Parler d’un film australien n’est pas dans les habitudes d’East Asia. Cependant, quand Aventi nous propose Blood Money, histoire de guerre entre triades et cartels colombiens, la tentation est trop grande. Alors, Blood Money est-il la série B d’action espérée ? Par Yannik Vanesse.
Il s’agit ici du premier film de Gregory McQualter qu’il produit et scénarise. Soyons honnête immédiatement, le scénario est assez n’importe quoi et part dans toutes les directions. Le spectateur comprend que le héros, Zhou, incarné par Zheng Lui, est un tueur à gages des triades, forcé de travailler pour eux pour éviter que leur chef ne tue sa sœur. Le chef en question s’est engagé, pour une raison obscure, à donner de grosses quantités de drogues à des gangsters de Miami pour qu’ils prennent le contrôle du trafic de drogue de Sydney. À partir de ce moment là, tout devient assez confus, de nombreux gangs se trahissant et s’alliant pour des raisons assez floues. Une jeune femme est au cœur de l’affaire, même si le spectateur a du mal à comprendre pourquoi le chef des triades veut la défendre à tout prix, ni pourquoi Zhou trahit ses commanditaires avant de faire la mission qu’ils lui ont confié, puis de tous les tuer. Zhou, à moitié psychopathe, s’attaque aussi régulièrement à des malfrats passant non loin de lui. On apprend, le temps de quelques flashbacks, qu’il a suivi l’enseignement de Shaolin, mais qu’il a dû quitter le temple à cause de sa violence. Son maître, qu’il reverra à Sydney, est incarné par le grand Gordon Liu, et le rôle lui va comme un gant. Certes, il n’a qu’un petit rôle dans le film, mais l’acteur fétiche de Liu Chia Liang envahit l’écran lors de ses trop rares scènes.
Si scénaristiquement Blood Money laisse perplexe, ce n’est pas forcément un drame, le spectateur se lançant dans le visionnage d’un tel film se moque souvent du scénario. Et s’il est difficile de prétendre que Blood Money est un bon film, il reste un plaisir coupable des plus distrayant. La réalisation est poseuse, à base de ralentis, de gros plans et de replays, et la bande-son cool et tapageuse. En effet, les scènes d’action se font aux rythme de techno et de guitare électrique et le spectateur a aussi droit à plusieurs morceaux de gangsta rap – le rappeur Pitbull fait même partie du casting dans son propre rôle. De jolies demoiselles peu vêtues dansent régulièrement au son des rappeurs (certaines scènes donnent franchement l’impression d’être dans un clip de r’n’b) et des gangsters très très méchants complètent le tableau.
Au niveau des personnages, là encore il faut oublier toute subtilité. Les gangsters ont les têtes de l’emploi (et souvent les muscles qui vont avec), fument des gros cigares en fronçant les sourcils, et débitent phrases badass sur phrases badass (à côté, les dialogues de La Horde sonnent fleur bleue). C’est tellement gros que cela prête régulièrement à sourire, mais le résultat n’est cependant pas ridicule et crée une ambiance gentiment nanar qui colle bien à l’univers. Bref, le résultat est très plaisant.
Bien évidemment, le gros du métrage représente les scènes d’action. Gunfight, explosions et combats à mains nues sont légion et variés, évitant ainsi l’ennui. Aucun véritable tunnel dialogué, mais beaucoup de combats, et l’amateur du genre sera servi. Si les explosions sont terriblement mal faites, les gunfight sont sanglants et sauvages, et les combats d’arts martiaux sont impressionnants. Si Zheng Lui n’est pas un bon acteur, il est un phénoménal artiste martial, certaines scènes, en plans larges, prouvant qu’il bondit et frappe sans aucune aide, de manière ahurissante. Les combats sont violents, sauvage, et parfois très beaux, comme ce combat contre de vils violeurs sous la pluie. Le seul regret vient de Gordon Liu, qui nous offrira un duel, hélas trop court – mais superbe !
Yannik Vanesse
Verdict : Si Blood Money est loin d’être du grand cinéma, il reste un spectacle délicieux pour l’amateur de plaisir coupable. Plein de bruit et de fureur, il possède un univers gentiment portnawak (même les explosions ratées finissent par se transformer en qualité) émaillé de nombreux combats particulièrement réussis.
Blood Money, disponible en DVD et Blu-ray chez Aventi depuis le 19/02/2013.