Terracotta nous permet de découvrir un thriller coréen. Présenté comme inspiré par Old Boy, chef-d’œuvre s’il en est, que vaut donc cet intrigant Desire To Kill, retitrage de Enemy At The Dead End ? Par Yannik Vanesse.
Owen Cho et Sang-hwa Kim sont les deux réalisateurs de ce film, qui est leur premier long métrage. Il raconte l’histoire d’un homme presque entièrement paralysé dans un petit hôpital qui cherche par tous les moyens à se suicider. Ses désirs changent du tout au tout quand un autre patient arrive dans sa chambre. Paralysé lui aussi, il est amnésique. Cependant, notre suicidaire se rappelle très bien de lui, puisqu’il est le meurtrier de la femme qu’il aime. S’ensuit une course au rétablissement, pour avoir assez de force pour tuer le vil meurtrier.
Derrière cette histoire assez simple se cache un scénario plus complexe qui se dévoilera au fur et à mesure, les personnages n’étant pas totalement ce qu’ils paraissent, et l’amnésie s’écartant, révèle de bien sombres souvenirs.
Pendant un long moment, le spectateur se demande s’il n’est pas dans un rêve ou dans une sorte de purgatoire. En effet, l’hôpital paraît bien étrange. Une falaise et l’océan en déterminent les limites, comme si ses habitants ne pouvaient finalement aller bien loin. Le personnel et les patients semblent passionnés au-delà du raisonnable par le baseball, à tel point que, quand un match est programmé, tous se précipitent en salle de projection, abandonnant ses tâches. L’infirmière qui s’occupe des deux patients cherchant à s’entretuer, et qui ne remarque jamais leur manège, paraît dévouée au plus haut point, ange de lumière cherchant à protéger les deux blessés, tandis que le mystérieux docteur Paik, qui dirige le service, agit tel un démiurge aux motivations inconnues.
Ainsi, dans ce purgatoire fictif, deux personnes s’ébattent, cherchent à comprendre, à recouvrer mémoire et facultés et, surtout, à tuer son pire ennemi, qui est aussi une des rares personnes à qui chacun peut parler. L’histoire est ainsi très intéressante et la filiation avec Old Boy plutôt bien trouvée. Le spectateur, en haleine, attend de voir le scénario progresser pour comprendre, se questionnant sur la réalité de ce qu’il voit, se demandant même si les deux patients existent. Seul le dénouement permet de comprendre enfin tous les enjeux, et les raisons de ces manipulations, et ces révélations sont glaçantes, achevant, au terme d’un combat sanglant, de plonger le film dans la noirceur la plus totale. Et pourtant, un court épilogue ouvert arrachera les ailes du seul ange du film, le plongeant dans l’enfer sombre et étouffant qui saisit tous ces personnages, en un travelling tétanisant qui risque de hanter plus d’un spectateur.
Mais Desire To Kill est aussi un film avec deux personnes paralysées sur des lits d’hôpital. Et, même avec un excellent scénario, de bons acteurs et une bonne réalisation – ce qu’a le métrage – , il subsiste de nombreuses longueurs, dues au peu d’activités de ses protagonistes. Ces derniers, cependant, en déployant une ingéniosité parfois presque cartoonesque dans les plans pour tuer son voisin, font souvent basculer le film dans un certain surréalisme, ou ajoutent une touche d’humour délicieusement noire à l’ensemble.
En ce qui concerne les bonus, Terracota met à la disposition des spectateurs un making-of à vrai dire peu utile. Il n’est pas promotionnel, mais montre simplement les acteurs jouer quelques scènes, et le réalisateur les filmer, ainsi que quelques séquences proches d’un bêtisier. À cela s’ajoute l’interview de deux acteurs, qui résument leur personnage, expliquent quelque peu le film et disent ce qu’ils pensent des réalisateurs. Ces deux interviews sont hélas des plus anecdotiques et n’éclairent que peu notre perception du film.
Yannik Vanesse.
Verdict : Desire To Kill est parfois long mais, grâce à une histoire très intéressante, un peu d’humour et une noirceur jusqu’au-boutiste, il permettra aux amateurs de polars extrêmes de passer un très bon moment.
Desire To Kill, disponible en DVD import chez Terracotta depuis le 20 août 2012.