beaucoup à dire. Dans Sexual Drive, rien d’explicite même si l’érotisme est permanent : ni sitophilie ni nyotaimori (manger des sushis présentés sur le corps d’une femme nue). Nous ne sommes pas dans Tampopo, classique japonais de 1985, dans lequel un mafieux obsédé par les ramen fait l’amour avec sa maîtresse en jouant avec des aliments. Nous ne sommes pas non plus dans La Marque du tueur, polar d’avant-garde, de Suzuki Seijun dans lequel le tueur à gage est excité sexuellement par l’odeur du riz bouilli. Même si la nourriture joue un rôle aphrodisiaque dans Sexual Drive, le déclencheur est le Cupidon interprété par Serizawa Tateto, qui débarque à l’improviste dans un couple et va utiliser la parole, le dialogue et la persuasion pour les libérer sexuellement. Une maïeutique bien particulière, plus marrante et radicale qu’un rendez-vous chez le sexologue ou des émissions de Brigitte Lahaie pour des radios du sud de la France.
Avec une dizaine de films au compteur, Yoshida Kota est un habitué des comédies érotiques, en général bien plus explicites et putassières. C’est le cas des adaptations de mangas Usotsuki Paradox (2013) ou The Torture Club (2014), assez oubliables et dont le seul argument est de montrer la plastiques de gravure idols et d’actrices plantureuses. Sexual Drive est donc plus subtil, et l’interprétation plus convaincante. Rien d’exceptionnel ni de révolutionnaire mais de quoi passer un bon moment pendant 70 minutes. À conseiller aux gastronomes.
Marc L’Helgoualc’h
Sexual Drive de Yoshida Kota. Japon. 2020. Programmé au Festival International du Film de Rotterdam 2021.