BIFFF – The Fives, de Yeon-shik Jeong : la vengeance se déguste froide !

Posté le 6 mai 2014 par

Projeté dans le cadre de la 32ème édition du Brussels International Fantastic Films Festival, The Fives était tout autant la première réalisation de Yeon-shik Jeong et l’adaptation du webcomic du même nom.

The Fives se révèle un thriller certes imparfait, mais nanti de grandes qualités, à commencer par son scénario. Posé sur la trame classique de l’histoire d’un tueur en série particulièrement sadique, et d’une vengeance, le métrage se démarque par la méthode pour parvenir à ses fins.

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Un meurtrier particulièrement sadique se rend dans une famille, après avoir échangé quelques mots avec la fillette qui y réside. L’enfant se rappelle en effet l’avoir vu, la veille au soir, avec sa future victime, qu’elle connaissait. Ne voulant pas prendre de risque, il s’introduit dans la maison pour massacrer tout le monde. Eun-ah, la mère de la fillette, s’en sort, mais horriblement blessée. Elle se retrouve dans un fauteuil roulant, alors que sa fille et son mari sont morts sous ses yeux. Après que son médecin ait essayé de la tuer pour prendre ses organes, car elle dispose d’un groupe sanguin très rare, et qu’en achetant clandestinement une arme elle se retrouve malmenée, elle comprend qu’elle ne pourra pas se venger seule, et qu’elle dispose d’un moyen de pression. Elle contacte plusieurs personnes, aux capacités diverses (détective, ancien militaire, journaliste) et qui ont tous une personne malade, au groupe sanguin identique au sien. Son pacte est simple : ils lui amènent le tueur, pour qu’elle le regarde mourir, et elle leur offre sa vie et ses organes.

La première partie du métrage est ainsi diablement intéressante.Présentant un tueur particulièrement effroyable et malsain, et des personnages principaux n’agissant que pour tuer l’héroïne, le film captive. Le spectateur assiste ainsi à plusieurs séquences où les divers protagonistes essaient de tricher, contactant des criminels pour lui voler ses organes. Déstabilisant, ce postulat de présenter des personnages tous aigris, manipulateurs, calculateurs, même s’ils agissent pour sauver une personne qui leur est chère, est un parti pris osé et passionnant. Hélas, en milieu de métrage, les personnages entendent l’horrible histoire d’Eun-ah et acceptent de l’aider, touchés à tel point que, dans son épilogue, ils refuseront de la tuer.

Cependant, cette deuxième partie permet de mieux cerner le tueur en série et, en le présentant toujours plus dangereux, implacable, fou, la tension reste palpable, et l’exploration de son antre est un grand moment particulièrement malsain. Cependant, le réalisateur se rate quelque peu dans certains choix. Voir le tueur se faire avoir par notre militaire, qui ne l’attache pas avant d’aller fumer une cigarette, est quelque peu agaçant, par exemple. Sans surprise, le méchant en profite pour reprendre le dessus. De même, le final, par son côté Agence tous risques en fauteuil roulant, frise dangereusement le ridicule.

Ces choix empêchent The Fives d’être une réussite totale, de même que la durée un peu trop conséquente, qui n’évite pas les longueurs. Ainsi, après l’attaque de la famille de l’héroïne, particulièrement barbare, le métrage prend le temps de s’installer, présenter Eun-ah après son réveil, sa vie misérable, sa haine qui la dévore, l’incapacité des policiers à trouver le tueur. Ces séquences sont classiques, prévisibles, et prennent un peu trop de temps. Heureusement, en ayant positionné une scène délicieusement tendue pour débuter, le spectateur sait ce qu’il peut espérer, et cela permet d’éviter l’ennui quand le métrage s’est assagi.

Ainsi, The Fives est imparfait, mais représente un thriller très fréquentable, offrant une histoire de tueur assez estomaquante, qui mérite amplement le détour.

Yannik Vanesse.

The Fives, de Yeon-shik Jeong, projeté dans le cadre de la 32ème édition du Brussel International Fantastic Films Festival.