BIFFF – Control, de Kenneth Bi – Scénario manipulateur, dans une esthétique de science-fiction

Posté le 13 mai 2014 par

Kenneth Bi était venu présenter au public de la 32ème édition du Brussels International Fantastic Films Festival son dernier film, Control, qui a reçu une mention spéciale du jury international. Nous nous devions de parler un peu de cet intéressant métrage.

Dès les premières images, les influences de Kenneth Bi sont visibles. Il abandonne, avec Control, les territoires qui lui sont familiers. En effet, le réalisateur/scénariste, qui compte quelques films à son actif, est un habitué du drama. Control l’emmène sur les territoires du thriller tendance futuriste, avec une imagerie faisant immédiatement penser à Blade Runner. Plans de la ville léchés (la séquence d’ouverture est d’une beauté qui attire immédiatement l’œil), de grands buildings côtoyant une ambiance très Chinatown (même si le réalisateur a voulu éviter toute indication géographique), ainsi qu’une ambiance contemporaine, où se côtoient des éléments futuristes, comme les hologrammes apparaissant sur les portables quand ils sonnent. Ces ajouts ne sont pas nécessaires à l’intrigue, très contemporaine par son postulat et son déroulement, mais apportent une esthétique intéressante, d’autant que les effets digitaux les mettant en scène valent le détour. Cela provoque chez le spectateur une étrange dichotomie. En effet, on ne peut que saluer le réalisateur, qui ose des choix graphiques intéressants, et réussit à les mettre en place, sans effet cheap, mais donnant une ambiance léchée, une imagerie magnifique. Mais de l’autre côté, cela n’apporte rien à l’histoire, et l’on se demande s’il ne s’agit pas de poudre aux yeux, comme des mouvements de caméra complexes pour émerveiller sans raison par sa maestria.

Control

Au niveau de l’histoire, le spectateur ne peut s’empêcher de penser à Usual Suspect, avec son scénario manipulateur, où un personnage raconte son histoire à un adversaire. Son récit est émaillé de nombreux flash-back, et qui se révèlent au final forcément erronés, lors d’un twist effarant dans les dernières minutes. Si ce retournement de situation tient la route, il se conclut par un trop long épilogue plein de bons sentiments, durant lesquels les influences drama de Kenneth Bi se font particulièrement ressentir et offre un dernier petit twist laissant perplexe quant à la légitimité de la vengeance du personnage principal En effet, il révèle que le héros est finalement le responsable des événements à propos desquels il souhaite se venger.

Les deux personnages s’affrontant ainsi sont Daniel Wu, vu entre-autre dans L’Homme aux poings de fer, et Simon Yam, dont le charisme s’étend sur tout l’écran, malgré des tenues quelque peu décalées qu’il porte tout le long de Control.

Kenneth Bi réussit aisément à entraîner le spectateur dans son sillage. Une intrigue mystérieuse, une esthétique léchée, permettent de plonger dans cet intriguant métrage, nanti de quelques séquences un peu sanglantes, et de plusieurs fusillades dynamiques. Cependant, quand les clés commencent à être révélées, le soufflé retombe un peu. La révélation de l’intrigue est ainsi assez prévisible, finalement, et plutôt classique dans son histoire de vengeance, sans parler de l’épilogue s’étirant bien trop, et frisant le ridicule, avec ces personnages se serrant tour à tour dans leur bras en exprimant leur amour.

Cependant, Kenneth Bi a réussi à offrir une véritable patte graphique au métrage, et à s’essayer à quelque chose de différent, et l’intention ne peut qu’être salué. Control est ainsi un film certes très imparfait, mais des plus intéressant et qui mérite grandement le détour.

Yannik Vanesse

Control, de Kenneth Bi, diffusé dans le cadre de la 32ème édition du Brussels International Fantastic Films Festival

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