Netflix – Le Dernier jeu, de Kang Hyeong-cheol : Entre coolitude et polar violent

Posté le 11 novembre 2016 par

Netflix continue de développer son catalogue d’inédits asiatiques, parfois avec le meilleur (Le Scoop), parfois avec le pire (The Silenced). C’est aujourd’hui sur Tazza: The Hidden Card, qui devient sur Netflix Le Dernier jeu, que nous allons nous pencher. Le film, polar qui fait le grand écart entre deux genres, parvient-il à convaincre ?

Sorti en 2014, Le Dernier jeu était donc inédit chez nous jusqu’à ce que Netflix se l’approprie et si, comme toujours, l’on peut regretter une absence de sortie DVD ou Blu-ray (ou mieux, une sortie salles), il est tout de même agréable de pouvoir découvrir un inédit dans de bonnes conditions, et on ne peut que remercier Netflix pour cela.

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Derrière ce film, nous avons Kang Hyeong-cheol, réalisateur et scénariste, dont Le Dernier jeu est son troisième film. Mais avant cela, il s’agit d’un manhwa de Huh Young-man et de Kim Se-Young, que le cinéaste s’approprie pour livrer un mélange des genres assez surprenant. En effet, Le Dernier jeu essaie de mêler polar cool façon Ocean’s Eleven, avec la cruauté propre au polar coréen des années 2000 (A Bittersweet Life, Old Boy et consort). Le résultat est assez déstabilisant et, en soufflant le chaud et le froid, finit par avoir sa propre identité et créer un tout cohérent et plutôt intéressant.

Ham De-gil (Choi Seung-hyun) est un joueur de cartes (et tricheur) professionnel. Obligé de fuir sa petite bourgade pour la grande ville, et laissant derrière lui la femme qu’il aime, il plonge dans le jeu de cartes de haut niveau, et se retrouve mêlé à des combines aussi dangereuses que lucratives. Les débuts du film montrent une réalisation stylisée, mettant en avant le côté toujours détendu des protagonistes (et surtout du personnage principal). Les tics de réalisation, entre ralentis, gros plans, mouvements vifs, énervent rapidement, jusqu’à ce que le spectateur s’habitue à cette ambiance irréaliste semblant sortir tout droit d’un comic-book (le héros, après s’être enfoncé un couteau dans la main, sourit et s’allume une cigarette). En effet, Kang Hyeong-cheol cherche à créer des personnages typés, et des situations excessives, et en cela y parvient aisément.

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Mais, régulièrement, cette ambiance laisse la place au polar dans ce qu’il a de plus violent et cruel. Tortures, giclées de sang, violence dénuée de toute beauté, jaillissent alors, tétanisant le spectateur. Le grand écart est total, le changement d’ambiance si déstabilisant que cela ne fait qu’exacerber la violence de ces séquences. C’est évidemment ce que recherche le réalisateur, et il y parvient à la perfection.

Le résultat n’est pas équilibré, et Le Dernier jeu réussit mieux dans ses passages sauvages (ainsi, le début se révéle laborieux, avant que le film ne trouve son rythme), d’autant que Tazza : The Hidden Card est long (quasiment 2h30). Mais il est des plus intéressant, et possède une originalité et une identité qui lui sont propres et qui font qu’il mérite amplement le détour. S’il ne restera pas forcément dans les mémoires, il permet en effet de passer un très bon moment, osant un mélange des genres guère facile à mettre en place, et parvient à convaincre même le spectateur occidental qui pourrait avoir du mal à comprendre les règles du jeu auquel s’adonnent les protagonistes, les parties de cartes étant filmées comme des séquences d’action.

Yannik Vanesse.

Le Dernier jeu, de Kang Hyeong-cheol, 2014, actuellement disponible sur Netflix.

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