Andrew Lau est de retour, avec une fresque historique, distribuée grâce à M6 vidéo.
La guillotine volante est une arme antique chinoise. Bien entendu, ses utilisateurs ne l’ont sans doute jamais appelée ainsi, mais pour les Occidentaux, ce terme, faisant référence à l’utilisation de l’arme et aux dégâts qu’elle provoque, reste très précis et permet immédiatement de visualiser la dangerosité de l’objet. De nombreux films ont utilisés la guillotine. Entre les mains d’Andrew Lau (qui réalise et produit le film), Guillotines devient une fresque historique, totalement à l’opposé de l’introduction du métrage.
En effet, après avoir expliqué à ses spectateurs que les guillotines sont non seulement des armes redoutables, mais aussi une caste de guerriers d’élite totalement dévoués à l’Empereur (et illettrés pour empêcher toute velléité de révolte), le réalisateur nous dévoile le groupe en action. A grands renforts de sauts et d’effets digitaux, nous découvrons ces guerriers d’élite découper quelques têtes, avec ce qui ressemble à une épée se dépliant un peu comme un fouet, un anneau d’acier lévitant au-dessus. Projeté, l’anneau s’ouvre pour s’enrouler autour de la tête, et un mécanisme (que la caméra nous montre en s’enfonçant à l’intérieur de l’objet) le modifie pour qu’il décapite l’infortuné. Le résultat est nanti d’une folie assez fascinante, mais se révèle quelque peu kitsch.
Cette séquence semble être la manière de dire : « Voilà quel type de métrage j’aurais pu faire, mais je n’en ai pas envie ». En effet, juste après cette introduction, Andrew Lau emmène ses spectateurs vers d’autres territoires, en présentant une fresque historico-philosophique. Car il y a peu de combats dans Guillotines. Après ce démarrage, nous découvrons le chef de ce groupe d’élite, aux prises avec un rebelle révolutionnaire. S’il est censé le tuer, il se retrouve plusieurs fois à discuter avec lui, et ses propos forcent notre soldat à réfléchir. En parallèle, Andrew Lau s’intéresse à ses rapports avec son ami d’enfance, élevé, lui, pour devenir un fidèle serviteur de l’Empereur, et chargé de surveiller les Guillotines. A cela s’ajoute l’émergence des armes à feu, semblant rendre inutile les terribles armes que sont les guillotines volantes, tout autant que leurs porteurs. En effet, la portée est moindre, et cette élite passéiste se retrouve stigmatisée comme symbole dérangeant d’une dynastie. Honneur contre efficacité, trahisons, armes traditionnelles contre modernité venue de l’Occident, de même que les raisons des paysans de se révolter et les différentes manières d’annihiler toute envie de rébellion, sont autant de thématiques distillées par ce film diablement dense en terme d’intentions.
Trop, peut-être. Ainsi, les protagonistes passent énormément de temps à discuter, marcher, regarder autour d’eux, et il ne se passe finalement pas grand chose dans Guillotines. Les personnages se posent de grandes et intéressantes questions, mais la caméra enlise quelque peu son spectateur dans ces questionnements. D’ailleurs, Andrew Lau prouve que les affrontements et l’action ne sont pas les choses qui l’intéressent le plus, en faisant se dérouler nombre de batailles hors-champs, ou en les résolvant rapidement.
Ainsi, malgré une ambiance intéressante et très sombre, et des thématiques passionnantes, Guillotines rencontre des problèmes similaires à Once Upon A Time in Vietnam. Trop prétentieux, le film pose en effet de grandes questions sur un postulat au potentiel fun assez magnifique, et déroule un canevas quelque peu ennuyeux, d’autant que le métrage s’étire en longueur. Il possède cependant de très beaux paysages, une belle ambiance, et des personnages intéressants.
En bonus, M6 Vidéo nous propose une intéressante interview du réalisateur (dans laquelle nous apprenons entre autres que le film a été tourné en 3D, ce qui n’est pas vraiment perceptible), et une autre, beaucoup moins utile, de l’acteur incarnant le révolutionnaire. Un making of terriblement promotionnel, et utilisant nombre de passages des interviews, complète l’ensemble.
Yannik Vanesse
Guillotines, d’Andrew Lau, disponible en DVD et Blu-ray, chez M6 Vidéo, depuis le 18 juin.