Asia Holic présente : Couleur de Peau: Miel par Asian Mood

Posté le 24 avril 2013 par

AsiaHolic, le site de référence sur les sites consacrés à l’Asie, s’associe à East Asia pour vous présenter les meilleurs textes issus de blogs. Cette semaine, mise en lumière du blog de Noona Lisa, Asian Mood, consacré à toutes les cultures asiatiques (musique, cinéma, drama…). Afin de connaitre un peu plus son univers, nous vous proposons de lire son article consacré au documentaire animé Couleur de peau: Miel. Un article de Noona Lisa à retrouver ici.

couleur de peau miel affiche france

INFOS

Titre : Couleur de peau : miel

Réalisation : Laurent Boileau et Jung Sik-jun

Production : Thomas Schmitt, Patrick Quinet et Nicolas Piccato

Pays : Belgique, France

Durée : 75 minutes

Dates de sortie : France : 6 juin 2012 Belgique : 13 juin 2012

DVD : Oui

TRAILER

CASTING

Jung : lui-même Maxym Anciaux : Cédric à 8 ans Cathy Boquet : Gaëlle à 14 ans Mahé Collet : Valérie à 3 ans Christelle Cornil : La mère adoptive de Jung William Coryn : Jung adulte Jean-Luc Couchard : Le père adoptif de Jung Aaricia Dubois : Coralie à 8 et 6 ans Alayin Dubois : Coralie et Gaëlle à 5 ans Arthur Dubois : Jung à 8 ans Nathalie Homs : Bonne Maman David Macaluso : Jung à 17 ans Jazz Marlier : Catherine à 7 ans et Valérie à 12 ans David Murgia : Cédric à 17 ans Pauline Souren : Carole et Valérie à 12 ans Leo Van Bever : Jacques

SYNOPSIS
En 1971, Jung, un petit Coréen, déboule en Belgique, adopté par un couple qui a déjà 4 enfants. Il est l’un des 200 000 enfants expatriés dans le monde entier, à cette même époque. Oubliant peu à peu l’orphelinat, il se confronte à d’autres épreuves au fur et à mesure qu’il grandit. Où est sa mère? Qui est-elle? Pourquoi l’avoir abandonné? A-t-il sa place dans sa nouvelle famille? Où doit-il implanter ses racines? Autant de questions qui le mèneront à renier ses origines alors qu’il entreprend une quête intérieure à la recherche de sa véritable identité.

L’AVIS PERSO DE NOONA

Ce film à mi-chemin entre le film d’animation et le documentaire est une adaptation de l’oeuvre graphique autobiographique de Jung, parue en 2006. Les dessins en noir et blanc font inévitablement penser à un manga, bien que le format n’ait rien à voir avec ce support. Lorsque Laurent Boileau découvre la BD, il a en tête d’accompagner Jung en Corée afin de filmer le retour d’un homme déraciné qui (re)découvre son pays natal.

Puis, l’idée d’un long métrage s’impose. La version papier trop riche en descriptions, plus noire dans les émotions, il est décidé que l’adaptation se ferait avec des couleurs chaudes, comme le sépia qui est associée aux souvenirs, ainsi que sur un ton plus léger ponctué d’une pointe d’ironie. Pour ce faire, l’histoire est relatée par une voix-off qui étale les pensées du protagoniste. Mélange subtil de 3D, 2D, film documentaire et séquences en super 8, tournées à l’aide d’une caméra domestique, le résultat emporte petits et grands, dans un tourbillon de sentiments pour une immersion totale dans la vie de cet enfant arraché à sa patrie. Pour moi, cette oeuvre est une perle de par son originalité mais aussi de par le message qu’il porte. L’auteur nous offre une introspection dans son intimité emplie de sincérité et de générosité. Il se livre d’un trait mettant ses doutes et ses questionnement à nu.

À la recherche de son moi profond, qu’il devra construire tout au long de son existence, il nous expose sa souffrance longtemps étouffée. Le processus qu’il suit est commune à bien des enfants issus de l’adoption Coréenne. Intégrés dans des familles occidentales qui ne leur ressemblent pas physiquement, ils perdent leurs repères. Pour Jung, ce déséquilibre se traduit par le rejet du pays où il a vu le jour. Puisque la Corée ne veut pas de lui, alors il renie la Corée. Point final.

C’est ainsi qu’on le voit, vers l’âge de dix ans se diriger vers le Japon, « ennemi » du Pays du Matin Calme, plongeant dans l’univers des personnages d’animés. Il refuse tout contact avec les autres adoptés et c’est quasiment une tragédie quand ses parents adoptifs ramènent une autre petite Coréenne à la maison. Il la déteste immédiatement. Il faudra attendre son adolescence et la rencontre d’un couple Coréen pour qu’il commence à accepter le sang qui coule dans ses veines. Pour autant, il lui est impossible d’oublier cette mère biologique qui, un jour, l’a laissé seul face au monde. Malgré l’attachement timide qu’il porte à celle qui l’élève, il ne peut s’empêcher de fantasmer et d’idéaliser cette autre femme en hanbok qui se promène dans les champs, une ombrelle à la main. Cette femme faite de douceur qu’il espère secrètement retrouver. Il se sert du dessin qui devient son meilleur exutoire. La pointe de son crayon le guide à travers des souvenirs refoulés qu’il retranscrit sur le papier et qui donnera naissance à cette autobiographie bien des années plus tard. Car oui, il aura fallu plus d’ une vingtaine d’années à Jung pour entreprendre une bataille contre le mal qui le ronge. C’est en approchant la quarantaine qu’il décide de prendre le taureau par les cornes et donc, d’embarquer à bord d’un avion en partance pour la Corée du sud. Voyage étrange dont il est revenu mitigé et quelque peu éprouvé mais toujours sans réponses concluantes. Il est celui qui en parle le mieux. Je vous invite à écouter ses impressions:

Ce que nous révèle Jung est un témoignage que j’ai déjà entendu de la bouche de différents adoptés. Ce sont des récits poignants à chaque fois. Une sorte de vécu aigre-doux.
Beaucoup ont pu retrouver et renouer avec leurs familles biologiques. Même si c’est une chance, les vestiges d’un mur invisible réside entre l’adopté et les siens, qui ne le sont plus réellement. L’étiquette « étranger » continue de lui coller à la peau.
Sans parler de la colère contre les institutions qui ont rendu tous ces enfants aptes à l’adoption comme s’ils n’étaient que de la marchandise.
Jung en fait mention au début du film lorsqu’il relate l’épisode du bleu qu’il avait à l’oeil et qui avait été confondu avec un « défaut de fabrication ». Ce qui m’a rappelé cette autre personne qui, après avoir eu son dossier d’adoption sous les yeux, remarqua que celui-ci était estampillé du « label » BEAUTIFUL EYES. Un détail qui lui laissa un goût amer. Un si joli compliment qui la condamna à l’exil.
Mes directives pour COULEUR DE PEAU: MIEL?
Hé bien… Il est juste impératif de le voir! Vous êtes prévenus! Si vous aimez, un tant soit peu, ce qui se rapporte à la Corée du Sud, alors vous DEVEZ vous intéresser à ces enfants qui ont grandi tant bien que mal et qui se trouvent parmi vous.
Et même si la Corée ne vous parle pas tant que ça, le regarder est une obligation. J’insiste.
Tendre, drôle, dérangeant et profond à la fois, il s’adresse à tous les âges. Les grands s’y retrouveront avec la voix off quelque peu piquante par moment. Les plus petits verront un film d’animation dont le héro est un petit garçon rigolo qui fait des bêtises à la maison et à l’école.
C’est une belle leçon de vie et à mon humble avis, il serait bon de le diffuser dans les écoles, de façon pédagogique. Les petites têtes à claques embrasseront peut-être leurs mamans à l’heure du goûter!Pour finir et à condition de vouloir en savoir toujours plus sur l’histoire des ces adoptions, ou bien encore sur l’envers du décor du film, n’hésitez pas à parcourir le site officiel qui est, à mon sens, ludique et rudement bien fignolé.
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