DVD – Generation War de Philipp Kadelbach : L’Enfer sur Terre

Posté le 29 novembre 2013 par

S’il est un conflit qui a marqué l’histoire, c’est bien la Seconde Guerre Mondiale. Generation War, mini-série en trois épisodes, plonge dans ce conflit au parfum d’Enfer sur Terre.

Les adaptations cinématographiques – et même vidéoludiques – de la Seconde Guerre Mondiale sont nombreuses. Cependant, la plus grosse partie arrive des Etats-Unis. Si elles ne sont pas forcément patriotiques pour autant, elles dévoilent donc fort logiquement un pan bien particulier de la guerre, que ce soit la lutte contre le Japon, ou encore le débarquement des Américains en Europe. Generation War, de part son postulat et sa nationalité, attire tout de suite l’oeil. En effet, il s’agit d’une production allemande réalisée par Philipp Kadelbach, se penchant sur le conflit entre les Allemands et les Russes, du côté allemand.

generation war

Un postulat dangereux, inquiétant, qui peut facilement verser dans le pathos trop fort ou dans l’horreur la plus totale. Pour contrer cela, le réalisateur et son scénariste Stefan Kolditz, décident de se concentrer sur quelques personnages. Pas de panorama étendu du conflit ici, avec réunions d’états majors ou vision de Hitler, juste cinq héros, et un réalisateur nous plongeant à leur côté dans cet enfer. Les personnages principaux permettent, cependant, de découvrir les divers côtés de cette guerre. Deux frères, l’un vétéran, l’autre jeune recrue, s’en vont au combat, persuadés de faire une promenade de santé, et d’être rentrés avant Noël. Charlie est infirmière et suit les combats depuis un hôpital de campagne. Greta reste derrière et veut, d’une part, être chanteuse, devenir une véritable star, et d’autre part aider son ami Viktor, juif de son état. Ce dernier va découvrir à quel point le statut des Juifs se dégrade en Allemagne, et finit par être déporté puis s’évade.

Bien sur, l’évolution des personnages est assez prévisible, la jeune recrue devenant un véritable guerrier sans âme, Greta et le lieutenant découvrant la désillusion, et Charlie, se plongeant dans le sang et les larmes de la médecine sur le front, n’en sort pas indemne. Mais, grâce à des acteurs époustouflants parvenant à retranscrire la naïveté du début, et la dégradation de leur état d’âme, le spectateur se voit plongé dans un conflit qu’il a beau connaître, mais qui pourtant le surprend, de par son point de vue, son réalisme, et son désir de justesse dans le propos.

Aucun manichéisme ici, en effet. Les exactions de la Gestapo ne sont pas excusées ni justifiées, mais les protagonistes importants ne sont pas dépeints comme des héros tout autant, de même que ceux luttant contre les Nazis. La guerre est sale, révélant le pire côté de chacun, comme le dit si bien un des personnages, et le spectateur ne peut qu’être bouleversé alors que les images et la voix off, racontant les désillusions, le désespoir, l’horreur, l’envahissent. L’ajout d’images d’archives, à des moments choisis, ne fait que renforcer le malaise, l’horreur, la puissance de cette œuvre essentielle.

Il y a peu de séquences guerrières dans Generation War, et ces dernières utilisent un peu trop la caméra sur l’épaule. Mais le but est ailleurs, et il est atteint. Nous plongeons dans les pensées des personnages, suivons leur destin tragique jusqu’à un dénouement connu mais atroce, laissant un goût amer en bouche. Si Philipp Kadelbach rate la mort d’un de ses héros par une trop grande utilisation du ralenti, ce n’est qu’une faute mineure, pour un spectacle bouleversant et osé. Generation War est un grand moment de cinéma réussissant le pari osé qu’il s’est imposé. Émaillé d’images d’archives, montrant un énorme travail de recherche et de réflexion, il dévoile un pan de l’histoire sous un jour trop souvent tabou et évite les pièges de ce genre de travail. Difficile de ne pas être marqué par de nombreuses séquences de cette série, comme la débâcle sur fond de message de propagande, la découverte d’un premier charnier, ou la mort d’une enfant dont le seul crime était d’être juive.

En bonus, une master class du scénariste et du producteur révèle un passionnant discours sur les difficultés rencontrées, les notes d’intention et l’impact du film. Si le making of est un peu auto-congratulant et un peu court par rapport à la densité d’une telle œuvre, il n’en reste pas moins plaisant à regarder, et très intéressant. L’interview des cinq acteurs principaux est un peu courte, mais dans l’ensemble, permet de percevoir ce qu’ils ont ressenti en plongeant dans de telles situations.

Generation War, disponible en DVD et Blu-ray chez Pyramide depuis le 20 novembre 2013.

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