Blu-Ray / DVD – Kenshin Kyoto Inferno, d’Ohtomo Keishi : Réflexion sur la place des samouraïs dans la société

Posté le 30 juillet 2016 par

La trilogie Rurouni Kenshin d’Othomo Keishi arrive enfin en vidéo chez nous après plusieurs années d’attente et le tour des festivals (il a été diffusé au BIFFF entre autres). Après le premier volet sorti le 20 avril, Kenshin Kyoto Inferno est disponible actuellement en blu-ray et DVD, en attendant le troisème film et un coffret intégrale en octobre.

Les éditions sont de toute beauté, avec une belle image et une version originale agréable, le son mettant en avant la splendide musique rythmant le film, et comportent quelques bonus, assez maigres il est vrai (Kenshin Kyoto Inferno contient quelques interviews des acteurs).

Kenshin kyoto inferno

Le premier film, Kenshin le Vagabond, a donc donné lieu à deux séquelles, qui ont toutes deux vu le jour en 2014, deux ans après le premier opus. Ce dernier possédait donc une vrai fin, mais Kenshin Kyoto Inferno débute peu de temps après la fin des événements qui y étaient mis en place, et reprend tous les personnages qui mènent depuis une vie paisible. Notre héros, Kenshin (Satô Takeru), refuse toujours de tuer ainsi que d’enseigner son art, puisqu’il considère que sa méthode de combat n’est pas adaptée à la nouvelle ère du Japon. Cependant, les instances du gouvernement font appel à lui, car un terrible tueur (son successeur en fait) qui a survécu à son assassinat, va provoquer une insurrection, et seul le héros peut l’arrêter.

Le postulat est classique et peut se regarder comme un agréable manga-live se déroulant dans le Japon médiéval. Kenshin Kyoto Inferno est rempli de séquences d’action dantesques et magnifiquement chorégraphiés, ainsi que de moments diablement marquants (l’introduction, située dans une sorte de reproduction de l’enfer de Dante, un environnement en flammes avec des hommes chutant en hurlant pour être dévorés par le feu, est tétanisant). De plus, le méchant de l’histoire est tout bonnement inoubliable.

kenshin kyoto inferno 2

Mais, sans grande surprise, Kenshin Kyoto Inferno est bien plus que cela, et reprend les thématiques passionnantes du premier film, pour les approfondir, les creuser. Ce faisant, Ohtomo Keishi, réalisateur de cette trilogie, crée une fresque centrée sur le Japon médiéval et l’utilité des samouraïs. Car tout tourne autour de la terrible bataille qui a provoqué la fin du shogunat. Si le héros a laissé à ce moment là son sabre, décrétant qu’il refusait de tuer et voulait à tout prix s’adapter à la nouvelle époque, ce n’est pas le cas de tous. Le film, à travers ses personnages et leurs réactions, réfléchit longuement à ce que peuvent devenir les samouraïs dans une époque moderne. Ainsi, les créateurs de cette nouvelle ère n’hésitent pas à assassiner les tueurs qu’ils ont utilisés pour la créer, pour éviter que leurs actes ne rejaillissent sur eux mais aussi pour que le risque qu’ils prennent les armes contre eux n’apparaissent jamais. Bien entendu, en agissant de la sorte, ils créent des monstres qui vont les affronter…

Tout le film insiste intelligemment sur cet écart entre l’époque ancienne et la nouvelle, sur le côté anachronique et inutile du samouraï (quand Kenshin affronte un terrible méchant pour sauver un bébé, les passants fuient en criant que deux personnes n’ayant rien à faire dans ce monde s’affrontent). Mais le réalisateur met aussi en avant la nécessité de combattre, et aussi de tuer (ou pas), pour défendre les valeurs qui nous sont chères. Le personnage principal refuse ainsi de tuer, se battant avec un sabre inversé, et le méchant, qui peut facilement être perçu comme son double maléfique, cherche à faire ressurgir le plaisir de donner la mort chez le héros, arguant que seule cette envie pourra le conduire à la victoire.

kenshin kyoto inferno 3

Kenshin Kyoto Inferno est donc tout autant un film passionnant par ses thématiques qu’un superbe manga-live empli d’action. La réalisation est parfaite, la musique passionnante, les méchants tous plus iconiques les uns que les autres, les situations souvent apocalyptiques, et le film se paie même le luxe d’un petit côté steampunk du plus bel effet. Reste que contrairement à Kenshin le Vagabond, la fin est complètement ouverte, et on ne peut qu’attendre avec impatience le troisième volet pour voir comment s’en sortira le héros et comment se conclura cette fresque.

Yannik Vanesse.

Kenshin Kyoto Inferno, de Otomo Keishi. Japon. 2014. DISPONIBLE EN BLU-RAY, DVD et VOD chez Metropolitan Films le 20/07/2016.

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