Alors que le cinéma chinois montre un grand dynamisme depuis 2019, les éditions Hémisphères proposent le Dictionnaire des cinémas chinois, un ouvrage pour le moins complet sur le sujet, dirigé par Nathalie Bittinger, maître de conférence en études cinématographiques à l’université de Strasbourg. Présenté sous la forme d’un abécédaire, des films majeurs et plus mineurs des cinémas chinois, des personnalités et des concepts inhérents à la cinématographie chinoise sont passés en revue.
En francophonie, la littérature sur le cinéma chinois abonde depuis les années 2000. Citons pêle-mêle les ouvrages de Jean-Michel Frodon : Le cinéma chinois, Hou Hsiao-hsien et Le cinéma d’Edward Yang ; Le regard des ombres de Luisa Prudentino ; Ombres électriques de Raymond Delambre… Des ouvrages passionnants, tantôt introductifs, tantôt plus analytiques et précis. La force du Dictionnaire des cinémas chinois est d’être les deux à la fois. Les nombreux textes qui composent l’ouvrage forment un portrait quasi-exhaustif des cinémas chinois, tant les acteurs et actrices évoqués sont nombreux, de même pour les réalisateurs et les réalisatrices ainsi que les films de toutes les époques et ce qu’ils ont apporté au cinéma. Sa forme simple permet d’aller dans le même temps à l’essentiel sur le sujet décrit. Les textes sont connectés par des renvois entre eux.
Lorsque l’on se penche sur le cinéma de la Chine continentale, on peut s’intéresser au cinéma shanghaïen des années 1920 et 1930, auquel on peut accéder grâce à une exploitation vidéo. En revanche, les années Mao sont très troubles. Le dictionnaire permet de mettre largement en lumière cette période, ses enjeux en matière de cinéma et les films qui s’en sont dégagés. Il en est de même pour le cinéma hongkongais d’avant les années 1960 et le cinéma taïwanais d’avant les années 1980 (hors King Hu). Ce livre balaie largement, aux côtés des grands films diffusés en festivals, en salles et en vidéo, ceux auxquels nous n’avons pas accès et qui pourtant constituent aussi le cinéma chinois. Aux côtés des films et des personnalités, sont décrits donc des concepts, des enjeux, telle que la censure, les courants, la technique, l’accueil réservé aux film, les influences, en bref, les spécificités qui parsèment les cinémas chinois. À ce titre, le panel de rédacteurs se révèlent très convaincant, non seulement par leur profil (critiques ou universitaires), mais surtout par la qualité rédactionnelle qui témoigne d’une expertise réelle sur le sujet.
Le Dictionnaire des cinémas chinois est un ouvrage complet et pourtant aéré, qui aiguise les connaissances sur le cinéma chinois autant qu’il rend honneur à ses plus grands succès. Un livre somme, indispensable pour quiconque s’intéresse aux cinémas d’Asie.
Maxime Bauer.
Dictionnaire des cinémas chinois sous la direction de Nathalie Bittinger, paru en novembre 2019 chez Hémisphères Éditions