Tokyo Burnout (Wangan Midnight) de Atsushi Muroga (DVD)

Posté le 28 septembre 2012 par

En 2009 sortait au Japon le film Wangan Midnight, adaptation du manga éponyme de Michiharu Kusunaki et décliné en jeu vidéo sur plusieurs plateformes (PS2, PS3 et PSP). Trois ans plus tard, Elephant Films décide de nous faire découvrir ce long métrage sur le monde du drift japonais au public français, friand des films de courses automobiles comme Speed Racer des frères Wachowski, Thunderbolt pilote de l’extrême avec Jackie Chan au volant et Cars de Pixar pour la jeune génération. Une entreprise bien vaine tant le retard cinématographique japonais sur ce type de film est immense. Par Julien Thialon.

Réalisé par Atsushi Muroga (Junk, Score, saga Gun Crazy), Tokyo Burnout (titre au nom sans grand rapport avec l’original mais bien plus accrocheur il est vrai) nous conte l’histoire d’Akio Asakura, lycéen de 18 ans interprété par Yuichi Nakamura (Gokusen 2, Last Mail 2, Moyashimon), véritable passionné d’automobiles à grands chevaux, qui va tomber fou amoureux d’une Fairlady Z presque détruite dans une casse. Il l’achète illico et la retape à l’aide d’un ami garagiste, n’hésitant pas à redoubler pour accumuler les petits boulots afin de pouvoir conduire la belle à pleine vitesse sur la baie de Tokyo.

Il apprendra par la suite que cette jolie cylindrée possède une sordide histoire : chacun de ses propriétaires a été victime d’un crash… dans le meilleur des cas. Le dernier en date n’est autre qu’un parfait homonyme qui était le meilleur ami du très froid Tatsuya Shima (Kazuki Kato, connu pour ses rôles dans Kamen Rider), chirurgien de son statut et conducteur de la légendaire automobile Black Bird, une autre Nissan Fairlady, avec qui Akio a terriblement envie de se confronter, qu’importe la malédiction. Entre ses deux chauffards, la sœur de la défunte victime, jouée par Ryoko Kobayashi (Hinokio, Code Blue 2, RUN60), essaie tant bien que mal de « remettre les compteurs à zero ».

Akio, tombant amoureux des restes de la maudite FairLady Z.

Avant même d’émettre une critique constructive, je vous conseille, non, je vous supplie de visionner le film dans sa version originale, même à ceux qui trouvent agaçant de lire tout en regardant. J’ai rarement vu un doublage aussi catastrophique et c’est un euphémisme. On dirait vraiment des voix sorties de séries d’animation comme GTO et absolument aucune ne colle aux personnages quels qu’ils soient. Ceci étant dit, arrêtons nous d’emblée sur ce qui attire les fans : les courses automobiles. Verdict presque implacable : une suite de plans tellement répétitifs qu’on en fait vite une overdose. Plan fixe sur conducteur ou passager, le levier de vitesse, la route et enfin d’un semblant effet de vitesse mal exécuté : tel est le sort que nous réserve le réalisateur pendant une bonne partie du métrage. Un manque de dynamisme certain qui n’apporte aucune dose d’adrénaline promise. Il faut attendre une bonne heure de route avant d’avoir un bon split screen, apportant enfin fraîcheur et sensations. Au final, le film est en somme trop réaliste pour plaire à un public réclamant de véritables crashs à la Flatout.

L’un des indénombrables plan fixe au visage placide, presque sans vie.

On ose espérer que le scénario et les acteurs principaux naviguant autour vont sauver le film du naufrage mais trop rares sont les instants où les acteurs arrivent à hausser leur niveau de jeu, restant désespérément froid et apathique, comme pour le anti-héros Kazuki Kato tandis que Yuichi Nakamura s’enferme dans son innocence, peinant énormément à extérioriser sa passion et sa détermination tel un Paul Walker ou Vin Diesel dans la saga Fast and Furious. Heureusement, dans sa dernière demi-heure, Ryoko Kobayashi tire son épingle du  jeu, apportant fraîcheur et originalité à un scénario jusque-là trop linéaire, soporifique, prévisible et déjà vu maintes et maintes fois.

Toutefois, quelques points positifs viennent contrebalancer le jeu platonique des acteurs principaux et les courses automobiles ennuyantes. Tout d’abord, les protagonistes secondaires féminins ont hérité d’un casting efficace à la beauté plastique non allumeuse, denrée devenue rare dans nos contrées. La présence de Rio Matsumoto en tant que mannequin fan de street racing et de l’enseignante inquiète de l’absence de son élève sont des histoires annexes non dénuées d’intérêt mais qui ne font guère avancer le scénario principal. Il est vraiment dommage que le réalisateur les cantonne à une position de spectatrice dans le duel des Nissan que dans le feu de l’action. Ceux de la gente masculine respectent quant à eux la ligne de conduite japonaise : jeu exagéré mais drôle.

La belle Rio Matsumoto jouant le rôle de Reina Akikawa.

La bande originale constitue l’un des points forts du film de par sa variété des registres utilisés. On croit deviner aisément que le rock y tient la dragée haute mais Atsushi Muroga arrive avec brio à incrémenter des partitions de piano, dance/techno et même de jazz, donnant une certaine grâce irréaliste aux déambulations des carrosseries sur le bitume tokyoïte. La partie bonus est également de grande facture. Outre les traditionnelles bandes-annonces des autres longs métrages de l’éditeur et liens internet, on y trouvera un making of très intéressant de près d’une heure présentant les différents bolides ainsi que les moyens mis en œuvre de manière artisanale ou technologique pour de nombreuses scènes et sous plusieurs angles, le tout sous une voix off accrocheuse et passionnée.

Julien Thialon.

Vous l’aurez compris, Tokyo Burnout ne fait absolument pas le poids en la matière par rapport à la cinématographie américaine. Hormis les musiques et bonus du DVD, on ne peut que vous conseiller de vous consoler avec la relecture d’Initial D ou bien de se tourner vers le manga éponyme et jeu vidéo qui eux, valent le coup d’œil.

Verdict : 

Tokyo Burnout est disponible en DVD depuis le 18/07/2012 chez Elephant Films.

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