Un nouveau thriller coréen arrive en DVD, grâce à France Télévision Distribution, dans une édition hélas dénuée de tout bonus.
Dès les premières images du film de Jeong Byeong-gil, le spectateur se retrouve précipité dans une scène d’action aussi violente qu’outrancière. Nous comprenons tout de suite qu’un policier intrépide poursuit un vil tueur implacable. La séquence est dynamique, sauvage, accrocheuse, mais peu crédible. Cependant, il est aisé de se préparer à se laisser emporter dans un thriller faisant fi de la réalité. Jeong Byeong-gil (aussi scénariste) prend l’efficace parti de faire débuter son métrage par une scène d’action, ce qui permet de mettre le spectateur immédiatement en haleine. Cette manière de faire n’est certes pas nouvelle, mais elle fonctionne toujours.
Hélas, le réalisateur/scénariste n’arrivera jamais à décider s’il veut verser dans le polar d’action intense, ou dans le thriller sombre, et l’oscillation entre les séquences crée une dichotomie assez peu équilibrée. Ainsi, Confession of Murder est nanti de scènes assez folles, entre humour presque Benny Hill dans certaines courses-poursuites (l’enlèvement du tueur en série par les parents des victimes est aussi palpitante qu’amusante) et action débridée (un peu gâchée par des effets spéciaux quelque peu ratés et des ralentis inutiles lors de l’utilisation d’arbalètes). En effet, les ralentis cherchent à magnifier les compétences de certains personnages, qui prennent la pose, mais juste après le réalisateur nous les montre comme une bande de bras cassés incompétents, et le mélange des deux n’est pas très digeste.Ces scènes amusent cependant, et ne distillent aucun ennui, mais elles se prêtent mieux à une comédie d’action qu’à un thriller au pitch aussi sombre.
En effet, Confession of Murder raconte la poursuite d’un tueur en série, qui disparaît des années après avoir fait une dernière victime et avoir blessé le policier le poursuivant. Ce tueur est magnifié par la réalisation, et Jeong Byeong-gil sait utiliser l’obscurité de manière magnifique pour faire disparaître son méchant, tel un fantôme impossible à attraper. Tout à coup, le lendemain de la fin du délai de prescription, le tueur publie un livre racontant ses crimes. Le policier, qui l’a poursuivi si longtemps, ne rêve que d’une chose : le condamner. Les parents de ses victimes ont un désir de vengeance qui les dévore (leur rencontre fait immanquablement penser à Lady Vengeance) et vont tout mettre en œuvre pour réussir à l’enlever, forçant son pire ennemi à le protéger.
L’histoire est sombre et passionnante, mais hélas, le twist final est perceptible très tôt et, non seulement se révèle sans surprise, mais rend difficilement crédible certains moments du film. De même, les dernières images de Confession of Murder, joli happy-end plein de sourire, ne peut que déstabiliser quelque peu. Le scénariste brasse aussi de nombreuses thématiques sur l’utilisation des médias pour parvenir à ses fins, le désir de reconnaissance, l’étique confrontée à la recherche d’un scoop. Le message n’est ni subtil, ni nouveau (Cannibal Holocaust distillait, des décennies avant, les mêmes thématiques, mais de manière bien plus percutante), mais plutôt bien maîtrisé.
Confession of Murder n’est pas ennuyeux, mais hélas ne restera pas dans les mémoires. Il est dommage que Jeong Byeong-gil n’ait pas su choisir entre comédie d’action et polar sombre et désespéré, car ces deux éléments, pris séparément, possèdent de nombreuses qualités. Il s’agit du deuxième film de son auteur (le premier étant un documentaire) et, avec si peu d’expérience, l’esthétisme et la réalisation montrent déjà de grandes qualités, même si les effets spéciaux auraient mérité d’être plus travaillés. Si les personnages sont classiques dans leur construction, ils ne sont pas caricaturaux pour autant et, campés par de très bons acteurs, sont très crédibles dans leur rôle. Reste que le mélange entre ces deux ambiances si différentes a du mal à prendre, et c’est fort dommage. Confession of Murder mérite cependant le détour et permet de passer un moment plaisant.
Yannik Vanesse
Confession Of Murder, de Byeong-gil, disponible en DVD et Blu-ray chez France Télévision Distribution à partir du 19 février 2014