New World de Hoon-jung Park : Quand le sang et les larmes coulent à flot !

Posté le 1 novembre 2013 par

Traiter de la guerre entre une organisation criminelle et la police est chose courante. Hoon-jung Park parviendra-t-il, dans ce New World, à transcender ce chemin tellement arpenté ?

Le réalisateur, aussi scénariste de ce New World (du nom de l’opération lancée secrètement par la police) décide, pour capter immédiatement l’attention de ses spectateurs, de commencer son film par deux scènes chocs, à savoir une séquence de torture sauvage et sanglante, et un accident de voiture aussi surprenant que brutal. Ce choix est une très bonne technique car le spectateur découvre ensuite pléthore de personnages réagissant à cet accident, qui provoque la mort du dirigeant de la plus grande organisation criminelle de Corée, et il n’est pas facile au début de s’y retrouver. Ainsi, en captant immédiatement l’attention, Hoon-jung Park s’arrange pour que nous fassions en sorte de suivre ce scénario assez référentiel mais passionnant. En effet, difficile de ne pas penser à Election, le chef-d’œuvre de Johnny To, devant cette guerre pour la succession, ou encore à Infernal Affairs, avec ce policier infiltré depuis dix ans, haut placé dans la chaîne de l’organisation criminelle. Pourtant, l’histoire n’en est pas moins passionnante et extrêmement manipulatrice, le réalisateur/scénariste plaçant quelques twists, révélés aux bons moments grâce à des retours en arrière qui dévoilent sous un autre jour ce que le spectateur pensait pour acquis.

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Mettant de côté l’action, il se focalise ainsi sur ses personnages, ses dialogues, et la manipulation de tous, en décidant de rendre ses personnages tous plus pourris les uns que les autres, les membres des forces de l’ordre se révélant rapidement être pires que les gangsters. Les policiers, en effet, ont décidé d’influer sur la succession, et usent pour cela des moyens les plus infâmes qui soient, lançant une guerre entre les factions, sacrifiant les innocents, et bien d’autres techniques assez atroces. Quand la violence survient, elle s’éloigne ainsi de tout esthétisme pour être sale, violente et effroyablement sanglante, rappelant ainsi les grands polars coréens hard-boiled, Old Boy en tête. Le réalisateur évite ainsi tout gunfight, pour privilégier les combats au couteau ou à la batte de baseball. La seule utilisation d’un revolver n’est là que pour abréger les souffrances d’une victime avant qu’elle ne soit atrocement torturée. Le réalisateur s’octroie même une séquence de combat au couteau dans un ascenseur, filmée de dessus, qui n’est pas sans rappeler une des scènes mythiques du chef-d’œuvre de Chan-wook Park.

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La réalisation est très belle, souvent posée pour s’intéresser aux personnages, et devenant des plus dynamiques lors des quelques scènes d’action, se rapprochant des flaques de sang pour que le spectateur soit au plus près de l’horreur. Il pleut aussi beaucoup dans ce film, mais les raisons de cette déferlante céleste sont très éloignées de celles d’un The Grandmaster. Si Wong Kar-wai avait en tête l’esthétisme pur, Hong-jung Park veut instaurer un climat morose, il cherche à insister sur la pourriture que la pluie ne peut laver. Les seuls moments où le soleil brille ne sont que des séquences où la luminosité de l’astre ne fait qu’accroître l’horreur de ce qui se déroule sur Terre.

New World est ainsi un polar énervé et jusqu’au boutiste, au scénario complexe et passionnant et aux personnages intéressants, dont l’évolution se fera dans le sang et les larmes.

En bonus, TF1 Vidéo nous offre un très court making-of, n’apportant hélas pas grand-chose, le spectateur découvrant quelques séquences de bêtisier et ayant un très rapide aperçu des cascades. L’interview du réalisateur, par contre, est plutôt intéressante, même si voir Hoon-jung Park expliquer qui est Johnnie To à la journaliste, qui lui demande s’il est coréen, reste un moment assez surréaliste !

Yannik Vanesse

New World, disponible en DVD depuis le 16 octobre chez TF1 Vidéo.