Prisonner Of Power – Battlestar Rebellion (cut international) de Fedor Bondarchuk (DVD)

Posté le 2 juillet 2013 par

Il y aurait beaucoup à dire sur le cinéma d’action russe moderne, réponse au cinéma patriotique hollywoodien. Dernier métrage en date, Prisoners of Power – Battlestar Rebellion arrive chez nous. Sorti sous forme d’une mini-série de cinq heures, il est édité chez Factoris Film dans deux versions. Si l’une d’elles est l’édition intégrale en version originale sous-titrée, celle qui est critiquée ici est amputée pour arriver à une durée d’un peu moins de deux heures, et en version française uniquement. Par Yannik Vanesse.

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L’action se déroule en 2157. Une voix off d’un lyrisme endiablé expose la situation utopique de l’humanité à cette époque. Voyages dans l’espace, avancée tellement forte de la médecine que les humains sont devenus bien plus résistants, et bien d’autres choses appartiennent à présent aux Terriens. Max, notre héros (incarné par Vasily Stepanov), a 20 ans et voyage dans l’espace. Dès les premières images, le côté beau gosse niais du héros blondinet marque les esprits, alors qu’une réalisation tapageuse multiplie sans raison les mouvements de caméra à travers le vaisseau, se faufilant dans les conduits d’aération et virevoltant dans l’espace.

Le vaisseau est plutôt bien fait et, alors qu’il s’écrase sur une planète perdue, il est possible d’apprécier les effets spéciaux de bonne qualité, entre effets digitaux et réels. Le reste de l’histoire conduit Max à découvrir la civilisation de cette planète, très martiale et dirigée par des Pères Inconnus, et contrôlée par des diffuseurs d’ondes mystérieuses qui inhibent leur libre arbitre.

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Et là, quelques problèmes apparaissent, il faut bien l’admettre. Fedor Bondarchuk, acteur prolifique qui incarne d’ailleurs un des personnages clés, et réalisateur de Battlestar Rebellion, n’est pas homme à faire dans la subtilité. Séquences d’action stylisées en diable post Matrix (ralentis, envolées, mouvements de caméra et musique patriotique), peu de recherche sur le respect des voyages spatiaux (le héros, après s’être écrasé, sort en débardeur hors de sa navette, sans le moindre contrôle préalable de son environnement) et amourette entre Max et la jolie Rada (Yuliya Snigir) digne d’une bluette adolescente, avec musique douce, sourires niais et coucher de soleil pour donner un effet de contre-jour.

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Cependant, c’est sur le scénario qu’il est nécessaire de se pencher. En effet, Fedor Bondarchuk semble vouloir marier le style hollywoodien et une ambiance terriblement russe. Le message – parfois dérangeant – sur la militarisation nécessaire, sur l’importance d’une révolution et sur le besoin de faire travailler les masses laborieuses pour les empêcher de réfléchir et de faire n’importe quoi, est presque communiste. Il ne manque que la faucille et le marteau et, à certains moments, Battlestar Rebellion fait penser, à travers les idées qu’il lance, à une version bourrine d’Aelita, chef-d’œuvre du cinéma de science-fiction russe datant de 1924. Le réalisateur mélange cela à un débordement d’action très américain des années 2000 (on est parfois quasiment dans un film de super-héros, ce que voulait sans doute le réalisateur, comme le prouve le générique ressemblant à un comic-book). Il manque cependant la subtilité nécessaire à ce genre de production. Les mouvements de caméra à outrance, sans véritable justification, et la tentative d’iconisation de trop de personnages, dérangent en effet quelque peu. D’autant que le héros est vraiment énervant, avec son côté trop propre, trop beau gosse, trop lisse.

Deux autres problèmes apparaissent pendant la vision du film, qui n’ont rien à voir avec le métrage lui-même. L’histoire est certes patriotique et bourrine, mais tente de dresser le portrait d’une civilisation et d’une rébellion, mais aussi d’une guerre avec une autre peuplade. Une histoire dense que Fedor Bondarchuk a voulu raconter en un peu plus de cinq heures. En sabrant violemment dedans pour le faire passer à moins de deux heures, le spectateur se retrouve avec des ellipses sauvages et a du mal à rester accroché à cette histoire, qui devient, dans sa deuxième moitié, à la limite du compréhensible. On se croirait revenu au temps des vieilles VHS, avec les premières distributions de films tels que La 36ème chambre de Shaolin, qui ne gardaient que les séquences d’action.

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L’autre souci vient des personnages, dressés avec le manque de subtilité propre au reste du film. Ainsi, ils passent beaucoup de temps à avoir deux expressions (colère et cri, tristesse et désespoir) mais les doubleurs français sont hélas en totale roue libre. Le film verse parfois dans un ridicule involontaire, digne des versions françaises des bisseries italiennes des années 80, et c’est quelque peu dommage.

Yannik Vanesse.

Verdict : Battlestar Rebellion, dans son cut international, révèle quelque chose d’intéressant sur le paysage cinématographique russe actuel. Mais hélas, il lui manque la subtilité nécessaire pour en faire une grande fresque de bataille. Cependant, il donne vraiment envie de découvrir l’édition complète, pour voir son scénario dans son intégralité et dénué des incohérences le rendant difficile à suivre. De même, le voir en version originale permettrait de supprimer les doublages calamiteux accentuant le peu de subtilité des personnages.

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Prisoners of Power – Battlestar Rebellion est disponible en DVD chez Factoris Film en édition intégrale et en version écourtée.

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