Combats de MMA + télécrochet + problèmes de dettes = Chasing Dream, la nouvelle comédie de Johnnie To, proposée au Neuchâtel International Fantastic Film Festival (NIFFF). Une formule capable de plaire à la fois aux fans de Rocky, The Voice et Johnnie To ?
Chasing Dream suit les parcours mêlés de Tiger (Jacky Heung), champion de MMA encore invaincu, et Cuckoo (Keru Wang), aspirante musicienne à la rue. Leur point commun ? Ils sont tous les deux endettés auprès d’un chef de gang accessoirement promoteur de boxe… et ils ont chacun un rêve : ouvrir un restaurant pour l’un, devenir chanteuse à succès pour l’autre. Entre deux combats, Tiger va aider Cuckoo à rembourser ses dettes et à participer à une émission de télécrochet « Perfect Diva Talent Show », animée par un chanteur populaire qui n’est d’autre que l’ex de Cuckoo… et qui s’avère être un plagiaire car ses succès sont des chansons volées à Cuckoo ! Aucune arme à feu dans Chasing Dream : place aux poings et aux pieds des combats de MMA et aux chansons du « Perfect Diva Talent Show ».
Chasing Dream fait partie des comédies romantiques de Johnnie To qui est surtout connu hors-Asie pour ses polars (The Mission, Fulltime Killer, Breaking News, Exilé)… Les comédies, surtout destinées au marché chinois, sont pourtant légion. Si elles ont surtout servi au réalisateur à financer ses polars à partir de la fin des années 90, elles n’en sont pas pour autant des œuvres mineures. Needing You, Help!!!, Love on a Diet, Don’t Go Breaking My Heart… Des films de qualité et divertissants qui mettent en scène le gratin de la scène hongkongaise : Andy Lau, Sammi Cheng, Cecilia Cheung , Louis Koo…
Retrouve-t-on l’univers de To dans Chasing Dream ? Des scènes de combat chorégraphiées : oui ; des scènes de bouffe : oui ; un regard masculin : oui. À part ça, To respecte scrupuleusement les codes de la comédie et les sous-intrigues liés au genre : l’ascenseur émotionnel entre Tiger et Cuckoo, la relation entre Tiger et son ancien maître de boxe, l’aventure chaotique de Cuckoo au « Perfect Diva Talent Show »… La fin du film est même un décalque de la fin de Rocky.
To emballe le tout dans un univers rongé par la compétition, la corruption, le culte de l’argent et surtout l’emprisonnement de l’endettement. À cet emprisonnement fait écho l’asservissement des deux protagonistes à leur passion respective : sont-ils vraiment libres alors qu’ils sont enchaînés à leur rêve et à leur souci de spectacle ? Un manque de liberté qui tranche paradoxalement avec celle des tueurs à gage d’Exilé, par exemple, qui outrepassent les règles de leur milieu pour écrire leur destin au hasard et à l’instinct, un cadavre exquis peint avec leur sang – et celui de leurs victimes.
Chasing Dream est un bon divertissement qui ne surprendra pas son spectateur tant le schéma narratif suit les codes du genre. Pas de divulgâchis possible, reste une succession de scènes qui pourront combler les amateurs de boxe ou de cantopop. D’ailleurs, à noter : la bande-son est signée Peter Kam, compositeur de renom (Détective Dee : Le Mystère de la flamme fantôme de Tsui Hark) qui enchaîne les mélodies pop et reprend même la musique de l’Aigle noir de Barbara à la fin du film. Après avoir fait joué Johnny Hallyday dans Vengeance, voici un nouvel hommage à la chanson française !
Marc L’Helgoualc’h
Chasing Dream de Johnnie To. Chine. 2019. Projeté lors de l’édition 2020 du Neuchâtel International Fantastic Film Festival