Samedi 9 : aujourd’hui est le jour de l’entretien avec Sono Sion, que l’on avait déjà rencontré il y a deux ans lors du festival Kinotayo et qui nous avait décontenancés par sa nonchalance et sa faculté à éluder les questions qui ne lui plaisaient pas. Arrivés à l’hôtel Royal Barrière, c’est un Sono Sion ravi d’être là et avide de parler de son dernier né The Land of Hope qui nous accueille. Par Jérémy Coifman.
Il nous parle du nucléaire au Japon, de lobbying pour sauver son pays, de sa lutte politique et de ses projets (dont un Kaigu Eiga et une sorte de Mad Max « 16000 fois plus rapide que le film de Miller ») et il finit par une anecdote incroyable sur ses mésaventures avec une femme suicidaire et un faux mariage. Cela fait plaisir de voir un Sono Sion jouant le jeu de la promotion avec un tel aplomb et un humour omniprésent.
Quelques heures après avoir profité du soleil et de la plage pour un petit répit salvateur, il est temps d’enchaîner avec la cérémonie de clôture qui sacre des films pas forcément appréciés de l’équipe (Apparition et Taboor notamment), mais quand le grand prix est remis à Kamal K.M pour son formidable I.D, notre joie est immense. En plus de réaliser sans conteste le film le plus passionnant visuellement et politiquement, Kamal K.M affiche une humilité incroyable, un amour du cinéma débordant et une gentillesse qui transparaît à chacun de ses mots. C’est tellement rafraîchissant de voir des cinéastes heureux et fiers de recevoir un prix pour leur œuvre (on pense également à l’émotion de Yoo Ji-Tae quand Mai Ratima a reçu son prix).
Le controversé Pietà vient accompagner la cérémonie de clôture et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est loin de laisser indifférent. Encore une fois, beaucoup de gens ont quitté la salle, choqués et retournés par ce qu’ils étaient en train de voir. Malgré toute la violence physique et morale, ce sont bien les scènes d’inceste qui provoquent le plus grand malaise, montrant que c’est bel et bien un sujet qui reste très tabou en France. Le film provoque une réaction forte, toujours violente, quelle soit positive ou non. Entre drame social, drame familial et portrait désenchanté d’une Corée du Sud malade, le dernier Kim Ki-Duk séduit malgré une certaine complaisance et une volonté trop systématique de provoquer le spectateur et le pousser dans ses derniers retranchements.
Mais la surprise du jour est à mettre à l’actif du philippin Brillante Mendoza, qui avec son Thy Womb que l’on n’attendait pas, enchante littéralement. Le film est une tranche de vie sublime, un mélodrame social brillant, nuancé et fort. C’est un festival de couleurs, une succession de tableaux plus magnifiques les uns que les autres, et l’affirmation que Brillante Mendoza est bien un cinéaste majeur de notre temps.
Demain dernier jour de festival, avec le très attendu Shokuzai de Kurosawa Kiyoshi, et comme dirait le grand philosophe Yoda : impatients nous sommes !
Jérémy Coifman.
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