Belenggu de Upi Avianto (BIFFF)

Posté le 18 avril 2013 par

Aujourd’hui, pris par un excellent film anglais bourré d’humour noir (May I Kill U) et une interview passionnante avec Sakaguchi Tak, Yamaguchi Yudai et Makino Keisuke, votre serviteur ne put voir qu’un seul métrage eastasien, mais pas n’importe lequel. En effet, une plongée dans le cinéma indonésien n’est pas chose aisée à faire et ne se refuse pas. Alors, ce voyage méritait-il le détour ? Par Yannik Vanesse.

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Night Of The Lepus

Belenggu de Upi Avianto

Upi Avianto, scénariste du film tout autant que réalisateur, est une cinéaste plutôt expérimenté. elle a dirigé et scénarisé de nombreux films, avant de s’attaquer à cette histoire à l’affiche intrigante qui prendra tout son sens dès le début du métrage.

Dès les premières images, les premières scènes, les influences du film sont tout de suite reconnaissables. David Lynch et Donnie Darko se rencontrent ici. Et si les influences ne sont pas suffisamment digérées, les idées restent intéressantes, et font verser Belenggu dans un mystère malsain qui interpelle le spectateur. Ce dernier suit les lentes pérégrinations du personnage principal, Elang (incarné par Abimana Aryasatya), entre son travail de barman et sa vie dans une petite pension délabrée, alors qu’un meurtrier sévit dans la ville. Le pauvre homme est hanté par des visions de sang, de lapin tueur, et d’une femme en rouge sublime (Imelda Therinne, d’une grande sensualité). On comprend aisément que derrière cela se cache la folie, ou une histoire de revenants cherchant à communiquer avec les vivants, mais sans trop savoir où va nous mener cette histoire. Certes, tout n’est pas parfait dans ces visions. Le sang n’est pas toujours crédible (mais abondant) et le théâtre surréaliste que visite le héros fait trop penser à une scène similaire dans Mulholland Drive pour être vraiment apprécié, mais l’ambiance est suffisamment perturbante et malsaine pour que le spectateur ait envie de se laisser porter par le récit et les images qui apparaissent devant ses yeux. Surtout qu’Abimana Aryasatya est un très bon acteur, et parvient très bien à faire ressentir l’horreur la plus totale dans son regard livide aux yeux écarquillés, ou le désespoir quand il erre dans l’immeuble en se demandant ce qui lui arrive.

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Quand les réponses commencent à se profiler, par contre, l’intérêt du film fond comme neige au soleil. Alors que le spectateur parvient à recomposer le puzzle, ce qui se révèle à ses yeux ne mérite finalement pas le détour. Le spectateur plonge lentement dans un thriller psychologique et manipulateur on ne peut plus basique et prévisible. Bourré de poncifs et de clichés, le film continue à dérouler son histoire, avec une lenteur on ne peut plus exaspérante, surtout que le spectateur a compris depuis longtemps où il va, et ce bien avant les personnages. Ceux-ci voient chacune de leurs révélations être ponctuées, surlignées par une musique stressante, qui semble crier au spectateur d’être vigilant car quelque chose d’important vient d’être dit. Ainsi, nous avons un peu l’impression d’être pris pour des idiots, d’autant plus que tout ceci n’est pas très intéressant. Ce genre de tic peut être excusé chez un débutant dont il s’agit du premier film, mais ce n’est hélas pas le cas ici.

 Yannik Vanesse

Verdict : Après un début trop référentiel mais intriguant, le film enquille les poncifs, perdant son spectateur en route devant cette histoire peu intéressante et on ne peut plus basique.

Mouais copier

Belenggu, de Upi Avianto, diffusé dans le cadre de la 31ème édition du BIFFF