En salles – Détective Dee II : La Légende du Dragon des Mers de Tsui Hark

Posté le 15 juillet 2014 par

Un des grands événements l’été est sans conteste la sortie en salles le 6 août du nouveau film de Tsui Hark, en 3D, Détective Dee II : La Légende du Dragon des Mers.

Tsui Hark est un des grands noms du cinéma, hong-kongais d’abord, chinois depuis que la ville a été rendue à la Chine. L’homme a en effet produit les deux premiers Syndicat du crime, qui ont permis, en Occident, de découvrir John Woo, et a réalisé le troisième volet de la saga (ce qui a provoqué un schisme entre les deux réalisateurs). Il a toujours réalisé des films, parfois un peu brouillons, mais toujours nantis d’une folie marquante, s’assagissant quelques fois légèrement comme lorsqu’il réalise les deux premiers Il était une fois en Chine (mais se rattrapa en la matière quand il revint par la suite sur la série).

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Le réalisateur a en effet toujours aimé les wu xia-pian. Il le prouve dès son premier film, Butterfly Murder, qui y rajoute un côté horrifique certes déstabilisant mais des plus intéressant. Et que dire de son remake du sabreur manchot, l’hallucinant The Blade ?

Il était revenu en 2005 sur le film de sabre, avec l’ambitieux Seven Swords, projet avec lequel il voulait créer tout un univers, avec plusieurs films, une série télévisée… Hélas, le succès mitigé de ce film certes classique mais passionnant, l’en a empêché, et il est parti vers d’autres univers. Tout d’abord le projet fou Triangle, dans lequel lui, Johnnie To et Ringo Lam réalisaient un polar, chacun s’occupant d’un tiers du métrage. Un film à l’idée géniale, et qui contient une unité et une cohérence qui forcent le respect.

Après deux autres films, il nous livre Detective Dee premier du nom, mélangeant complots à la Sherlock Holmes, combats nombreux, et légère critique de la dynastie chinoise. Le film marquait par sa folie, mais aussi par ses effets digitaux hélas franchement ratés. C’était en 2010, et l’année suivante, il expérimentait le wu xia-pian en 3D avec Dragon Gate, la légende des sabres volants. Young Detective Dee permet au réalisateur de reprendre ce personnage et cet univers, tout en y ajoutant la 3D.

Tsui Hark délaisse quelque peu, avec son nouveau film, les complots machiavéliques et le côté Sherlock Holmes, même s’il en garde une jolie base. En effet, notre jeune Dee sait lire sur les lèvres, déduit un certain nombre de choses dans la première partie du métrage, mais se retrouve rapidement à lutter contre de vils comploteurs cherchant à enlever une jeune femme très importante (Angelababy, toujours aussi sensuelle et inoubliable). La première partie du film est donc une enquête, dans laquelle Tsui Hark glisse une créature du lagon noir plutôt bien faite et, dans sa deuxième partie, Dee et ses compagnons vont lutter contre les méchants, et en particulier découvrir le Dragon des Mers du titre, impressionnant, lors d’un final des plus explosifs.

Avec son Young Detective Dee, le réalisateur préfère surtout développer son univers. Nous suivons ici, donc, la jeunesse du protagoniste, qui devient policier, fait la connaissance de l’impératrice, et nous apprenons pourquoi ses rapports avec la dite impératrice sont tendus dans le film précédent et, en fin de métrage, il obtient son bâton, si spécial, qui lui permet de rendre la justice.

Mais cette préquelle lui permet aussi de se laisser aller à des fantaisies comme il sait si bien faire, avec ici, un Dragon des Mers dont la présence plane, tout le long du métrage, telle une ombre fascinant et tétanisant les protagonistes, avant une confrontation finale proprement époustouflante.

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Cette fois-ci, les effets digitaux sont très soignés, mis à part une ou deux mauvaises incrustations à la fin du cheval marin, et le métrage est éblouissant, la 3D magnifiant encore l’effet. Cependant, dans l’envie généreuse du réalisateur de nous offrir le plus de choses possibles, Tsui Hark, avec sa 3D, envoie de nombreuses choses au visage du spectateur (mais sans abuser de l’effet), et utilise aussi la profondeur de champ. Ainsi, Young Detective Dee se révèle parfois quelque peu épuisant pour les yeux, mais montre la générosité habituelle du réalisateur. Les combats, que ce soit en ville, le long d’une falaise, ou lors de la rencontre avec le dragon des mers, prodiguent des effets effarants. Nous sommes loin de quelques séquences transformées en 3D, mais tout le film, filmé directement en relief sur le plateau, possède une profondeur de champs superbe.

Le scénario est simple, mais se révèle plein d’idées fantasques. De surcroît, le réalisateur continue à égratigner la dynastie chinoise, cette fois-ci les forçant à boire un antidote des plus déstabilisant, lors d’une séquence effarante, où le spectateur observe tous les dirigeants, de la famille royale aux ministres, jusqu’aux généraux, en train de boire des bols d’urine d’eunuque.

Tsui Hark s’autorise aussi à brasser diverses influences. Outre les classiques du wu xia-pian, des créatures fantastiques et de la créature du lagon noir, Tsui Hark offre une belle histoire d’amour, où les nombreux protagonistes principaux du film cherchent à plaire à Angelababy, proprement irrésistible.

Détective Dee II : La Légende du Dragon des Mers est ainsi une superbe préquelle à l’univers de son réalisateur, mais est aussi une fresque d’aventure grandiose à bien des niveaux, qui se doit d’être vue en relief.

Yannik Vanesse

Détective Dee II : La Légende du Dragon des Mers de Tsui Hark. Chine. 2013. En salles le 6 août.

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